Présidentielle 2022 : A Toulon, Marion Maréchal à la rescousse d’Eric Zemmour
REPORTAGE•En difficulté depuis l’irruption dans la campagne de la guerre en Ukraine, le candidat identitaire a reçu ce dimanche lors d’un meeting à Toulon le soutien de l’ancienne députée du Front nationalThibaut Le Gal
L'essentiel
- Depuis le début de la guerre en Ukraine, Eric Zemmour est en baisse dans les sondages.
- Le candidat identitaire était ce dimanche en déplacement à Toulon pour une visite d’un marché et un meeting.
- L’ancien polémiste a reçu le soutien sur scène de l’ex-députée FN Marion Maréchal.
De notre journaliste à Toulon,
Sous un soleil timide, une petite troupe l’attend impatiemment. Il n’est pas encore midi, Eric Zemmour déboule sur le marché provençal du Mourillon, au sud de Toulon. Empêtré dans les polémiques sur la guerre en Ukraine, le candidat à la présidentielle 2022 s’offre ce dimanche un bol d’air frais sur la côte méditerranéenne. A peine descendu de sa berline, le patron du parti Reconquête ! est avalé par une horde de journalistes et de curieux.
Il esquive d’emblée les questions sur son érosion sondagière depuis l’invasion russe et balaie les critiques de ses adversaires, qui l’estiment « disqualifié » par son ancien attrait de Vladimir Poutine. « Je ne vais pas répondre comme ça sur un marché. Vous savez, les gens qui disent que je suis disqualifié ont dit la même chose que moi pendant des années [sur la Russie], alors il faudrait qu’ils regardent un peu chez eux », lâche-t-il entre deux selfies.
« Elle est où Marion ? »
Ce dimanche matin, Eric Zemmour ne veut pas s’appesantir sur le sujet, car son refus d’accueillir des réfugiés ukrainiens a fait jaser jusque dans son propre camp. Peut-être ne veut-il pas trop s’épancher non plus sur les révélations du Monde et du JDD ce week-end à propos de ses anciens liens avec Vladimir Iakounine, un proche du Kremlin. Le candidat identitaire préfère échanger sur les fraises, les clémentines ou le fromage qu’il goûte lors de sa déambulation. Un marchand l’interpelle sur la perte d’une AOP.
« Moi, je veux tout reconquérir, même la meule de Savoie », répond-t-il amusé. Beaucoup se pressent pour saluer ou embrasser l’ancienne star de CNews. Mais un peu à l’écart, une dame âgée s’inquiète. « Elle est où Marion ? ». Car Eric Zemmour est en Provence-Alpes-Côte d’Azur, ce dimanche, aussi pour mettre en scène le ralliement annoncé de Marion Maréchal, ex-Le Pen, à sa campagne. L’événement est prévu quelques heures plus tard, lors d’un meeting au Zénith.
« Je ne vais pas vous mentir, il fut difficile de prendre cette décision »
L’honneur d’annoncer la transfuge est laissé à Philippe de Villiers en fin d’après-midi, devant quelque 8.000 personnes. « Dans ce duel avec Emmanuel Macron, il y a une surprise, elle arrive ! Imaginez une silhouette, elle est blonde comme une sirène, elle est belle, de droite et conquérante. Elle a choisi la Provence, les cigales, la lavande et le romarin. Elle a choisi Toulon. Elle a choisi Zemmour ! », lance l’ex-secrétaire d’Etat et patron du Puy-du-Fou. Les militants chauffés à blanc sont debout, drapeaux français en main.
Après cinq ans d’absence, l’ancienne députée du Front national fait son grand retour politique dans l’espoir de relancer la campagne du candidat identitaire, qui a repris sa stratégie « d’union des droites ». « Je ne vais pas vous mentir, il fut difficile de prendre cette décision. Mon passé politique, mes responsabilités professionnelles, mes liens familiaux, n’ont pas rendu ce choix évident. Mais il y a cinq ans je suis partie avec un sentiment de découragement, avec l’impression que nous étions les idiots utiles de la sauvegarde du système », dit-elle d’emblée.
« Je crois de nouveau la victoire possible. Eric Zemmour est le mieux placé dans cette élection, ce n’est pas une question de sondages, mais la politique est une dynamique, ce sont des passerelles qui se construisent, c’est une compétence qui s’affirme », ajoute-t-elle, alors que sa tante Marine Le Pen est la mieux placée dans les derniers sondages.
« Ma chère Marion, j’ai toujours eu l’intuition qu’un jour nous allions nous battre ensemble »
Quelques minutes plus tard, Eric Zemmour prend la relève sur l’estrade. Il étrille ses adversaires et rectifie sa position sur les réfugiés ukrainiens. Ceux qui « préfèrent venir en France, par exemple parce qu’ils y ont des attaches ou sont francophones, il faut les accueillir le temps que les bombardements cessent ». Mais le candidat est surtout très heureux de présenter sa nouvelle alliée. « Ma chère Marion, nous nous connaissons depuis si longtemps, j’ai toujours eu l’intuition qu’un jour, nous allions nous battre ensemble pour la France. Marion, que toute la droite attendait, et c’est nous qui l’accueillons. Que toute la France voulait entendre, et c’est ici qu’elle parle. Que tous les patriotes aiment, et c’est nous qu’elle rejoint ! ».
L’ancien éditorialiste du Figaro sait qu’elle peut lui être utile dans la guerre fratricide qu’il mène avec Marine Le Pen pour se qualifier au premier tour. Samedi, la candidate du Rassemblement national a préféré ironiser sur le ralliement de sa nièce : une « bouée de sauvetage » d’une campagne « en train de s’effondrer ».