« Les sénateurs ne sont pas en fin de carrière », lance Elsa Schalck, plus jeune sénatrice de France
INTERVIEW•L’Alsacienne Elsa Schalck a été élue fin septembre au Palais du Luxembourg, à 34 ans. De quoi rajeunir la moyenne d’âge des sénateurs et sénatrices qui s’élèvent à 60 ansThibaut Gagnepain
L'essentiel
- A 34 ans, Elsa Schalck est depuis fin septembre la benjamine du Sénat. Pas la plus jeune de l’assemblée, mérite qui revient à Rémi Cardon, 26 ans et plus jeune sénateur de toute la Cinquième République.
- Au palais du Luxembourg, la moyenne d’âge est de 60 ans. Comment la Strasbourgeoise, avocate de métier, vit-elle son quotidien au milieu des « têtes blanches » ?
- « J’espère pouvoir apporter un nouveau regard », avoue l’intéressée, ravie mais aussi impressionnée d’avoir accédé à de telles fonctions.
Elle est la plus jeune sénatrice de France. Depuis fin septembre, Elsa Schalck, 34 ans depuis peu, abaisse largement la moyenne d’âge (60 ans) du palais du Luxembourg. Un peu moins que le vrai benjamin de l’assemblée, Rémi Cardon (26 ans), mais suffisamment pour avoir un regard neuf sur une institution souvent décriée. La Strasbourgeoise, élue Les Républicains, la défend et espère pouvoir y apporter « sa touche »
On compare parfois le Sénat à une maison de retraite… Qu’est-ce qui vous a motivé à le rejoindre si jeune ?
J’ai toujours été fascinée par l’élaboration de la loi dans notre pays. Ça a été mon quotidien déjà en tant qu’avocate et le mandat de sénatrice m’a toujours impressionné. Nous sommes dans un Etat de droit et la loi est au cœur de notre société. En tant que parlementaire, ça me plaît de l’élaborer, parfois d’en être à l’initiative ou de contrôler l’action du gouvernement. Je suis très heureuse d’être au Sénat.
L’Assemblée nationale ne vous faisait-elle pas davantage rêver ?
J’étais candidate aux législatives en 2017 car on se tourne naturellement plus vers l'Assemblée nationale. Je ne pensais pas spontanément au Sénat, qui est la deuxième chambre et le représentant des collectivités territoriales. Mais depuis que j’y suis, je vois à quel point les deux chambres sont un atout pour la démocratie. Le Sénat communique moins sur son activité mais il a exactement les mêmes prérogatives que l’Assemblée nationale. Avec un regard différent : on a un fort attachement au territoire et à l’importance de la décentralisation.
N’est-ce pas frustrant d’être « que » dans la deuxième chambre ?
C’est très intéressant d’avoir les projets de loi dans un deuxième temps car ça permet d’être moins dans l’instantané. D’avoir plus de recul que l’Assemblée, où il y a souvent un combat politique plus passionné. Par le jeu des amendements, on est dans la coconstruction. Au Sénat, il peut y avoir des accords quelles que soient les tendances politiques, du moment qu’on se retrouve sur l’essentiel. Ça a été le cas récemment sur l’enseignement agricole par exemple.
Vous sentez-vous à votre place au milieu de toutes ces personnes un peu plus âgées que vous ?
Le Sénat a beaucoup évolué. Ses membres ne sont pas en fin de carrière politique. Il se rajeunit, se féminise [34 % de femmes], c’est très bien. Je suis contente de pouvoir faire partie d’une nouvelle génération qui a la chance d’accéder à ces responsabilités. J’ai plutôt été impressionnée par la bienveillance qui nous entoure quand on arrive. Il faut pouvoir comprendre les codes d’une telle maison mais aussi apporter notre touche. J’espère pouvoir apporter un nouveau regard.
Ne vous a-t-on pas regardé de travers pour votre âge ?
Non, au contraire. On m’a plutôt dit que c’était bien que des jeunes qui arrivent au Sénat. Avec les personnes d’expérience, je pense qu’il y a une vraie complémentarité. Je suis encore en phase d’apprentissage et je pose beaucoup de questions à ceux qui sont là depuis plus longtemps que moi.
Est-ce que l’expression « train de sénateur » se justifie ?
Ça ne correspond pas du tout à la réalité ! Je suis élue depuis un peu plus deux mois et je suis arrivé en plein budget de la Sécurité sociale et on a enchaîné sur les budgets rectificatifs et maintenant le projet de loi de finance. L’activité législative est forte en ce moment.
Vous voyez-vous longtemps à ce poste ?
Je viens d’arriver donc pour l’instant, je me projette simplement dans l’activité qui est la mienne. J’espère pouvoir me saisir de sujets qui me tiennent à cœur.