Présidentielle 2022 : Le « Parlement de campagne » de Jean-Luc Mélenchon, un outil pour élargir sa base électorale
INSOUMIS•Le candidat de La France insoumise mise sur cette structure, composée de figures culturelles, syndicales et associatives, pour élargir sa base électoraleThibaut Le Gal
L'essentiel
- Jean-Luc Mélenchon est le candidat de La France insoumise à la présidentielle.
- Ce dimanche, le leader LFI a présenté son « Parlement de campagne », composé de figures culturelles, syndicales et associatives.
- L’objectif : la convergence des luttes pour élargir sa base électorale.
«Vous pouvez venir ! Rejoignez nos forces, assez de jérémiades, assez de pleurnicheries, assez d’hésitations, au combat ! » Jean-Luc Mélenchon a galvanisé quelques milliers de ses partisans, dimanche à La Défense, lors de son premier gros meeting de campagne. A quatre mois du premier tour de l’élection présidentielle, le tribun de La France insoumise a appelé au rassemblement derrière sa candidature. « Puisqu’il n’est pas possible de faire l’unité au sommet, alors faites l’union à la base !, a-t-il lancé. L’instrument qui nous réunit, c’est le programme. » A cette occasion, le député des Bouches-du-Rhône a présenté son « Parlement de campagne », structure visant à faire « l’union populaire », à défaut d’avoir réussi à unifier la gauche.
« Toucher les dégoûtés de la politique »
Ce « Parlement » se compose aujourd’hui de 200 personnes. Pour moitié, des responsables insoumis, et pour l’autre moitié des non-adhérents, à l’image de sa présidente, Aurélie Trouvé, l’ancienne patronne d’Attac. Parmi les personnalités présentées dimanche figurent notamment l’écrivaine Annie Ernaux, l’ancienne figure CGT des « Conti » Xavier Mathieu, l’historien Jean-Marc Schiappa – père de la ministre –, la philosophe Barbara Stiegler, ainsi que quelques politiques, comme l'assure l’ancien porte-parole de Sandrine Rousseau, Thomas Portes. « On a beaucoup accusé Jean-Luc Mélenchon de sectarisme mais cette main tendue montre qu’il y a une volonté d’élargir au-delà des rangs de LFI ».
Car Jean-Luc Mélenchon ne parvient pas à accrocher le wagon de tête dans les sondages. Crédité de 7 à 10 % d’intentions de vote dans les dernières enquêtes, il reste bien loin des 19.58% de voix réalisées en 2017. L’assemblée, qui doit se réunir une fois par mois en présence du candidat, vise à nourrir son programme, mais aussi, à élargir sa base électorale. « La France insoumise montre qu’elle n’est pas repliée sur elle-même et peut réunir des personnes de tout horizon, des milieux associatifs, culturels, ou syndicalistes », avance l’eurodéputée LFI et vice-présidente de cette structure, Manon Aubry. « Ces personnalités offrent d’autres caisses de résonance et pourront toucher les classes populaires et les dégoûtés de la politique. »
« Il faut coaliser toutes les colères »
C’est l’objectif de Jean-Luc Mélenchon dans cette campagne : aller chercher les voix qui lui manquent chez les abstentionnistes. « L’espoir se trouve dans les quartiers populaires. S’ils se mettent en mouvement, nous allons gagner. Sinon, nous serons battus. C’est aussi simple que ça », disait-il limpidement dans une interview à 20 Minutes. Pour y parvenir, le candidat semble avoir mis de côté la stratégie « populiste » de 2017. Il a également fait le deuil d’une hypothétique union de la gauche traditionnelle, alors que Yannick Jadot (EELV), Anne Hidalgo (PS), Arnaud Montebourg (ex-PS) et Fabien Roussel (PCF) semblent bien décidés à se présenter. Alors qu’il peine à convaincre les catégories populaires, le candidat semble aujourd’hui miser sur une convergence des luttes, que reflète par les visages de ce nouveau parlement. Une forme de marketing électoral ?
« Ce n’est pas du marketing politique, mais pour l’emporter, comme l’a notamment théorisé Aurélie Trouvé avec son bloc arc-en-ciel, l’union des luttes est indispensable, souligne Thomas Portes. Il faut coaliser toutes les colères : les gens qui se battent sur la question des déchets nucléaires, les "gilets jaunes", les féministes mobilisées contre les violences sexistes… ». Jean-Luc Mélenchon espère ainsi faire le trou avec ses concurrents de gauche et bénéficier, dans la dernière ligne droite, d’un effet « vote utile » comme en 2017.