Présidentielle 2022 : Critiqué par l'opposition, Emmanuel Macron face au défi de la sécurité
POLITIQUE•Attaqué sur son bilan sécuritaire, l'exécutif souhaite faire des sujets régaliens un marqueur fort de la fin de quinquennatThibaut Le Gal
L'essentiel
- Quelques jours après l’assassinat d’une fonctionnaire de police, le gouvernement présente ce mercredi un projet de loi qui entérine et renforce des mesures en matière de renseignement et d’antiterrorisme.
- Depuis l'attaque de vendredi, l’opposition multiplie les critiques sur le bilan de l’exécutif en matière de sécurité.
- En insistant sur les sujets régaliens, Emmanuel Macron se projette déjà dans la présidentielle 2022.
Un texte qui arrive à point nommé pour l’exécutif. Quelques jours après l’assassinat d’une fonctionnaire de police à Rambouillet, le gouvernement présente, ce mercredi en conseil des ministres, un projet de loi qui entérine et renforce des mesures en matière de renseignement et d’antiterrorisme. La coïncidence est « bien triste » mais « la dernière réunion d’arbitrage était concomitante à l’attentat » vendredi après-midi, confie à l’AFP un conseiller ministériel.
Cette nouvelle loi vient s’ajouter aux dernières sorties d’Emmanuel Macron sur l’insécurité et la délinquance. A un an de la présidentielle, la majorité assume le ton sécuritaire des derniers mois, et balaye les critiques en laxisme de l’opposition.
Emmanuel Macron est « l’homme du chaos » pour le RN
Car depuis l’attaque au couteau de vendredi, la droite et le Rassemblement national ne cessent de fustiger le bilan du gouvernement en matière de lutte anti-terrorisme. « Emmanuel Macron a permis l’entrée d’1,8 million de personnes sur notre sol depuis 2017. Il a mis en cause gravement la probité de nos forces de l’ordre. Il aura été durant son quinquennat l’homme du chaos, l’homme du désordre, l’homme de la violence », a insisté ce lundi le vice-président du RN Jordan Bardella sur Cnews.
Même tonalité pour le numéro 2 des Républicains Guillaume Peltier, dimanche sur France 3, qui a dénoncé « la lâcheté et la soumission de nos gouvernants sur le terrorisme et la sécurité », appelant le gouvernement à « stopper toute immigration de façon radicale ». Cette demande de fermeté aux frontières a été reprise un peu partout à droite de l’échiquier politique, alors que l’assaillant abattu par la police vendredi était un Tunisien arrivé irrégulièrement en France en 2009 et régularisé en 2019.
« L’opposition se livre au concours de la saucisse »
Du côté de La République en marche, on balaie les critiques. « Ce n’est pas parce qu’un Tunisien entré illégalement en France tue une policière qu’il faudrait fermer toutes les frontières », réplique Caroline Abadie, députée LREM d’Isère. « L’opposition se livre au concours de la saucisse en vendant des fausses promesses comme le fait Xavier Bertrand avec les peines planchers et la condamnation sans jugement. Ce n’est pas réaliste, car nous sommes un Etat de droit », ajoute-t-elle.
Sylvain Maillard, député LREM de Paris et porte-parole du groupe à l’Assemblée, défend également le bilan du quinquennat : « La droite a toujours des grands mots, mais quand ils sont au pouvoir, il ne se passe rien, si ce n’est la réduction du nombre de policiers, quand nous, nous les augmentons », avance-t-il, alors que le chef de l’Etat a récemment confirmé l’objectif de 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires d’ici 2022.
Un thème majeur pour 2022 et assumé par les marcheurs
Si la sécurité est l’un des thèmes prégnants de ce printemps 2021, c’est aussi que la présidentielle est déjà dans toutes les têtes. La droite et le RN tentent de coincer Emmanuel Macron sur son bilan sécuritaire, qui pourrait être l’un de ses points faibles, car jugé négatif par 65% des Français selon un récent sondage Elabe.
« L’insécurité est une thématique lancinante depuis des années, souvenons-nous de la campagne de 2002. Mais Emmanuel Macron, ce n’est pas Lionel Jospin, il n’a aucune naïveté sur le sujet. Il a eu conscience qu’il fallait renforcer nos moyens policiers et juridiques. Nous n’avons pas à rougir de notre bilan », avance Roland Lescure, députée LREM et porte-parole du mouvement.
Selon une étude Ifop publiée dimanche, 86 % des personnes interrogées assurent que la lutte contre l’insécurité sera un élément important dans leur vote à la prochaine élection présidentielle. S’il souhaite être réélu, le chef de l’Etat sait qu’il est attendu au tournant. Alors que le projet de loi contre les séparatismes est encore en discussion au Parlement, le gouvernement multiplie les textes régaliens (réforme de la justice, irresponsabilité pénale), après plusieurs lois déjà adoptées, contre les casseurs ou sur « la sécurité globale ».
« Il y a une attente de nos concitoyens sur plus de sécurité, on se doit d’y répondre alors que ce n’était pas une de nos thématiques fortes en 2017, reconnaît Sylvain Maillard. Le " libérer-protéger " de la campagne se concentrait principalement du point de vue économique. Il concerna aussi en 2022 l’aspect sanitaire et sécuritaire ».