REPORTAGEA Hénin-Beaumont, Marine Le Pen affiche « le calme des vieilles troupes »

Présidentielle 2022 : A Hénin-Beaumont, Marine Le Pen affiche « le calme des vieilles troupes »

REPORTAGELa candidate du Rassemblement national était en déplacement mardi sur un marché dans son fief du Pas-de-Calais
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Marine Le Pen était mardi matin en déplacement sur un marché d’Hénin-Beaumont, dans son fief du Pas-de-Calais.
  • La candidate du Rassemblement national, qui distance son rival Eric Zemmour dans les sondages, a affiché sa sérénité.
  • Mais à quelques jours du premier tour, l’élue du Pas-de-Calais craint une faible mobilisation de son électorat, à l'image des régionales de 2021.

De notre journaliste à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais)

Un gros bus est garé devant le petit marché. Il est 9 heures, ce mardi, le bistrot d’Hénin-Beaumont se remplit. On vient boire un café en remplissant des grilles de Loto. A quelques mètres de là, sur la place de la République, des curieux s’attroupent, intrigués par le véhicule bleu à l’effigie de Marine Le Pen. La candidate du Rassemblement national à la présidentielle arrive une heure plus tard en berline sombre. « Salut les enfants ! Je ne vous embrasse pas, car j’ai la crève », dit-elle à Steeve Briois, le maire RN de la commune, et à ses soutiens. Avant une émission télé depuis Hénin-Beaumont dans la soirée, la députée du coin s’offre une déambulation ensoleillée, et sans risque, dans son fief du Pas-de-Calais.

Bus de campagne de Marine Le Pen.
Bus de campagne de Marine Le Pen. - TLG/20Minutes

« On a toujours gardé le calme des vieilles troupes »

« Ah Marine ! Ça fait longtemps… », lance un marchand de fruits. « Eh oui, ça fait longtemps, mais on fait toute la France », réplique-t-elle. Une fleuriste lui offre un bouquet de jonquilles – « Ah ! Ça, c’est le printemps ! » –, des jeunes se pressent pour un selfie, une petite dame l’interroge même sur la santé de ses chats. « Marine, on la connaît bien, elle fait partie des meubles. Elle, au moins, se déplace auprès des gens, car ici, on ne voit pas beaucoup de politiques… », souffle Florian, jeune bardeur de 28 ans. La candidate est en terrain conquis dans cette ancienne cité minière, où le RN a récolté plus de 56 % des voix au premier tour des dernières élections régionales.

Un terrain idéal pour mettre en scène sa bonne dynamique de fin de campagne. L’ex-avocate, longtemps inquiétée par Eric Zemmour, le devance désormais de six à dix points dans les sondages et conforte sa place au second tour. « On a toujours gardé le calme des vieilles troupes, assure Arnaud de Rigné, élu RN de Carvin, une commune voisine. Marine Le Pen s’est toujours montré sereine, la fin de campagne lui donne raison, notamment d’avoir insisté sur le pouvoir d’achat, préoccupation majeure des Français. »

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Le service de sécurité se montre soudain plus vigilant. Un groupe de militants d’Eric Zemmour est sur le chemin. L’un d’eux tente d’offrir un tract programmatique à Marine Le Pen. « Euh, on le connaît ! », balaie-t-elle sans s’arrêter. La candidate se permet plus tard d’ironiser sur la proposition de son rival identitaire, la veille, de créer un « ministère de la remigration ». « Je pensais qu’il avait abandonné ce concept. Bon, il le reprend, ça doit être lié à une situation électorale plus compliquée qu’il ne l’espérait », grince-t-elle, bien heureuse d’apparaître une fois encore – et malgré des propositions très proches – moins radicale que son adversaire.


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« Le risque » de l’abstention pour l’électorat RN

« Nous avons connu trois écueils dans cette campagne : l’arrivée imprévue d’Eric Zemmour, la montée de Valérie Pécresse fin décembre après la primaire LR, et la guerre en Ukraine, qui a favorisé le président sortant. On a eu des moments difficiles, mais tout ça est passé », veut croire Steeve Briois. Dans la dernière ligne droite, Marine Le Pen veut désormais s’éviter toute sortie de route. Elle prend ainsi le soin d’éteindre un début de polémique après avoir déclaré qu’elle n'avait pas d'« admiration » pour Volodymyr Zelensky. « J’ai dit qu’il défendait avec énergie son pays, mais que le patriotisme ne devrait pas susciter l’admiration. Car moi aussi, j’ai le patriotisme dans les veines », dit-elle, assurant qu’elle serait finalement bien présente à l’Assemblée ce mercredi pour écouter le président ukrainien.

Mais malgré le calme affiché, un défi reste à relever. Dans cette étrange campagne, l’abstention menace son électorat. « C’est un risque, évidemment. Les jeunes et les classes populaires sont ceux qui s’abstiennent le plus. Nous avons énormément d’électeurs mais une partie s’est abstenue aux régionales et la victoire nous a échappé. Nous allons donc mobiliser jusqu’à la dernière heure », assure Marine Le Pen. A plusieurs reprises, sur le marché, la candidate tente d’ailleurs de bousculer les personnes indécises. « Nous, on peut faire beaucoup de choses, mais pas sans que les gens se déplacent pour voter. »