Présidentielle 2022 : Pour Zemmour, « maîtriser l’agenda médiatique à l’ère des réseaux sera difficile » estime l’historien Alexis Lévrier
DESAMOUR•Alexis Lévrier, historien de la presse et des médias, analyse la relation ambivalente entre le polémiste et un espace médiatique friand, mais saturé, de ses interventionsEmilie Petit
Il a bâti son succès public sur sa notoriété télévisuelle. Pourtant, le désormais candidat à la présidentielle de 2022, Eric Zemmour, n’en finit plus de croiser le fer avec ses ex-confrères. Régulièrement fustigé par ses pairs, il fait l’objet d’une attention médiatique presque démesurée, entre attraction et répulsion.
« Avant même qu’il ne déclare officiellement sa candidature, il a été considéré, par le CSA, comme un acteur du débat politique national puisque son temps de parole a commencé à être décompté », rappelle Alexis Lévrier, historien de la presse et des médias, et auteur du livre Jupiter et Mercure, le pouvoir présidentiel face à la presse. Une décision qui a contribué, selon le chercheur, à légitimer l’attention que lui portaient déjà certains médias.
Agenda médiatique et précampagne
Désireux de maîtriser l’agenda médiatique comme n’importe quel homme politique, il en connaît, en plus, les rouages. Contrairement à Emmanuel Macron qui affichait, dès le début de son mandat, une volonté de mettre à distance les journalistes, Eric Zemmour semble vouloir, au contraire, occuper l’espace médiatique à la limite de l’indigestion. Et ce malgré un désamour non dissimulé pour certaines pratiques journalistiques qu’il juge « basses ». « Maîtriser l’agenda médiatique à l’ère des réseaux sociaux, c’est difficile à tenir sur un temps long », estime l’historien.
Porté aux nues par une extrême droite médiatique à laquelle fait écho son discours, Eric Zemmour devra désormais réussir le tour de force d’aller chercher au-delà de ses soutiens. « On voit quand même, malgré tout, les limites de son discours qui l’oblige à être dans la surenchère permanente pour continuer à attirer les médias », conclut Alexis Lévrier. Une tactique qui pourrait risquer l’asphyxie sur le long terme.