Régionales 2021 : L'exécutif toujours sous pression pour maintenir le scrutin prévu en juin
VOTE•Le gouvernement va recevoir dimanche l’avis du Conseil scientifique concernant le maintien en juin des élections régionales et départementalesLaure Cometti
L'essentiel
- Le Conseil scientifique doit remettre à Matignon dimanche un rapport sur la tenue des élections régionales et départementales les 13 et 20 juin.
- Alors que l’épidémie de coronavirus repart à la hausse, la question du maintien de ce scrutin, déjà décalé une fois, se pose.
- La majorité et l’opposition tentent de faire pression sur le gouvernement pour qu’il maintienne le vote prévu dans trois mois.
Aux urnes, en juin ? L’heure du choix approche pour l’exécutif concernant le casse-tête des élections régionales et départementales, prévues les 13 et 20 juin prochains. Le Conseil scientifique remettra dimanche au Premier ministre un rapport sur les conditions sanitaires permettant ou non la tenue de ce scrutin, a confirmé Matignon à 20 Minutes. Alors que la situation épidémique continue de se dégrader, l’opposition et même la majorité mettent la pression sur le gouvernement pour qu’il maintienne le vote dans trois mois.
Ne pas laisser le Conseil scientifique « dicter » le calendrier électoral
L’avis du Conseil scientifique est prévu dans le cadre de la loi, votée en février, sur le report de mars à juin de ces deux élections à cause de la circulation du coronavirus. L’instance est chargée d’analyser « l’état de l’épidémie de Covid-19, les risques sanitaires à prendre en compte et les adaptations nécessaires à la tenue des scrutins et des campagnes électorales les précédant ». Si l’on ignore le contenu de ce rapport, Jean Castex a déclaré la semaine dernière qu’il s’en remettrait « strictement à l’avis du conseil scientifique » quant à la possibilité d’organiser le vote.
Les partisans d’un scrutin en juin ont donc fait monter la pression depuis quelques jours, en attaquant la légitimité du Conseil scientifique. Trois associations d’élus ont publié lundi un communiqué, au lendemain d’une tribune de dix présidents de région de droite et de gauche parue dans Le Figaro. « Si le Conseil scientifique dicte le calendrier des élections, alors nous avons changé de régime politique sans l’avouer », s’emportent François Baroin (Association des maires de France), Dominique Bussereau (Assemblée des départements de France), et Renaud Muselier (Régions de France), dans leur communiqué.
Consensus politique
De la gauche à la droite, le maintien du vote en juin semble désormais faire consensus, même si l’incertitude demeure quant à la situation épidémique en juin. « Le scrutin pourra se dérouler en juin dans de bonnes conditions grâce aux mesures sanitaires », assure Anne Genetet, députée des Français de l’étranger et porte-parole du groupe La République en marche à l’Assemblée. Plusieurs élus évoquent les élections tenues en temps de Covid-19 au Pays-Bas, au Portugal ou aux Etats-Unis. Reste l’épineuse question de la campagne électorale. « Elle sera très locale, traditionnellement sans grand meeting, et les restrictions actuelles n’empêchent pas de tracter sur les marchés, faire du porte-à-porte… Sans compter les outils numériques qui permettent de toucher les électeurs », assure Anne Genetet.
Dans l’opposition, Les Républicains plaident aussi pour un maintien en juin. « On n’est pas censé basculer dans un régime où ce sont les scientifiques, les médecins qui dirigeraient la démocratie », juge Constance Le Grip, députée LR des Hauts-de-Seine. « C’est une décision politique, qui appartient à l’exécutif, et ne doit pas se coller sans aucune distance à un avis du Conseil scientifique ».
Un nouveau report ne pourrait se faire sans le Parlement
Le chef de file des sénateurs LREM François Patriat craint néanmoins une forte abstention à cause du contexte sanitaire, mais il estime qu’un report serait mal perçu par la population. « On va à l’école, on fait son jogging, pourquoi ne pourrait-on pas voter ? »
D’autant que l’exécutif assure pouvoir tenir ses objectifs de vaccination. « En juin, la pression épidémiologique ne sera pas la même qu’aujourd’hui », avance l’Elysée, qui table sur 30 millions de Français vaccinés en juin. « Rien n’est décidé à ce stade, et il faudra qu’un consensus politique se dégage », ajoute la présidence. A l’issue des concertations à Matignon, si l’exécutif optait pour un nouveau report, cela ne pourrait se faire sans l’accord du Parlement.