Confinement : Pas de mobilisation massive contre les mesures de restriction, même si « la colère est là »
SOCIAL•Dans plusieurs pays d’Europe, les mesures de restriction ont entraîné des mouvements de contestation, entraînant parfois des heurts avec les forces de l’ordreT.L.G.
L'essentiel
- Alors que le coronavirus circule activement dans toute l’Europe, les gouvernements prennent un peu partout des mesures de restriction.
- Ces annonces ont entraîné des mobilisations massives dans plusieurs pays d’Europe, entraînant parfois des heurts avec les forces de l’ordre.
- En France, la colère se cantonne pour le moment aux seuls réseaux sociaux.
L’épidémie de coronavirus poursuit son expansion. En Europe, le nombre de nouveaux cas a bondi de 41 % au cours de la semaine écoulée, représentant la moitié des contaminations signalées ces sept derniers jours dans le monde. Un peu partout, les gouvernements prennent des mesures de restriction, allant parfois jusqu’au confinement. Ces annonces et la crainte de casse sociale ont provoqué des mouvements de révolte en Espagne, en Italie, ou encore en République tchèque, entraînant parfois des heurts entre les manifestants et les forces de l’ordre. Des manifestations moins importantes se sont également déroulées en Autriche, au Portugal, ainsi qu’au Royaume-Uni.
Le quinquennat d’Emmanuel Macron a été marqué par le mouvement des « gilets jaunes » et des mouvements sociaux d’ampleur, notamment contre la réforme des retraites. Mais la France n’a, pour l’instant, pas connu de mobilisation massive contre le durcissement des mesures sanitaires.
« On nous acclimate à une forme de perte de libertés et de contraintes »
Depuis le retour du confinement mercredi, quelques rassemblements ont bien eu lieu, à Paris et dans plusieurs autres villes comme Toulouse ou Nantes, mais de manière sporadique. Les mesures de quarantaine décrétées mercredi interdisent, il est vrai, de s’éloigner de plus de 1 km de son domicile, et rendent difficile toute manifestation.
a« Je ne sens pas sur le terrain une opposition très frontale contre les mesures de restriction, ni monter un mouvement de contestation fort comme dans les autres pays », témoigne le député communiste André Chassaigne. « On nous acclimate à une forme de perte de libertés, de contraintes, de sortie du droit commun, où la sécurité l’emporterait sur la liberté. Les dysfonctionnements et les tergiversations du gouvernement provoquent une perte de confiance dans le politique, et conduisent certains à baisser les bras, courber l’échine, pour trouver des réponses davantage à l’échelle individuelle et familiale. »
L’ex-LREM Frédérique Dumas, députée du groupe Libertés et Territoires, prévient toutefois : « N’oublions pas que nous avons connu les "gilets jaunes", le 49-3 sur les retraites… Il y a de la défiance et une colère dans une grosse partie de la population. Je ne sais pas si cela se traduira pas des manifestations, mais il y a parfois un sentiment de réduction excessive des libertés et de déconnexion de la part du gouvernement ».
La colère des petits commerçants
Ce sentiment d’injustice s’est illustré ces derniers jours par la révolte des petits commerçants, forcés de fermer boutique, avec le soutien de nombreux élus locaux. Pour apaiser les tensions, le gouvernement s’est empressé d’annoncer la fermeture des rayons dits non essentiels des grandes surfaces. L’exécutif veut à tout prix éviter d’ajouter une crise sociale aux crises sanitaire, économique et sécuritaire. Pour tâter le pouls de la population, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin aurait, selon Le Figaro, sondé une poignée de maires dont il est proche pour évaluer « l’acceptation du confinement en général » dans leur ville. Un signe d’inquiétude ?
Un sondage Elabe publié vendredi indiquait que seuls 67 % des Français approuvaient le confinement annoncé par l’exécutif. Un chiffre bien loin des 93 %, relevé lors du premier confinement en mars dernier. Par ailleurs, seuls 42 % des personnes interrogées feraient confiance au gouvernement pour gérer la crise, selon cette même enquête.
« La colère est là. Les mensonges du gouvernement sur les stocks de masques notamment ont entraîné une forte défiance. C’est problématique, car il n’y aura pas discipline sanitaire respectée sans consentement dans l’action de l’exécutif. Et ce soutien doit passer aussi par des mesures sociales plus fortes », avance la députée insoumise Mathilde Panot. Sur les réseaux sociaux, plusieurs messages appellent toujours à se mobiliser davantage contre les mesures du gouvernement.