L’Elysée « fait confiance à la responsabilité des élus » marseillais

Marseille : L'Elysée « fait confiance à l'esprit de responsabilité des élus locaux » face aux conflits sans fin

«CHICAYAS LOCAUX»A une semaine de la visite d’Emmanuel Macron à Marseille, la tension entre la présidente de la métropole Martine Vassal et le maire Benoît Payan atteint des sommets
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Mardi, le conseil de territoire a tourné à la foire d’empoigne entre gauche et droite. Les scènes de tension entre la mairie socialiste et la métropole LR sont nombreuses.
  • Or lors de sa venue en septembre à Marseille, Emmanuel Macron avait conditionné l’octroi d’une aide financière de l’Etat à une entente entre métropole et ville de Marseille. Et le président de la République revient la semaine prochaine.

«Le président fait confiance à l’esprit de responsabilité qui anime les élus du territoire, pour travailler ensemble à des solutions pour améliorer le quotidien des Marseillaises et Marseillais. » Le message de l’Elysée, interrogé ce mercredi par 20 Minutes, tranche avec les scènes de tension qui se multiplient, ces derniers jours, entre le maire socialiste de Marseille Benoît Payan, et la présidente LR de la métropole et son adversaire aux municipales Martine Vassal.

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Ce mardi, ce qui devait être un conseil de territoire comme les autres a tourné à la foire d’empoigne entre gauche et droite. Au détour d’un désaccord sur un simple ponton de la gare maritime du quartier de l’Estaque, les colistiers de Benoît Payan ont tout bonnement quitté l’hémicycle, entraînant la fin prématurée de la séance. De son côté, alors que les élus venaient de partir, le chef du groupe majoritaire de droite et conseiller d’arrondissement de Marseille Jean-Baptiste Rivoallan affirmait « avoir été accusé de fascistes par deux élus [de la gauche marseillaise], dont un homme de couleur (sic). » S’en sont suivies des explications houleuses entre les différents élus, sur le parvis de la métropole.

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« Il verra comment les choses avancent »

Un incident qui intervient une semaine avant la visite du président de la République, qui avait conditionné l’octroi d’une aide financière de l’Etat à une entente entre métropole et ville de Marseille. « Nous avions sans doute sous-estimé jusqu’ici les divisions, affirmait depuis le Pharo Emmanuel Macron. Si toujours l’action publique est divisée et les chicayas locaux bloquent l’avancée, ces milliards n’arrivent jamais sur le sol. […] C’est la faute d’une action collective qui n’arrive pas à s’organiser et à se faire. » Et de lancer que, selon lui, « le problème à Marseille » se trouvait dans la « grande difficulté à définir ce qui est l’intérêt général de la ville comme de la métropole ».

« Le président reste concentré sur la réussite de son plan proposé à Marseille et attentif à ce que ce plan s’inscrive dans une démarche partenariale, au bénéfice des Marseillaises et des Marseillais, fait savoir l’entourage d’Emmanuel Macron. Il verra lors de sa prochaine visite, imminente, comment les choses avancent. » Un vœu qui semble aujourd’hui pieux. A gauche comme à droite, on s’accorde sur un seul point : malgré les mises en garde du président de la République, métropole et mairie semblent irréconciliables, sur fond de rivalité politique et de partage des compétences devenue chaotique.

« On est sur une situation de blocage »

« On nous dit qu’on veut travailler pour l’intérêt général, mais on est face à un mur, affirme Yannick Ohanessian, adjoint au maire en charge de la sécurité réputé proche de Benoît Payan. On fait le constat depuis un an qu’on est sur une situation de blocage. »

« Le problème, c’est qu’aujourd’hui, entre nous, rien n’est solutionné, affirme Jean-Baptiste Rivoallan. On travaille d’arrache-pied pour trouver une solution qui permettrait de nous accorder ces crédits qui sont vitaux non seulement pour la ville de Marseille mais aussi la métropole. Et j’ose espérer qu’on trouvera un accord entre tous pour essayer d’au moins capter cette manne. J’espère que l’ego de certains politiques ne brisera pas sur les rochers cet argent qui est nécessaire pour nous. »

Le maire en appelle à Macron

Signe de cette impossibilité à travailler ensemble : dans une lettre envoyée au président de la République et révélée par La Provence ce mercredi, Benoît Payan demande « une réforme immédiate de la gouvernance locale », afin de pouvoir reprendre certaines compétences de la métropole, comme le ramassage des déchets. Prenant exemple sur la crise que connaît la cité phocéenne, le maire, qui pointe « des enchevêtrements de compétences inefficaces », estime que le « statu quo » n’est plus tenable. « Je ne peux pas laisser la ville dans cet état, peste l’édile dans les colonnes du quotidien régional. La ville est à l’abandon parce qu’à la métropole, on fait de la politique. » De son côté, la présidente de la métropole déplore le fait que, selon elle, « le maire de Marseille fait son peuchère ». Ambiance.


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En maître des horloges, et malgré le contexte, l’Elysée ne semble toutefois pas vouloir pas déroger à son plan de bataille initial. « Le président a bien été destinataire d’un courrier et nous y répondrons, comme nous le faisons à chaque fois, indique-t-on dans l’entourage du président de la République. La question du transfert des compétences entre les élus locaux est un vrai sujet, et le président avait donné deux mois aux élus locaux pour réfléchir et proposer des solutions. Le délai n’est pas encore dépassé pour trouver un accord, et nous restons sur ce calendrier. »