REPORTAGE« Elle n’aime pas faire le buzz… » Pécresse, une candidature à bas bruit

Présidentielle 2022 : « Elle n’aime pas faire le buzz… » Valérie Pécresse, une candidature à bas bruit

REPORTAGELa patronne de l’Ile-de-France mise sur la crédibilité de son projet pour l’emporter lors du congrès LR, qui doit désigner le candidat de la droite et du centre samedi prochain
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Valérie Pécresse est candidate au congrès LR, qui doit désigner le candidat de la droite et du centre samedi prochain.
  • La présidente de la région Ile-de-France mise sur un « projet de rupture », insistant sur le « sérieux » de son programme.
  • Elle était en meeting ce lundi soir à Boulogne-Billancourt, à quelques jours du résultat du scrutin interne des Républicains.

A Boulogne-Billancourt,

Dans la salle du Carré Belle-Feuille de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), lundi soir, rien n’est laissé au hasard. Les affiches de campagne sont ajustées au millimètre. Les drapeaux français et européens attendent sur la scène. Les néons offrent de jolies lumières. Il y a même des plantes vertes pour offrir de l’oxygène aux centaines de personnes assises. A 19 heures passées, la pièce est comble. Venus voir le dernier meeting de Valérie Pécresse avant le vote du congrès, les sympathisants Les Républicains agitent le drapeau tricolore disposé sous leur siège. Tout en haut des escaliers, Patrick Stefanini veille. Le stratège de campagne vérifie qu’aucune place n’est vide.

Sur l’écran, les soutiens défilent dans un clip de campagne. L’image de Nicolas Sarkozy apparaît, les militants s’embrasent. L’ancien chef de l’Etat a un joli mot pour son ancienne ministre : « Quand je pense à Valérie, je pense au sérieux. Elle connaît ses dossiers, elle fait le boulot. » L’extrait de l’émission Une ambition intime de M6 est toutefois tronqué, dans la foulée, l'ancien président ajoutait : « Par moments, j’aurais aimé qu’elle ait plus de fantaisie. » Un beau résumé des derniers mois : une campagne à bas bruit, misant sur le sérieux du projet, se voulant loin des coups d’éclat médiatiques de ses concurrents de droite.

« Elle a un inconvénient : elle n’aime pas faire le buzz »

Dans cette campagne, Valérie Pécresse n’a jamais semblé connaître son moment. Xavier Bertrand a été le premier à se lancer. En tête dans les sondages, le président des Hauts-de-France polarise alors l'attention pendant des mois en refusant de se soumettre à la primaire. Puis vient le moment Michel Barnier, propulsé favori pour sa fidélité au parti. Eric Ciotti prend ensuite la lumière par son positionnement iconoclaste, notamment vis-à-vis d’Eric Zemmour.

« C’est la seule qui a un projet abouti. Mais elle a un inconvénient : elle n’aime pas faire le buzz. Elle ne sait pas se déboutonner et sortir ses tripes », souffle un soutien de la patronne de la région Ile-de-France. Favorite ni des sondages, ni des militants depuis son départ de LR, ses adversaires l’ignorent presque durant la campagne. « Ce qui l’a pénalisée, c’est que, pendant longtemps, on n’a pas parlé de fond, mais de tambouilles internes autour de la primaire et de Zemmour. Comme elle a basé sa candidature sur son projet, il était difficile d’émerger. Mais depuis les débats, on sort de l’étau Bertrand-Barnier, les gens se rendent compte qu’elle est la plus compétente », espère Valentin Vella, l’un des responsables des « Jeunes avec Valérie ».

En ce lundi soir, ses soutiens louent d’ailleurs, une fois encore, le sérieux de l’énarque de 54 ans. « Valérie, c’est du solide. Son projet est très abouti. C’est la droite de gouvernement, sérieuse et raisonnable, qui ne raconte pas de carabistouilles et refuse de courir derrière les outrances lepénistes et zemmouriennes », salue Guillaume Larrivé, député LR de l’Yonne. « Elle a construit un projet, pages après pages, en additionnant la modernité et l’autorité, ajoute l’eurodéputé Brice Hortefeux. Valérie est déterminée à mettre un terme au quinquennat raté d’Emmanuel Macron, fait de pagailles sociales et sanitaires. »

« Ça serait plus facile de venir faire des promesses avec des effets de tribune »

Devant ses partisans, l’intéressée défend sa ligne, libérale sur l’économie, et ferme sur le régalien. Un projet « de rupture », aux accents fillonistes, avec 45 milliards d’euros d’économies et la suppression de près de 200.000 postes de fonctionnaires, et 15 milliards de recettes de privatisation. La candidate attaque d’ailleurs le « clientélisme présidentiel » d’Emmanuel Macron. « Comme j’ai dit à Marseille, les milliards, c’est comme la sardine dans le Vieux-Port, ne pensez pas que vous allez les voir tout de suite. Avec Macron, l’addition, c’est après les élections », tacle-t-elle.

La présidente francilienne insiste sur la nécessité de baisser les dépenses publiques, critiquant en creux ses concurrents, moins volubiles sur le sujet. Sur l’immigration, Valérie Pécresse revendique, là encore, plus de sérieux. « Il faut stopper l’immigration incontrôlée et choisir qui on veut accueillir. Mais il ne faut pas mentir, on aura besoin d’un peu d’immigration », dit-elle à un public alors silencieux.

« C’est sa signature : le sérieux sans démagogie ni populisme. Ça serait plus facile de venir faire des promesses avec des effets de tribune. Mais elle préfère miser sur la crédibilité. Promettre moins avant et faire plus après », défend Eric Pauget, député des Alpes-Maritimes en fin de soirée. A la sortie, tous voient leur championne qualifiée au second tour jeudi et l’emporter samedi prochain. Un militant reste toutefois prudent : « Pour une fois, c’est un scrutin sans aucun sondage. Tout le monde est dans le noir et peut espérer l’emporter. »