Présidentielle 2022 : « Génie politique », « capacités hors norme »… Les marcheurs dans l’attente de leur messie
CAMPAGNE•Alors que la candidature du chef de l’Etat se fait de plus en plus pressante, le lien « mystique » revendiqué avec les marcheurs est-il toujours aussi fort qu’en 2017 ?Thibaut Le Gal
L'essentiel
- Emmanuel Macron devrait annoncer sa candidature à la présidentielle prochainement.
- Lors de la précédente présidentielle, le candidat revendiquait une « dimension christique » dans sa campagne.
- Le président sortant entretient-il toujours ce lien quasi mystique avec ses soutiens ?
L’image a marqué la précédente campagne présidentielle. Emmanuel Macron, les bras en croix, le regard vers le ciel, à la fin de son premier meeting parisien en décembre 2016. « La dimension christique, je ne la renie pas », disait alors le candidat d’En marche. « Gourou », « télé-évangéliste »… Ses adversaires raillaient à l’époque le soutien quasi irrationnel des marcheurs pour l’ancien ministre de l’Economie, se moquant des superlatifs de ses proches. A quelques jours de la candidature du président sortant, la macronie se prépare avec le lancement jeudi dernier du site de campagne. Mais, après un quinquennat mouvementé, l’auréole du chef de l’Etat a-t-elle pali ?
« C’est un génie politique »
Chez les macronistes, on se montre toujours aussi fascinés par la personnalité du chef de l’Etat. « A chaque fois que le président parle, il prend les gens à contre-pied. C’est un génie politique. A côté, les autres candidats sont des nains de jardin. Ils n’ont pas une seule idée, et leur seul programme, c’est de tuer Macron », ironise un de ses proches. « Le lien reste extrêmement fort, il s’est construit dans le temps avec les épreuves, et on en a traversé un paquet avec les “gilets jaunes”, les grandes grèves, le Covid… », abonde le député de Paris Sylvain Maillard. « A chaque fois, il a montré qu’il était extrêmement solide, extrêmement résiliant, capable de se réinventer, trouver une voie d’espérance », poursuit le porte-parole du groupe La République en marche.
A l’heure des grandes manœuvres pour son entrée en campagne, au parti aussi, on assure que la base reste très enthousiaste. « Les militants sont toujours aussi fans de Macron, ça n’a pas bougé, confie une personnalité d’En marche. Ils aiment bien certains ministres, certains députés, mais, le matin, s’ils se lèvent, c’est pour Macron. La magie opère encore, il y a toujours ce lien un peu irrationnel. »
Des surprises pour la campagne ?
Mais, après cinq ans de pouvoir, la « magie » de 2016 a tout de même changé de nature. « A l’époque, voter Macon, c’était tendance. La modernité, le souffle, l’enthousiasme, parfois presque mystique… cette dimension a changé. L’engagement est aujourd’hui plus réfléchi, plus construit », remarque Sylvain Maillard. « Certains retrouveront l’enthousiasme débordant de la précédente campagne, d’autres auront la conviction qu’il faut continuer dans cette vision progressiste et européenne, avance le député Modem Erwan Balanant. L’exercice du pouvoir l’a évidemment changé. Mais je ne vois pas d’autres personnalités politiques être capables d’exercer le pouvoir en ce moment. Il a des capacités hors norme. »
Reste que le bilan d’Emmanuel Macron a aussi fait des déçus, à l’image des dizaines d’élus perdus au sein des groupes LREM au Parlement. « Quelques frondeurs sont partis, mais, dans les proches du début, personne n’a quitté Macron, balaie François Patriat, le patron des sénateurs LREM. L’envie et l’enthousiasme sont identiques, mais, cette fois, on ne part pas de zéro pour réussir un miracle. On est beaucoup plus organisés, notre arc d’alliance s’est en réalité élargi. »
Aujourd’hui, les macronistes sont dans l’attente. Beaucoup ont hâte que le chef de l’Etat entre dans la bataille. « On sent monter une impatience, les gens souhaitent qu’il soit candidat le plus vite possible, reconnaît le député Roland Lescure, porte-parole d’En Marche. Ce ne sera pas du Mélenchon en immersion, mais je suis certain qu’il nous surprendra pendant cette campagne. »