ELECTIONNicolas Dupont-Aignan, une campagne présidentielle 2022 entre deux rives

Présidentielle 2022 : Nicolas Dupont-Aignan, une campagne entre deux rives

ELECTIONMalgré son isolement, le candidat souverainiste à la présidentielle 2022 espère toujours être un point de jonction entre la droite et le Rassemblement national
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Nicolas Dupont-Aignan est candidat à l’élection présidentielle de 2022.
  • Le député souverainiste de l’Essonne, qui s’était allié avec Marine Le Pen en 2017, espère rassembler des électeurs venus de la droite et du Rassemblement national.
  • Mais le candidat est aujourd’hui isolé, et a vu partir de nombreux cadres de son parti.

Il a été l’un des premiers à se lancer dans la course pour 2022. C’était en septembre dernier, près de six mois déjà. « Les sondages commencent à être corrects, on m’avait enterré un peu vite », lâche Nicolas Dupont-Aignan. Le candidat Debout la France, donné à environ 7 % dans les enquêtes, est convaincu de son destin présidentiel. « Avec la crise sanitaire, les Français ont compris que le patriotisme sérieux, que je défends depuis vingt ans, est la seule voie pour redresser le pays ». Mais le candidat souverainiste, qui espère être un point de ralliement pour les électeurs du Rassemblement national comme ceux de la droite, apparaît très isolé.

Nicolas Dupont-Aignan a déjà tenté de conquérir l’Elysée en 2017. Après avoir obtenu 4,7% au soir du 23 avril, il avait fait alliance avec Marine Le Pen pour battre Emmanuel Macron. Mais l’accord, qui lui avait valu un flot de critiques, paraît bien loin. Le député de l’Essonne ne manque pas, désormais, d’égratigner la patronne du Rassemblement national. Son débat raté, pense-t-il, a montré aux Français son incapacité à gouverner. « Marine Le Pen est l’assurance-vie d’Emmanuel Macron. Son programme économique n’est pas sérieux et l’empêchera toujours de gagner », dit-il. Reste que l’énarque de 59 ans a peu d’arguments dans sa besace pour supplanter une candidate, donnée à plus de 25 % au premier tour de la future élection.

« Il pense avoir un destin national, mais il se trompe », lance un cadre du RN

Lui-même peine d’ailleurs à souligner les différences entre son programme et celui de son ancienne alliée, qui a renoncé à la sortie de l’euro et songe à abandonner la retraite à 60 ans. « Je n’ai pas la même personnalité ni la même histoire, j’ai une expérience de terrain, de gestionnaire. Je suis aussi populaire dans l’électorat LR que RN, et la victoire face à Macron sera la capacité de fusion de ces électorats », assure l’ancien maire de Yerres (Essonne). Pour tenter de s’imposer, il a même lancé l’idée d’une primaire ouverte à tous les souverainistes. Une proposition qui continue de faire sourire au siège du Rassemblement national.

« Il pense avoir un destin national, mais il se trompe. Même surgonflé dans les sondages, personne n’imagine Nicolas Dupont-Aignan au second tour en 2022, tacle Gilles Pennelle, membre du bureau national et tête de liste RN pour les régionales en Bretagne. Sa seule chance d’appliquer son programme est de nous rejoindre car il divise aujourd’hui le camp national. Les cadres de son parti l’ont d’ailleurs compris… »

Les « coups tordus » de ses anciens amis

Car Nicolas Dupont-Aignan est aujourd’hui capitaine d’un petit navire en crise. Une soixantaine de cadres locaux et nationaux, dont sa suppléante Lisa Haddad et l’ancien numéro 2 du parti Jean-Philippe Tanguy, ont quitté Debout la France pour soutenir Marine Le Pen. « Il est dans une opposition de façade au RN pour sauver son poste de député, sur une circonscription de droite. Mais ça l’entraîne vers une impasse politique car Marine Le Pen est la seule capable de battre Macron. Devenir la Arlette Laguiller du souverainisme est un gâchis », juge sévèrement son ancien protégé, Jean-Philippe Tanguy, désormais coordinateur d’un collectif rattaché au RN.

L’intéressé, lui, minimise ces départs, même si on le sent touché par ce qu’il nomme les « coups tordus » de ses anciens amis. « Un gaulliste est toujours isolé des castes et des vieilles soupes », soupire-t-il, « mais je suis convaincu que beaucoup viendront m’aider ». Sur l’autre rive, pourtant, celui qui a quitté l’UMP en 2007, compte encore moins de soutiens. Son alliance avec Marine Le Pen et ses déclarations fracassantes, sur la destitution d’Emmanuel Macron ou l’incendie de Notre-Dame, l’ont rendu infréquentable. « Nicolas Dupont-Aignan, ça ne m’intéresse pas du tout », glisse ainsi un député Les Républicains proche de Xavier Bertrand. « C’est un type qui était chez nous, et il a clairement montré qu’il ne voulait pas disparaître dans la Lepénie. Alors, on peut ne pas être d’accord avec lui sur tout, mais on a besoin de ses voix pour atteindre le second tour », tempère toutefois un cadre LR, qui espère un rapprochement.


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Même isolé, Nicolas Dupont-Aignan, lui, continue sa route, encouragé par les bons chiffres de sa page Facebook. « J’offre un autre choix pour l’immense classe moyenne qui n’en peut plus. Il faut mettre fin au désastre de la présidence Macron. S’il est réélu en 2022, le pays que j’aime est foutu ».