Le maire de Nice Christian Estrosi quitte Les Républicains

Nice : Le maire Christian Estrosi quitte Les Républicains, pris selon lui dans une « dérive »

DEPARTProche de Renaud Muselier, l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy dit qu'il veut travailler à la création d'une nouvelle formation pour rassembler la droite et le centre
Fabien Binacchi

Fabien Binacchi

L'essentiel

  • «Je m’en vais de LR » et c’est « une décision pénible pour le gaulliste que je suis », a annoncé Christian Estrosi dans un entretien au Figaro.
  • Le maire de Nice soutient Renaud Muselier après un rapprochement avec LREM en vue des élections régionales en Paca, mettant LR à feu et à sang.
  • Il dit se mettre en congés de son parti tant que ses responsables ne diront pas « clairement, qu’en toutes circonstances et dans toutes les élections, ils feront barrage à̀ l’extrême droite avant toute chose ».

Le psychodrame commencé dimanche chez Les Républicains, avec l’annonce d’un rapprochement entre Renaud Muselier et LREM pour les élections régionales en Paca, est sans doute parti pour durer. Après le départ du maire de Toulon Hubert Falco, acté mercredi, c’est Christian Estrosi qui annonce ce jeudi à son tour dans Le Figaro qu’il quitte le parti. Et il n’est pas tendre avec ses désormais ex-collègues.

« Je m’en vais de LR » et c’est « une décision pénible pour le gaulliste que je suis », explique-t-il au journal, dénonçant « la dérive d’une faction qui semble avoir pris en otage la direction du parti » pour faire capoter le projet d’alliance entre LREM et LR aux régionales en Paca. Lui répète que « seul le rassemblement des forces peut permettre la victoire de l’intérêt général face au RN ». Il se met en congés de son parti tant que ses responsables ne diront pas « clairement, qu’en toutes circonstances et dans toutes les élections, ils feront barrage à̀ l’extrême droite avant toute chose ».

« Je regrette toujours les départs, mais cette décision a le mérite de la cohérence, a de son côté déclaré à l’AFP le président du parti Christian Jacob. Conformément aux valeurs de notre famille politique, nous sommes et nous resterons les opposants déterminés à l’idéologie du Rassemblement national. »

Il règle ses comptes avec Eric Ciotti

Cette décision, le maire de Nice l’a prise après avoir été victime, dit-il, de « violence » au sein même « de [son] parti ». Qualifié de « malfaisant », Christian Estrosi attaque en réponse. Et règle ses comptes. « Ce qui est malfaisant, c’est de ne rêver que d’entre soi. Ce qui est malfaisant c’est de regarder quiconque hors de nos murs comme un ennemi. Ce qui est malfaisant c’est de pactiser avec nos ennemis de l’extrême droite », lâche-t-il au Figaro, ciblant, en le nommant, Eric Ciotti, son ancien ami, redevenu adversaire ces derniers jours.

L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy avance que Le Canard enchaîné a « apporté les preuves » que le député des Alpes-Maritimes « a négocié à son avantage un accord secret avec le RN lors des dernières législatives ». Une version que le parlementaire, qui s’était déjà brouillé avec le maire de Nice pour ses positions jugées trop « Macron-compatibles » en 2017, a démentie auprès de 20 Minutes.

« Je n’ai rien négocié »

Et l’avenir ? Christian Estrosi, qui avait lancé son propre mouvement politique "la France audacieuse" en septembre, estime notamment qu’il faut travailler à une nouvelle formation pour rassembler la droite et le centre. Tançant encore ses ex-collègues, il dit encore au Figaro vouloir « d’un vrai projet où l’on ne passe pas son temps à parler de soi en bureau politique mais d’industrie, d’environnement, de sécurité, d’immigration contrôlée ».

Il balaie aussi les rumeurs selon lesquelles il aurait obtenu un poste au plan national directement avec Emmanuel Macron. « Je n’ai rien négocié avec qui que ce soit, car je n’attends rien et Nice compte plus que tout à mes yeux, explique-t-il. Le prix de ma liberté est trop précieux. » Une liberté qui, si elle clarifie certaines choses, pourrait encore enfoncer un peu plus LR dans la crise.