Présidentielle 2022 : Après le transfert retentissant d’Eric Woerth, on fait le point sur le mercato politique
CAMPAGNE•A deux mois du premier tour de la présidentielle, les candidats tentent d’attirer dans leur équipe des renforts de poids pour le sprint finalThibaut Le Gal
L'essentiel
- Cette campagne électorale est marquée par de nombreux transferts entre les différents candidats.
- La Macronie a recruté cette semaine Eric Woerth, l'ex ministre du Budget de Nicolas Sarkozy.
- A deux mois du premier tour, 20 Minutes fait le point sur les récents transferts et les folles rumeurs qui agitent ce mercato politique.
Un mercato de folie. A deux mois du premier tour de l’élection présidentielle, les partis tentent encore d’attirer dans leur équipe des renforts de poids pour le sprint final de la campagne. Ces dernières heures, la Macronie a réussi un joli coup en recrutant Eric Woerth, ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy et président (LR) de la Commission des finances de l’Assemblée nationale.
Jusqu’ici, les partis se sont montrés actifs sur le marché des transferts, notamment du côté de Reconquête. Eric Zemmour a ainsi pris un malinplaisir à se renforcer chez ses concurrents directs, alors que les formations historiques peinent à attirer de nouveaux talents. Fins de contrat, renforts de poids, retour de blessure… On fait le point sur ce mercato hivernal.
Le gros coup du mercato : Eric Woerth
Depuis quelques semaines, les rumeurs enflaient autour de l’avenir d’Eric Woerth au sein de LR. C’est désormais acté : l’ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy a signé en Macronie. Le député de l’Oise a confié au Parisien ne pas se retrouver dans le projet de jeu de Valérie Pécresse : « Je n’adhère pas au discours de LR, qui décrit une France qui n’est pas tout à fait la mienne, une France nostalgique, recroquevillée sur elle-même. »
Cette figure de la droite, spécialiste des finances publiques, est une recrue de taille pour Emmanuel Macron, régulièrement accusé par Les Républicains d’avoir « cramé la caisse » pendant le quinquennat.
La recrue de poids : Guillaume Peltier
C’est la demi-surprise du mercato. Guillaume Peltier, ex-numéro 2 des Républicains, a rejoint Eric Zemmour au début de l'année. « J’ai pris la décision de soutenir le seul candidat de la droite, le seul candidat fidèle aux valeurs du RPR, le seul candidat capable de battre Emmanuel Macron », a indiqué le député du Loir-et-Cher sur CNews. Le désormais premier vice-président de Reconquête voit là une bonne opportunité de relancer sa carrière politique, lui qui a connu plusieurs équipes, du Front national, au Mouvement national républicain de Bruno Mégret en passant par le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers. Pour Eric Zemmour, son profil est utile pour mettre en avant sa stratégie d’union des droites.
Les renforts de banc : Thomas Portes et Damien Rieu
Ce ne sont pas les recrues les plus ronflantes de ce mercato, mais elles peuvent s’avérer utiles dans une campagne. Thomas Portes, ex-porte parole de Sandrine Rousseau (EELV), a rejoint Jean-Luc Mélenchon début décembre à travers le Parlement de l'union populaire. L’ancien soutien de Benoît Hamon est un symbole de l’élargissement prôné par La France insoumise.
Autre renfort important du côté d’Eric Zemmour : Damien Rieu. Cet ex-militant de Génération identitaire, ex-RN et influent sur les réseaux sociaux, a décidé de rejoindre le candidat Reconquête fin janvier. Ses attaques contre des soutiens de Valérie Pécresse, accusés d’islamodroitisme, ont été saluées par Eric Zemmour mais lui valent également plusieurs plaintes en justice de la part de l’entourage de la candidate LR, qui dénonce des « fatwas numériques ».
Le retour de blessure : Bernard Cazeneuve
L’ancien Premier ministre de François Hollande est récemment sorti de son trou pour (enfin) soutenir clairement Anne Hidalgo, et prendre la tête du Comité de soutien national de sa campagne. Il s’est dit « fidèle à sa famille politique » et a salué en la candidate PS une personnalité « intraitable sur les questions de République », quelques jours après avoir estimé que « les socialistes ne se sont pas préparés comme ils auraient dû le faire à cette échéance ». Un retour dans le groupe important pour la maire de Paris, qui a bien de la peine à dynamiser sa campagne.
L’homme en fin de contrat : Stéphane Ravier
Partira ? Partira pas ? Stéphane Ravier, après avoir multiplié les piques contre Marine Le Pen à la suite de bisbilles locales, semble avoir porté le coup de grâce jeudi soir. Le sénateur RN de Marseille a annoncé qu’il se retirait des instances du parti pour « se concentrer » sur sa ville en créant le mouvement « Marseille d’abord ». Soutiendra-t-il tout de même Marine Le Pen pour la présidentielle ou se rangera-t-il derrière le rival Eric Zemmour, qu’il avait reçu en novembre ? Suspense, pour le moment. La défection du seul sénateur du Rassemblement national serait une grosse perte pour la candidate RN, qui a déjà vu partir l’eurodéputé Gilbert Collard à Reconquête.
Les folles rumeurs : Marion Maréchal, Nicolas Sarkozy…
D’autres infos mercato circulent mais elles sont à prendre avec des pincettes. Marion Maréchal pourrait sortir de sa réserve pour soutenir Eric Zemmour, selon plusieurs médias. A La République en marche, on espère faire venir quelques éléments pouvant jouer sur l'aile gauche : l’ancien président PS de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone et le maire de Dijon François Rebsamen seraient attendus. D’autres noms sont également évoqués, comme Julien Dray, le sénateur André Vallini, l’ex ministre de la Santé Marisol Touraine, voire la patronne des députés PS Valérie Rabault. A droite, on craint surtout un soutien de Nicolas Sarkozy, qui multiplie en privé les critiques contre Valérie Pécresse, pour Emmanuel Macron.