L’ex-ministre Christiane Taubira s’est refusée ce jeudi à appeler la population de la Guyane, dont elle est originaire, à se faire vacciner contre le Covid-19, arguant qu’elle ne dispose pas des « éléments d’information » sur la situation et ne veut pas « décrédibiliser » sa « parole forte ».

La Guyane reste très affectée par l’épidémie de coronavirus, avec un taux d’incidence de 498 cas pour 100.000 habitants et une hausse des hospitalisations au 21 septembre, selon l’Agence régionale de santé. Seuls 29,6 % des Guyanais âgés de 12 ans et plus étaient complètement vaccinés au 15 septembre, contre 81,7 % de la population éligible pour l’ensemble de la France, selon les chiffres de Santé Publique France.

« La crédibilité de la parole publique est une vraie question »

Interrogée sur RTL sur les raisons pour lesquelles elle ne leur a pas lancé d’appel à se faire vacciner massivement, Christiane Taubira a estimé qu’elle n’avait « pas vocation » à le faire. « Je suis un responsable politique qui n’est pas en exercice et qui par conséquent ne dispose pas des éléments d’information qui lui permettraient formellement soit de donner consigne, soit de considérer qu’au vu de ces éléments d’information je considère que je tiens un propos responsable », a-t-elle dit.

Alors qu’on lui faisait remarquer que cette position était « facile » pour l’ex-députée de Guyane, dont la parole est pourtant considérée comme forte, elle a fait valoir que c’était justement « parce que cette parole (était) forte » qu’elle « ne la décrédibilise (rait) pas ». « La question du poids, de la légitimité, de la crédibilité de la parole publique est une vraie question », a ajouté Christiane Taubira.

A cet égard, « nommer une médiatrice ou un médiateur » serait « responsable », « parce que manifestement il n’y a plus de capacité d’entente entre la parole officielle, les autorités sur place », et les Guyanais, a-t-elle dit. Christiane Taubira a en outre estimé qu'« avant de culpabiliser les Guyanais, les Guyanais doivent prendre et prennent au sérieux la question de la santé ». Soulignant l’éloignement de la Guyane par rapport à la métropole, elle a encore argué « qu’on ne (pouvait) pas faire la même analyse » pour les deux territoires, où les taux de vaccination sont « pratiquement inverses ».