POLITIQUEValérie Pécresse, adversaire la plus dangereuse pour Emmanuel Macron ?

Présidentielle 2022 : Valérie Pécresse, adversaire la plus dangereuse pour Emmanuel Macron ?

POLITIQUEDepuis sa victoire à la primaire interne des Républicains, la candidate à la présidentielle est ciblée par les soutiens du chef de l'Etat
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Après sa victoire au congrès Les Républicains, Valérie Pécresse est la candidate de la droite et du centre à la présidentielle.
  • Longtemps qualifiée de « Macron compatible » par ses adversaires, la candidate est la seule à avoir été donnée gagnante face au président sortant dans un sondage.
  • Depuis quelques jours, la Macronie affûte donc ses arguments contre la candidate LR.

Pour son premier grand discours de campagne, Valérie Pécresse a de nouveau ciblé Emmanuel Macron. La candidate Les Républicains accuse depuis des mois le chef de l’Etat d’avoir « cramé la caisse ». « Il n’est pas question de laisser l’avenir de la France entre les mains de l’immobilisme » du président, qui « a si peu réformé et tant dépensé », a-t-elle encore fustigé, samedi à Paris. Ces derniers jours, les macronistes ont lancé la contre-offensive. « Bonne candidate pour Versailles », « dame du défaire », programme « fou »… La présidente de la région Ile-de-France, en forte hausse dans les sondages, est-elle devenue la principale rivale du président sortant ?

« Elle touche l’électorat âgé qui était chez nous », souffle un macroniste

Chez ses concurrents LR comme dans la majorité, on l’a longtemps dépeinte en candidate centriste, « Macron-compatible ». « C’est Macron en femme », ironisait récemment un ministre dans Marianne. Depuis cet été, l’ancienne chiraquienne a repris l’argument pour mieux le retourner contre le président. « Valérie Pécresse est la plus à même de récupérer l’électorat de droite parti chez Emmanuel Macron en 2017. Elle peut coaliser sur son programme de rupture tous ceux qui souhaitent tourner la page du macronisme. Car le président n’a pas tenu ses promesses de réforme et laisse filer les déficits », pointe le député LR des Alpes-Maritimes, Eric Pauget.

Après sa victoire au congrès, Valérie Pécresse a bondi dans sondages, captant une partie de l’électorat libéral, avide de réformes. Une étude Elabe, publiée mardi dernier, la donne même gagnante face au président sortant au second tour. Cette première depuis le début du quinquennat a fait l’effet d’une petite bombe chez les macronistes. « Elle touche l’électorat âgé, qui était chez nous. Le président devra donc donner des gages lors de la future campagne, sur la question des retraites ou le sérieux budgétaire », résume, inquiet, un cadre de La République en marche.

« On va s’amuser à montrer les différences entre elle et Macron pendant la campagne »

Pour contrer la candidate, les arguments de riposte ont vite été envoyés à la majorité. Premier angle d’attaque : son message de rassemblement, alors qu’Eric Ciotti a réalisé un joli score sur une ligne très à droite. « Derrière Valérie Pécresse, on a 40 % de néo-zemmouriens, ce n’est pas rien. Si elle veut être devant Zemmour, elle devra aller chercher à l’extrême droite. Ce grand écart ne marchera pas », pique François Patriat, le patron des sénateurs LREM. « Ce n’est plus le "en même temps", c’est le "tout à la fois". Les convictions de Madame Pécresse seront vite ébranlées par ce grand écart impossible », abonde le député LREM Bruno Bonnell. La candidate a déjà indiqué qu’elle ne reprendrait pas toutes les mesures de son ancien concurrent, comme la création d’un « Guantanamo à la française » ou la « priorité nationale » pour les emplois.

Autre élément ciblé par les macronistes, le programme « de rupture » de la candidate. « Elle nous propose le programme de Fillon en 2017. Dans un moment de crise sanitaire, où l’on a vu l’importance de la puissance publique et d’avoir un Etat fort, cette réduction de 200.000 fonctionnaires est hallucinante », cingle le député du MoDem Erwan Balanant. « Sa seule ambition, c’est d’être Thatcher, alors que toute la France revendique plus de services publics, poursuit le député LREM Sacha Houlié. Sa vision de la société, notamment la place de la femme, est réactionnaire. Sur l’immigration, son logiciel est national et donc passéiste. On va s’amuser à montrer les différences entre elle et Macron pendant la campagne ».

Du côté de Valérie Pécresse, on hausse les épaules, confiant. « Les macronistes sont dans les cordes, ils ne s’attendaient pas à ce qu’elle sorte victorieuse du congrès, avance Eric Pauget. Mais ils ont compris qu’elle représentait un vrai danger, car c’est la seule qui peut battre Emmanuel Macron en 2022. »