Législatives 2022 : Essoufflement, risque de boulettes… Une campagne plus longue et donc plus risquée pour Emmanuel Macron ?
TROISIEME TOUR•La campagne des législatives s'étirera pendant sept semaines, avec le risque pour le président élu de mobiliser contre luiThibaut Le Gal
L'essentiel
- Avec 58,5 % des voix, Emmanuel Macron a remporté la présidentielle face à Marine Le Pen dimanche.
- La classe politique se tourne désormais vers les élections législatives, prévues les 12 et 19 juin prochains.
- Cette campagne de sept semaines s’annonce à hauts risques pour la majorité sortante.
L’élection à peine bouclée, une autre commence. Au lendemain du scrutin présidentiel remporté par Emmanuel Macron, le monde politique se tourne vers la bataille des législatives, les 12 et 19 juin prochains. « Je suis convaincu que les Français donneront au président de la République les moyens d’agir pour les protéger, avec une majorité » à l’Assemblée nationale, a assuré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, ce lundi sur BFMTV. Mais cette campagne, qui s’étirera pendant sept longues semaines (contre cinq habituellement), s’annonce plus piégeuse que prévue pour la majorité.
Un risque d’essoufflement
Les Français accordent traditionnellement une majorité au président de la République fraîchement élu. Mais les quasi deux mois de campagne à venir, entrecoupés par des vacances scolaires et les ponts de l’Ascension et la Pentecôte, pourraient casser la traditionnelle dynamique du résultat présidentiel. « On aura plus de temps. Mais il s’agit d’une réélection donc il n’y aura pas de vague aveugle comme en 2017, où l’image d’Emmanuel Macron permettait à n’importe qui ou presque d’être élu », admet Roland Lescure, député LREM des Français d’Amérique du Nord et porte-parole d’En Marche.
« Ce sera plus fastidieux, on s’y attend et on s’y prépare. Cette majorité, il faudra aller la chercher », abonde Saché Houlié, député LREM de la Vienne. « Cette campagne sera plus longue et coupée par des jours fériés. Ce sera notre boulot et notre responsabilité de mobiliser, de répondre au défi démocratique avec la nouvelle méthode annoncée par le président », ajoute-t-il.
Déjà une boulette sur le 49-3
Dès son premier jour, la campagne de la majorité sortante s’est ouverte sur une polémique. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire n’a pas exclu l’idée, ce lundi matin, d’un passage en force pour l’explosive réforme des retraites, via le recours au 49-3. « Je ne peux pas donner cette garantie, je ne le souhaite pas, ça c’est certain », a-t-il estimé sur Franceinfo. Une phrase suffisamment ambiguë pour déclencher la colère des oppositions et entraîner un rétropédalage de la majorité. « Ce n’est pas une erreur, c’est une fausse information. Ce n’est ni envisagé, ni souhaitable », balaie Sacha Houlié.
La controverse montre que les sept longues semaines de campagne ne seront pas de tout repos pour la majorité. Le traditionnel « état de grâce » du chef de l’Etat est donc plus que jamais menacé. « Il y a toujours un risque, ça ne dépend pas de la durée de la campagne. On se souvient de la TVA sociale de Jean-Louis Borloo en 2007, au soir du premier tour des législatives… », ajoute Houlié. Le ministre de Nicolas Sarkozy avait annoncé ce soir-là une hausse de la TVA à la surprise générale, ce qui aurait provoqué, selon certains élus de droite, une perte de 80 sièges à la majorité.
L’opposition a plus de temps pour s’organiser
Cette campagne offre également plus de temps aux oppositions pour se mobiliser, travailler leur stratégie et peaufiner les alliances. A gauche, le dialogue semble ainsi bien parti pour trouver des candidatures communes. Fort de ses 22 % au premier tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon rêve déjà de Matignon pour juin prochain. Marine Le Pen espère également imposer une cohabitation à Emmanuel Macron.
« Il y a un côté mauvais perdant chez eux, et une volonté d’hégémonie de leur propre camp », siffle Sacha Houlié. « C’est vrai qu’il s’agit d’un troisième tour. Car pour bien présider, il faut bien gouverner, et donc avoir une majorité. Ce qui me gêne un peu, c’est qu’ils semblent mettre en doute la légitimité du président élu », avance Roland Lescure. Selon deux sondages parus dimanche, une majorité de Français ne souhaiterait pas qu’Emmanuel Macron remporte les prochaines législatives.
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