Le gouvernement promet un plan contre la prostitution des mineurs

Prostitution des mineurs : Le gouvernement promet un plan pour lutter contre ce fléau à l'automne

PROTECTIONUn rapport insiste sur la nécessité de mieux former les adultes à repérer des signaux d’alerte, et à améliorer la prévention auprès des familles
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Après avoir reçu un rapport élaboré par un groupe de travail sur ce phénomène, en « augmentation régulière », le gouvernement a annoncé qu’il présentera à l’automne un « plan national de lutte contre la prostitution des mineurs », a fait savoir le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet, ce mardi.

« Pour être efficace, nous devons travailler sur toutes les dimensions de la prostitution », a souligné Adrien Taquet, qui a promis des « mesures concrètes » portant sur « la prévention, le repérage, le traitement judiciaire, la prise en charge tant éducative que médicale, et enfin la formation de tous les professionnels concernés ».

Entre 7.000 et 10.000 adolescents concernés

Le groupe de travail, composé de 32 experts issus de l’Education nationale, de la justice, des forces de l’ordre, de la santé, des associations de protection de l’enfance et des départements, insiste dans son rapport sur la nécessité de mieux former les adultes à repérer des signaux d’alerte, et à améliorer la prévention auprès des adolescents et de leurs parents. Facilité par l’émergence des réseaux sociaux, qui permet aux proxénètes de recruter clients et prostitués, le phénomène concernerait de 7.000 à 10.000 adolescents selon les associations, une fourchette « approximative » et « peut-être en deçà de la réalité », note le rapport, remis au gouvernement par la présidente du groupe de travail, la magistrate Catherine Champrenault, très investie sur ces questions.

Selon une étude de la police citée dans ce document, 85 % des mineures victimes sont exploitées par des « proxénètes de cité », une tendance apparue en 2015 et qui a « rapidement pris son essor ». Ce fléau est d’autant plus difficile à combattre qu’une part importante des jeunes filles concernées ne se considèrent pas comme des victimes : elles affirment agir par choix, parlent de « michetonnage » ou d'« escorting », évoquent l’attrait de l’argent facile et se montrent indifférentes aux sévices sexuels qu’elles subissent. Une réalité « difficile à intégrer et à comprendre pour les professionnels », notent les experts, pour qui il faut « renforcer substantiellement la formation » des enseignants et des soignants afin qu’ils puissent mieux comprendre le « comportement parfois déroutant des victimes », dû à des « mécanismes d’emprise » et/ou aux « conséquences traumatiques des violences subies ».

Un repérage délicat

Les parents, de leur côté, ne sont pas assez informés des « risques liés aux mauvais usages du numérique par leurs enfants ». Une ado qui fugue, change brusquement de comportement, sèche l’école, s’achète des produits de luxe : autant de signaux qui doivent alerter, affirment les experts. Mais si le repérage précoce est essentiel, il reste délicat, car l’adulte peut avoir peur de se tromper et de rompre le lien de confiance avec le jeune.

Les auteurs du rapport plaident également pour la création de structures d’hébergement spécialisées, afin d’éviter que les jeunes filles secourues ne soient contraintes de « passer plusieurs nuits en foyer d’urgence ou en hôtel », où leurs proxénètes « les retrouvent systématiquement ». Les experts préconisent en outre un meilleur pilotage de la politique publique au niveau de chaque département et l’amélioration du traitement judiciaire et de l’accompagnement éducatif des mineurs : cela doit passer selon eux par la désignation d’un référent spécialisé dans les parquets, et par des moyens renforcés pour les services de police et de gendarmerie, notamment ceux qui luttent contre le « cyber-proxénétisme ».