Présidentielle 2022 : Après le trou d'air, Eric Zemmour tente de relancer sa campagne
CAMPAGNE•Le candidat du parti Reconquête, qui stagne dans les sondages, vient de recevoir le soutien de l'ancien numéro deux des RépublicainsThibaut Le Gal
L'essentiel
- Après la dynamique du début de campagne, Eric Zemmour stagne dans les enquêtes d'opinion.
- Le candidat, qui vient de recevoir le soutien de Guillaume Peltier, ancien numéro 2 des Républicains, espère relancer sa campagne.
- Mais en pleine reprise épidémique, l’ancien journaliste peine à imposer ses thématiques identitaires comme il le faisait à l’automne.
«Dans un an, jour pour jour, je vous inviterai à l’Élysée et nos relations ne seront plus les mêmes. » Eric Zemmour se rêvait déjà en président de la République, lundi après-midi, lors de ses vœux à la presse depuis son QG parisien. Une forme de méthode Coué ? Après un début de campagne tonitruant et une forte percée dans les sondages, le chef de file du parti Reconquête semble s’essouffler. L’ancien journaliste, redescendu en quatrième position dans les dernières enquêtes d’opinion, présentait lundi ses nouvelles recrues et quelques propositions sur l’école pour tenter de relancer la machine.
Le ralliement de Peltier, tournant ou « non-événement » de campagne ?
« Je suis très fier de les avoir à mes côtés. » Tout sourire, Eric Zemmour a présenté lundi ses ralliements : son « ami » vendéen, le patron du Puy-du-Fou et ex-candidat à la présidentielle Philippe de Villiers et Guillaume Peltier, l'ancien numéro 2 des Républicains. Le député de Loir-et-Cher, passé par le Front national dans sa jeunesse, est une prise non négligeable alors que les transfuges de droite promis par Eric Zemmour se font attendre. Devant les journalistes, le candidat a d’ailleurs appelé Eric Ciotti et l’aile droite de LR à suivre le pas. « Je continue de penser que ces gens-là n’ont rien à voir avec Madame Pécresse. En politique, certains préfèrent la France à leur parti, et d’autres préfèrent leur parti à la France. Guillaume Peltier est de la première catégorie. »
Soutien de Xavier Bertrand avant la primaire, puis d’Eric Ciotti, l’intéressé avait été écarté des instances dirigeantes de LR en décembre après un tweet jugé trop élogieux envers Eric Zemmour. Au QG parisien ce lundi, cette prise de guerre est interprétée comme le résultat de la « mue présidentielle réussie » de Zemmour depuis son premier meeting de Villepinte en décembre. C’est en revanche un « non-événement » pour Valérie Pécresse comme pour Marine Le Pen. « L’impact, c’est zéro. Car pour Madame Michu, Guillaume Peltier n’est personne », raille un proche de la candidate RN.
Zemmour peine désormais à imposer ses thèmes de campagne
Ce renfort intervient à point nommé pour Eric Zemmour, qui a reconnu vendredi sur Europe 1 qu’il peinait désormais à imposer ses thématiques de campagne. Le candidat a accusé Emmanuel Macron d'« instrumentaliser cyniquement » la crise sanitaire. « Il veut faire du Covid le sujet de la présidentielle pour pouvoir être tranquille, qu’on ne parle pas de son bilan, et de l’identité de la France que j’avais réussi à imposer comme thème majeur de la campagne à l’automne. »
Ces derniers jours, l’épidémie de coronavirus et les débats autour du pass vaccinal semblent avoir pris le pas sur les autres thématiques. « On ne peut pas faire comme si le Covid n’existait pas, mais il ne doit pas être le seul et unique sujet de la campagne. On ne veut pas rentrer dans ce piège tendu par le président. On souhaite évoquer d’autres sujets, comme l’immigration ou l’économie », assure Dénis Cieslik, l’un des cadres du mouvement Reconquête.
Pour retrouver un second souffle, Eric Zemmour a aussi repris les déplacements sur le terrain. Il était dans l’Eure-et-Loir vendredi dernier, dans cette « France périphérique », rurale, des « oubliés », chère à sa rivale Marine Le Pen. Le lendemain, le candidat s’est rendu aux Sables-d’Olonne (Vendée), grillant la politesse à Marine Le Pen, qui a dû annuler son déplacement annoncé quelques jours plus tôt dans la station balnéaire. Une fébrilité du clan Zemmour qui sonne comme un aveu de faiblesse, pour un proche de la candidate RN. « Il mène une campagne Potemkine, il traverse les villages sans jamais rencontrer un seul Français. Il a en réalité déjà perdu son pari d’union des droites. Il se retrouve à sec, sans carburant pour la suite. »
Eric Zemmour espère avant tout éviter la sortie de route. Le candidat assure n’avoir récolté qu’environ 300 promesses de parrainages sur les 500 requis pour concourir à l’élection.