MATIGNONQuel Premier ministre pour le nouveau quinquennat Macron ?

Présidentielle 2022 : Qui sera le Premier ministre du nouveau quinquennat Macron ?

MATIGNONSi le résultat de la présidentielle ne change pas le locataire de l’Elysée, une nouvelle personne est attendue à Matignon
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • La question du président est maintenant réglée, avec la victoire d’Emmanuel Macron ce dimanche soir. Le prochain suspense concerne donc le futur Premier ministre.
  • Jean Castex a annoncé qu’il présenterait sa démission, et un nouveau pensionnaire pourrait arriver à Matignon.
  • Alors, qui s’apprête à codiriger la France ? 20 Minutes vous présente les candidats potentiels.

Action, réaction. Emmanuel Macron a donc été réélu président de la République ce dimanche soir et restera cinq années de plus à l’Elysée. Jean Castex, lui, s’apprête à plier bagage de Matignon. Le Premier ministre a annoncé en amont du scrutin qu’en cas de victoire du candidat En Marche, il présenterait la démission de son gouvernement. Un « usage républicain », selon ses termes, qui pourrait laisser place à un successeur.

Au revoir donc – sans doute - accent chantant, territoires et annonces de couvre-feu trimestriel. Et si le nom du prochain chef du gouvernement n’est pas encore connu, des favoris se dégagent. Alors, qui va signer au FC Matignon ? 20 Minutes fait le point sur les options les plus probables de ce mercato politique.

Elisabeth Borne, la technicienne

Les points forts : Les compétences de l’actuelle ministre du Travail, pour commencer : « Elisabeth Borne est une excellente technicienne avec une grande maîtrise des sujets », note Pascal Delwit, professeur de Sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles. Son orientation politique, clairement de droite assumée, peut aussi convenir à quelques semaines des élections législatives : « Lors de la présidentielle, trois blocs se sont distingués lors du premier tour : 35 % des voix à droite, 32 % à l’extrême droite, et 30 % pour tout ce qui est gauche. Il est donc logique, au vu des législatives, de partir sur une Première ministre marquée à droite », appuie le politologue.

Enfin, Elisabeth Borne est une femme, « Emmanuel Macron a déclaré vouloir insuffler un nouveau souffle à la démocratie, et a remis l’égalité hommes-femmes comme priorité du quinquennat », note Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof et spécialiste de la politique. Une seule femme a pour le moment été Première ministre en France. Edith Cresson, il y a trente et un ans.

Là où ça peut pécher : La ministre a le défaut de ses qualités : « Elle est trop technicienne et pas assez politique », note Bruno Cautrès. Même analyse chez André Fazi, maître de conférences en Sciences politiques à l’Université de Corse : « Elisabeth Borne manque de surface politique personnelle pour assumer un poste très compliqué, la bataille des législatives est loin d’être gagnée, et cela demande de l’expérience. »

Julien Denormandie, l’étoile montante

Les points forts : Attention, l’actuel ministre de l’Agriculture est un gros favori. Selon nos trois spécialistes, il coche pas mal de cases : rompu à la politique, l’un des premiers soutiens d’Emmanuel Macron depuis le début, reconnu et pour sa loyauté et pour son travail au ministère de l’Agriculture – « Il est très apprécié des agriculteurs », reconnaît Bruno Cautrès –, avec un profil jeune (41 ans).

De plus, il est peu connu du grand public, ce que semble aimer Emmanuel Macron au vu de ses précédents choix de second homme du pouvoir, Edouard Philippe et Jean Castex. « Si Emmanuel Macron veut continuer une politique Jupitérienne, cela peut être un argument de choix », estime Pascal Delwit.

Là où ça peut pécher : Une figure montante, certes, mais pas encore un taulier : Julien Denormandie pourrait souffrir de sa jeunesse face à l’enjeu des législatives. André Fazi : « Il pourrait ne pas être assez rompu à la politique pour ce combat spécifique, sans compter qu’Emmanuel Macron devrait en finir avec l’idée d’un faire-valoir comme Premier ministre. Il ne peut plus se représenter en 2027, et s’il veut laisser un héritage en politique et que son parti lui survive, il a tout intérêt à trouver un vrai successeur et non un Jean Castex bis ».

Richard Ferrand, le vieux briscard

Les points forts : Ancien membre du Parti Socialiste, Richard Ferrand peut être une option pour séduire les électeurs de gauche lors des législatives. Sa loyauté envers Emmanuel Macron n’est plus à démontrer, lui qui a eu plusieurs postes dans son équipe depuis 2016. Connu, réputé, Richard Ferrand peut-il faire la différence ?

Là où ça peut pécher : Richard Ferrand aurait pu fonctionner… il y a cinq ans, mais il semble avoir loupé le train en marche, selon André Fazi : « En 2022, qui considère encore Richard Ferrand comme un homme de gauche ? Il est étiqueté Macron et ne convaincra aucun électeur. En plus, il n’incarne en rien un renouveau politique ou un second souffle, indispensable pour le début du quinquennat. »

Gérald Darmanin, l’ailier droit

Ses points forts : Jeune (39 ans), ayant fait le plupart de sa carrière politique sous le quinquennat Macron (ministre de l’Action et des Comptes publics entre 2016 et 2020, puis à l’Intérieur depuis bientôt deux ans), Gérald Darmanin possède nombre de qualités pour le poste : « Il est clairement à droite, ce qui peut faire pencher la balance pour les législatives. C’est un homme de terrain, qui a su gérer intelligemment la situation en Corse notamment, qui est souvent envoyé dans les débats », note André Fazi, qui le voit comme favori grâce à ce mélange d’expérience et de jeunesse.

Là où ça peut pécher : Le ministre reste clivant, et peut-être « trop » à droite pour les législatives. Si les accusations de viol à son encontre ont abouti à des non-lieux, elles restent dans les esprits, et une nomination à Matignon pourrait être très mal perçue, estiment nos experts.

Jean-Luc Mélenchon, l’ailier gauche surprise

Ses points forts : Aux yeux d’Emmanuel Macron, sans doute peu. Un poste de Premier ministre pour le leader de La France Insoumise ne viendrait qu’en cas de succès franc de LFI et de la gauche en général aux législatives, forçant le président à laisser Matignon à un membre de cette coalition. Une hypothèse auquel croit Jean-Luc Mélenchon, qui a déclaré vouloir faire des législatives un « troisième tour à la présidentielle » devant lui permettre d’accéder au poste de Premier ministre.

Là où ça pourrait pécher : Le côté « politique science-fiction » de cette théorie. Pascal Delwit nous ramène sur Terre : « LFI est très loin d’avoir gagné. Le parti a fait 22 % au premier tour de la présidentielle, loin d’être suffisant pour écraser les législatives, une élection qu’ils réussissent peu. Ils n’ont aucun maire, aucun président de région et très peu de députés connus. Et même s’ils l’emportent, Mélenchon a tort : ce ne sont pas les législatives qui élisent un Premier ministre ». Fermez le ban.

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