CHASSE AU TRESORLes mille et une astuces des candidats pour recueillir les 500 signatures

Présidentielle 2022 : Les mille et une astuces des candidats pour recueillir les 500 signatures

CHASSE AU TRESORLes candidats et candidates ont jusqu’au 6 avril pour récupérer les 500 parrainages leur permettant de se présenter au premier tour de la présidentielle, « un parcours du combattant »
Présidentielle 2022 : Comment fonctionne le système de parrainage ?
Rachel Garrat-Valcarcel

Rachel Garrat-Valcarcel

L'essentiel

  • La règle des 500 signatures pour se présenter à la présidentielle fait toujours parler d’elle avant l’élection.
  • Mais comment les candidats s’organisent-il pour réussir à remplir cette condition ?
  • 20 Minutes a demandé à plusieurs équipes.

C’est une sorte de marronnier des campagnes présidentielles. Plusieurs « gros » candidats et candidates ont indiqué ces jours-ci être à la peine pour obtenir les 500 signatures – de maires, mais pas seulement – nécessaires pour être sur la ligne de départ. Eric Zemmour, qui semble faire du sur place avec 300 promesses de parrainages – autant qu’au mois de décembre –, a lancé un appel à l’Association des maires de France. Marine Le Pen a dit « galérer ». Enfin, Jean-Luc Mélenchon, qui ne peut pas s’appuyer cette année sur les réseaux communistes, s’est même fendu d’une conférence de presse pour s’inquiéter de la situation.

« Ça nous coûte énormément d’argent, on y consacre deux ou trois personnes », a expliqué le candidat insoumis, s’indignant de la règle des 500 signatures qui existe depuis 1981 (avant, seuls 100 parrainages étaient nécessaires). Les équipes de campagne qui ne disposent pas d’un grand réseau d’élus et d’élues doivent en effet sacrément « investir » sur le sujet. Contrairement à Valérie Pécresse, Anne Hidalgo et Emmanuel Macron, qui n’ont pas de souci à se faire, ou à Fabien Roussel, qui va bénéficier des nombreux élus communistes toujours en poste. Et même chez les écologistes, souvent à la peine il y a encore quelques années, il ne devrait pas y avoir de problème cette fois-ci.

Militants et militantes mis à contribution

Pour les autres, c’est le « parcours du combattant », comme le dit la directrice de campagne de Nicolas Dupont-Aignan, Anne Boissel. Le candidat souverainiste, qui a passé le « cut » en 2012 et 2017, a véritablement commencé sa recherche de signatures « il y a deux-trois mois. Mais un premier courrier aux maires était déjà parti il y a plus d’un an ». Chez François Asselineau, qui a obtenu ses 500 paraphes en 2017, le travail a même commencé « il y a plus de deux ans », indique son entourage. « Une centaine de personnes tournent en France, François Asselineau lui-même se déplace. » Les démarcheurs sont même formés par un coordinateur national. Nicolas Dupont-Aignan qui a, lui aussi, aussi fait « des déplacements toute l’année ».

Il y a environ 44.000 personnes qui ont un pouvoir de parrainage. Les quelque 35.000 maires donc, mais aussi les conseillers départementaux, régionaux ou territoriaux, et les parlementaires. Il y a théoriquement de la place pour bien des candidats et candidates. « Mais le problème n’est pas la concurrence, c’est que les maires ne parrainent pas suffisamment », déplore la directrice de campagne de Nicolas Dupont-Aignan. Si on en croit l’entourage de François Asselineau, seulement 14.000 personnes ont parrainé un candidat en 2017 : « Et encore, les ''gros candidats'' ont des milliers de parrains, ce qui assèche encore plus le vivier. »

Les élus difficiles d’accès

Au-delà du fait que sans la publication de la liste des parrainages, « il n’y aurait pas de problème » pour les obtenir, « il y a un ras-le-bol de la politique chez les citoyens mais aussi chez les élus. Et ça s’amplifie », observe Anne Boissel, qui a elle-même exercé pendant deux mandats. « Parfois les secrétaires de mairie ont des consignes pour ne pas passer directement le maire aux bénévoles qui recherchent des parrains », indique-t-elle. D’après les équipes de campagne consultées, il vaut mieux la jouer la carte locale : un maire aura plus de chance de répondre favorablement si c’est un militant ou un bénévole du coin qui appelle ou va à sa rencontre. « Les « phonings » ou les éléments de langage tout prêts, ça ne fonctionne pas. »

C’est comme ça que ça marche chez Lutte Ouvrière, visiblement. Le petit parti de Nathalie Arthaud a eu systématiquement une candidate au premier tour de la présidentielle depuis 1974. L’entourage de la candidate ne nous dira pas s’il y a un secret particulier, tout juste saura-t-on que les militants et militantes entretiennent « un lien humain, personnel » avec des élus locaux. « Même s’il est ténu », nous dit-on. Chez François Asselineau et Nicolas Dupont-Aignan aussi, les équipes entretiennent les liens avec les élus qui ont déjà parrainé.

L’équipe d’Eric Zemmour, dont c’est la première candidature, a annoncé avoir mis au point un « algotrithme » pour « prioriser » les élus à démarcher. L’outil « croise la taille des villes, les parrainages en 2017, le territoire. Typiquement, on vise des villes de moins de 1.000 habitants qui avaient donné leur parrainage à Dupont-Aignan, Le Pen et Fillon », a indiqué le responsable des parrainages du candidat, Dénis Cieslik, à l’AFP.

Le lièvre et la tortue

Une fois qu’on a réussi à obtenir un rendez-vous, comment convaincre ? Il va plutôt falloir parler démocratie et diversité d’offre politique que du programme du candidat ou de la candidate. « Il faut leur expliquer qu’ils vont offrir un choix supplémentaire aux électeurs », expliquent Anne Boissel et les autres. Mais il n’y a pas de règle. « Les choses se font en fonction du feeling. Un maire qui sera plus partant pour parler politique, on va lui parler plus du programme », précise-t-elle.

En tout cas, les « petits » candidats sont un peu agacés de voir les Zemmour, Mélenchon et Le Pen se plaindre et demander un changement de la règle au milieu du gué. « Le système a beaucoup d’inconvénients, il est difficile, mais c’est la loi, cingle l’entourage de François Asselineau. Gouverner c’est prévoir : ces gens pensent qu’ils vont obtenir les signatures en étant seulement propulsés par les médias. Ces gens croient que l’Etat et la loi sont à leur discrétion. Nous, on met les moyens depuis plus de deux ans. » La recherche des parrainages serait donc d’abord un exercice de patience plus que de coup d’éclat ? Pas sûr : mercredi, lors du « Live présidentiel » de 20 Minutes et LCI, Jean-Luc Mélenchon a annoncé avoir vu les promesses de signatures arriver après son appel de lundi.