REPORTAGEAu QG du RN, les militants entre désillusion et ressentiment

Résultats présidentielle 2022 : « Il y a eu une cabale contre nous »... Au QG du RN, les militants entre désillusion et ressentiment

REPORTAGELes partisans de Marine Le Pen s'étaient réunis ce dimanche soir à l'ouest de Paris pour suivre la soirée électorale
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Emmanuel Macron a été réélu dimanche à la présidence de la République avec environ 58 % des voix face à Marine Le Pen (environ 42 %).
  • Les partisans de la candidate du Rassemblement national étaient rassemblés ce dimanche soir à l’ouest de Paris.
  • Les militants ont accueilli la défaite de leur candidate entre désillusion et espoirs pour les législatives.

Il est bientôt 20 heures, le champagne est au frais. Les militants du Rassemblement national sont réunis au bucolique pavillon d’Armenonville, au bois de Boulogne, à l’ouest de Paris pour la soirée électorale. « Ça va être serré, mais je crois que Marine Le Pen peut gagner, espère Denise. Je ne veux pas me farcir Macron pendant encore cinq ans, ce serait un cauchemar », souffle la retraitée, un verre à la main.

Le vin blanc et les petits fours ont du succès. Ça discute par petits groupes, mais sans euphorie, comme si le résultat était déjà entendu. Plus qu’une minute, la tension monte d’un cran. Les visages se tendent et fixent les écrans de télévision. Douche froide : le visage d’Emmanuel Macron apparaît.

« On a progressé, ce n’est pas une défaite »

Le président de la République sortant est réélu avec plus de 57 % des voix. Quelques huées se font entendre, mais timidement, pour la forme et les nombreuses caméras. Ce dimanche soir, même dans la défaite, le cœur n’y est qu’à moitié. « Je ne suis pas spécialement déçue. J’ai surtout de la peine pour les gens rencontrés sur le terrain pendant la campagne, les retraités, les étudiants, ceux qui vont avoir des difficultés de pouvoir d’achat », souffle Marie Tassiers. « Nos voix sont réelles, contrairement à celles de Macron, qui pour beaucoup n’est pas un choix de conviction. Je suis fière de Marine, c’est une femme courageuse », ajoute la militante de 22 ans, venue de Nice.

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« Macron s’est caché derrière le Covid-19, puis la guerre en Ukraine, qu’il a dramatisée. Ça a un peu faussé le débat politique. Mais on est à plus de 42 %, on n’a jamais été aussi haut, c’est bien. On a progressé par rapport à 2017 [33,90 % au second tour] dans ce contexte difficile. Ce n’est donc pas une défaite, on a fait une belle campagne, on s’est recentré sur un programme cohérent », avance Philippe. « L’avenir est devant nous », ajoute-t-il. Avec ou sans Marine Le Pen ? « Ça, il faut lui demander », sourit le responsable RN dans le Val-d’Oise.

« Il y a eu une cabale contre Marine Le Pen »

La candidate du Rassemblement national arrive justement sur la petite estrade. Ses soutiens lancent des « Marine ! Marine ! Marine ! » en agitant des drapeaux tricolores. La prétendante à l’Elysée parcourt la salle des yeux, visiblement fatiguée et émue. « Le résultat de ce soir représente en lui-même une éclatante victoire », lance-t-elle. Malgré cette troisième défaite de suite à une présidentielle, la députée du Pas-de-Calais de 53 ans rassure les siens. Elle dit poursuivre son « engagement pour la France et les Français » et lance « dès ce soir la grande bataille électorale des législatives », prévues en juin prochain. La foule exulte et chante une Marseillaise a cappella. Marine Le Pen s’éclipse rapidement.

Dans la salle, on cherche des explications, accusant Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, ou les journalistes. « Tous les médias se sont liés pour la démolir, il y a eu une campagne de dénigrement du monde médiatico-politique, des artistes et des sportifs… », s’agace Annika Bruna, eurodéputée RN. « Au soir du premier tour, il y a une cabale de diabolisation, un déferlement de haine à l’encontre de Marine Le Pen abonde Rémi. Macron nous a maltraités, en multipliant les insultes, Darmanin a dit que les pauvres allaient mourir si on était élus. Les journalistes ont travesti son programme en disant qu’on voulait sortir de l’Europe, tout ça n’est pas sérieux », peste l’enseignant du secondaire.

Comme lui, certains évoquent dès ce soir la nécessité de « rassembler tous les patriotes pour gagner les législatives ». D’autres préfèrent célébrer avec du champagne le score historique du Rassemblement national à un scrutin présidentiel. Mais la cuvée « Marine présidente », débouchée ce dimanche soir, n’a jamais aussi mal porté son nom.

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