La CGT appelle à manifester ce jeudi pour la défense de l’emploi et des services publics
MOBILISATION•Une manifestation interprofessionnelle est prévue à Paris, avec un départ de la place de la République à 14 heures20 Minutes avec AFP
Sans nourrir d’illusions sur l’ampleur de la participation à l’heure d’un possible confinement, la CGT organise, ce jeudi, avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse une journée de mobilisation interprofessionnelle. Le but ? Occuper le terrain social et prendre date pour la suite.
Une manifestation s’élancera à 14 heures de la place de la République pour rejoindre Nation. Le 17 septembre dernier, lors de la précédente journée de mobilisation, 42.500 personnes avaient défilé en France, selon le ministère de l’Intérieur. A Paris, 10.000 personnes selon les organisateurs et 4.800 selon la police avaient défilé dans le calme sur le même parcours.
Sanofi dans le viseur de la CGT
Mot d’ordre de la journée de jeudi, la défense de l’emploi et des services publics, alors que « pas une journée ne se passe sans une nouvelle annonce de plan de suppressions d’emplois, de fermetures d’entreprises ou restructurations et réductions de services », soulignent les organisateurs dans un communiqué. De fait, le nombre de licenciements a explosé avec la crise sanitaire liée au Covid-19 : la direction des statistiques du ministère du Travail (Dares) comptait en janvier 84.130 ruptures de contrats de travail envisagées dans le cadre de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE), contre 30.562 sur la même période en 2019.
La CGT et ses partenaires demandent notamment une politique de « relocalisation industrielle », le « développement des services publics », l’interdiction des licenciements dans les entreprises bénéficiant d’aides publiques « surtout lorsqu’elles continuent à dégager des profits », détaille Céline Verzeletti, dirigeante confédérale de la CGT. Parmi les exemples les plus saillants de PSE, celui de Sanofi, où 364 emplois doivent être supprimés au sein de l’entité Sanofi-Aventis Recherche et Développement, selon les syndicats. Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez se rendra à 9h30 à un rassemblement devant le site du groupe à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Un rassemblement sera ensuite organisé devant le siège du groupe à Paris à partir de 11 heures, en présence du député LFI François Ruffin.
La crainte des violences
Entre 70 et 80 lieux de rassemblements sont prévus en France, moins que la centaine habituellement recensée, selon Céline Verzeletti. « Ça ne sera pas une journée qui pourra être massive », concède-t-elle. Certaines fédérations départementales ont renoncé à organiser des défilés, anticipant une faible participation alors que la perspective d’un troisième confinement est dans toutes les têtes. Elles prévoient d’autres actions, de proximité, comme des « bureaux d’embauche » virtuels devant les entreprises. De leur côté, la SNCF et la RATP ont dit s’attendre à un trafic normal jeudi sur leurs réseaux.
La crainte de violences, comme celles qui ont émaillé les manifestations contre la loi sécurité globale, peut aussi rebuter les participants. Selon Céline Verzeletti, un appel a été lancé auprès des organisations pour étoffer le service d’ordre de la manifestation et permettre à chacun de défiler « sans être violenté et sans être interpellé ». Sollicitée pour se joindre au mouvement, Force ouvrière a décliné. « Je ne suis pas convaincu que les conditions soient réunies aujourd’hui » pour une mobilisation d’ampleur, a souligné son secrétaire général, Yves Veyrier. Qu’à cela ne tienne, « on ne pouvait pas ne rien faire », dit Céline Verzeletti.
« Boule de neige »
Pour la dirigeante syndicale, l’enjeu est de « recréer une dynamique (…) de lutte et de mobilisation », de retisser du lien avec les représentants syndicaux et les salariés, en espérant que cela fasse « boule de neige » et débouche sur une mobilisation d’ampleur à l’heure de la levée des restrictions sanitaires. Interrogé dimanche sur RTL, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a dit « souhaite (r) » un printemps social.
Déjà, la « colère sociale est là », « l’inquiétude, elle s’exprime », a-t-il souligné. Le mois de janvier a été ponctué de plusieurs mobilisations sectorielles, avec un certain succès selon les syndicats : professionnels de santé le 21, de l’Education nationale le 26, du secteur de l’énergie le 28. Après la « sidération » des derniers mois, Céline Verzeletti se dit « persuadée qu’il y aura de fortes mobilisations » quand on aura retrouvé « la liberté d’agir et de circuler ».