EPIDEMIEL'exécutif mise sur la responsabilité pour éviter les contaminations à Noël

Coronavirus : Entre restrictions et recommandations, l'exécutif mise sur la responsabilité pour éviter les contaminations à Noël

EPIDEMIELe gouvernement souhaite que les Français puissent « profiter » des fêtes et a opté pour un déconfinement assorti de restrictions… mais aussi de simples recommandations pour la sphère privée
Laure Cometti

Laure Cometti

L'essentiel

  • A l’approche de Noël, le gouvernement a levé le confinement mardi en dépit d’une circulation du virus de Covid-19 supérieure à ses objectifs.
  • Il s’agit de « profiter » des fêtes, selon le Premier ministre, mais avec prudence. Pour éviter un rebond épidémique après les vacances et les rassemblements familiaux, le gouvernement insiste sur la responsabilité individuelle.
  • Pour savoir si ce pari a fonctionné, il faudra attendre les données épidémiologiques de début janvier.

Les fêtes de fin d’année seront-elles un nouveau test pour l’exécutif ? Après avoir déconfiné le pays, malgré des objectifs non atteints en matière de cas de Covid-19, le gouvernement insiste désormais sur la responsabilité individuelle. Avec des restrictions –couvre-feu, fermeture de certains lieux publics comme les musées ou les bars… – et des recommandations, il espère limiter les contaminations lors des réunions familiales pour Noël et la fin de l’année.

Le déconfinement maintenu malgré de mauvais chiffres

« La logique aurait probablement commandé » de maintenir les restrictions pour Noël, a reconnu le Premier ministre Jean Castex le 10 décembre dernier, mais cette fête occupe une « place à part dans nos vies et nos traditions ». En effet, l’épidémie de coronavirus est loin d’avoir suffisamment ralenti. Environ 12.000 nouveaux cas positifs quotidiens ont été enregistrés en moyenne au cours des sept derniers jours, plus du double de l’objectif fixé par le chef de l’Etat, de 5.000 nouveaux cas quotidiens.

Des chiffres qui font craindre une reprise épidémique, d’autant plus que les fêtes de fin d’année seront propices aux déplacements sur le territoire et aux rassemblements privés. « Ce n’est pas une situation idéale, loin de là, même si on observe une baisse de la pression hospitalière », note-t-on au ministère de la Santé. Malgré ces chiffres, l’exécutif n’a pas renoncé à déconfiner et a choisi de maintenir la dérogation au couvre-feu le soir de Noël. Il préfère opter pour des recommandations et s’en remettre à la responsabilité individuelle.

Des recommandations plutôt que des restrictions

Ce mercredi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a incité les Français à se protéger lors des fêtes. « Si vous passez le réveillon de Noël avec des personnes extérieures à votre foyer habituel, les gestes barrières doivent être respectés et cela implique le port du masque, notamment quand vous êtes en présence de personnes vulnérables ou âgées. »

Pour inciter à s’autoconfiner avant les repas de famille, Jean Castex a aussi annoncé mardi que les parents pourraient ne pas envoyer leurs enfants à l’école jeudi et vendredi. Le chef du gouvernement a également martelé son appel à limiter les rassemblements à six personnes, l'éventuelle limitation des réunions privées étant inconstitutionnelle.

« Un équilibre compliqué à trouver »

Pour le député Modem Erwan Balanant, cette stratégie découle d’un nouvel équilibre. « Aujourd’hui, les Français ont une meilleure connaissance de la maladie et ils ont adopté de nouvelles habitudes, dont les gestes barrières », estime l’élu du Finistère. « Il y a un équilibre compliqué à trouver entre restrictions et responsabilité individuelle dans la sphère privée ». S’il juge « très positif que le gouvernement fasse confiance aux Français », le parlementaire s’inquiète d’un possible « effet Thanksgiving ». Au Canada, les cas ont bondi après cette fête traditionnelle célébrée le 12 octobre*.

Afin de renforcer les appels à la responsabilité, le Premier ministre a d’ailleurs souligné que la réouverture des cafés, bars et restaurants, est conditionnée à la baisse de la circulation du virus. « Ça va dépendre de la façon dont nous aurons passé la période de fêtes », qui peut « être propice à une circulation accélérée » du virus si « nous n’étions pas collectivement responsables », a-t-il prévenu mardi sur Europe 1.

« Empêcher les Français de fêter Noël, c’est illusoire »

Il faudra attendre début janvier pour voir si les rassemblements de Noël ont causé une flambée des cas de Covid-19. « Une semaine après, on connaîtra l’effet sur les contaminations et, deux semaines après, sur les hospitalisations », explique le ministère de la Santé. « On s’attend à un impact, c’est certain. Mais de quelle ampleur ? c’est difficile à estime, car rien n’est encore joué. »

Le risque d’une troisième vague après les fêtes est pris au sérieux, tant par l'Organisation mondiale de la santé que par la majorité. « On nous a longtemps reproché d’être trop infantilisants, et je ne doute pas que les mêmes nous reprocheront d’avoir été trop laxistes » en cas de rebond épidémique après les fêtes, balaie Erwan Balanant. « Croire qu’on aurait pu empêcher les Français de fêter Noël, c’est illusoire », poursuit-on dans l’entourage d’Olivier Véran. « On préfère leur donner bons signaux et des bonnes informations, parce que de toute façon les gens ont envie de se rassembler ».

* Aux États-Unis, où Thanksgiving a été célébré le 26 novembre, il est encore trop tôt pour évaluer l’impact de ces réunions privées sur l’évolution de l’épidémie de coronavirus.