« Communauté tchétchène », « islamo-gauchisme »… Retour sur la « semaine noire » de Jean-Luc Mélenchon
POLEMIQUE•Depuis l’attentat de Conflans-Saint-Honorine, le gouvernement accuse La France insoumise d’être le « parti de la laïcité honteuse »T.L.G.
L'essentiel
- Depuis l’attentat de Conflans-Saint-Honorine, La France insoumise est la cible de nombreuses critiques.
- Le gouvernement accuse ainsi le mouvement de Jean-Luc Mélenchon d’islamo-gauchisme, et d’être le « parti de la laïcité honteuse ».
- Les insoumis dénoncent un « procès politicien » sans aucun fondement. « Je mets au défi qui que ce soit, dans mes 50 ans d’engagement politique, de trouver un seul mot, une seule ligne qui peut être considérée comme non-laïque », a indiqué Jean-Luc Mélenchon sur France inter ce lundi.
Edit du lundi 26 octobre à 12h20 : ajout de la réaction de Jean-Luc Mélenchon.
Une semaine à vite oublier pour La France insoumise. Depuis la décapitation de Samuel Paty, vendredi dernier dans les Yvelines, Jean-Luc Mélenchon et son mouvement sont sous le feu des critiques. L’exécutif, la droite et une partie de la gauche accusent les insoumis d’un manque de fermeté, voire de complaisance, avec l’islamisme. « Il y a le terrorisme […] Et il y a l’idéologie, qui elle est beaucoup plus insidieuse, c’est l’islam politique, qui a ses complicités depuis des années en France, dans les partis politiques, la France insoumise qui ne cesse d’excuser l’islam politique », a par exemple dénoncé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire vendredi matin sur Europe 1.
« [Nous sommes] un bouc émissaire de confort pour toutes sortes de personnages et de clans aux motivations les plus diverses », a répondu jeudi Jean Luc Mélenchon dans une note de blog intitulée « la semaine noire ». Un titre à propos car le député des Bouches-du-Rhône a également dû s’excuser, après ses propos controversés sur « la communauté tchétchène ». 20 Minutes revient sur ces derniers jours de polémiques.
Que reproche-t-on à La France insoumise ?
A l’image de Bruno Le Maire, plusieurs membres du gouvernement ont ciblé les insoumis ces derniers jours. Jeudi, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a dénoncé « l’islamo-gauchisme », ciblant notamment le parti de Mélenchon. « Dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là [et qui] favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire ». Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, a accusé LFI d’être « le parti de la complaisance, de la laïcité honteuse et des valeurs républicaines à géométrie variable », dans Le Parisien. Des propos également entendus à droite, mais aussi à gauche, chez les anciens Premiers ministres socialistes Bernard Cazeneuve et Manuel Valls.
L’un des principaux reproches faits à Jean-Luc Mélenchon est sa participation, le 10 novembre 2019, à la marche « contre l’islamophobie » à laquelle avait notamment appelé Marwan Muhammad, ex-dirigeant du Collectif contre l’islamophobie en France, que le gouvernement souhaite aujourd’hui dissoudre. Pourtant, après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, le tribun contestait jusqu’au terme même d’islamophobie. Sur ces questions de laïcité, les adversaires de LFI ciblent aussi régulièrement les propos jugés ambigüs de la députée de Paris, Danièle Obono.
Et pour ne rien arranger, Jean-Luc Mélenchon s’est empêtré tout seul dans une polémique dimanche dernier. Après l’attentat de Conflans, perpétré par un jeune Tchétchène, le patron de LFI avait estimé « qu’il y [avait] un problème avec la communauté tchétchène en France ». Après ces propos, qui ont créé le malaise jusque dans ses rangs, l’association des Tchétchènes d’Europe a demandé à ses membres de déposer plainte pour « incitation à la haine ».
Les insoumis dénoncent « un procès politicien »
Face aux pressions, le député de Marseille a d’abord « regretté avoir utilisé le mot « communauté » à propos des Tchétchènes ». Pour le reste, Jean-Luc Mélenchon a appelé « à combattre l’islamisme » et dénoncé « une chasse aux sorcières » concernant les accusations en islamo-gauchisme. « Je mets au défi qui que ce soit, dans mes 50 ans d’engagement politique, de trouver un seul mot, une seule ligne qui peut être considérée comme non-laïque », a indiqué Jean-Luc Mélenchon sur France inter ce lundi.
« Je suis stupéfait de voir le gouvernement, dans une stratégie coordonnée, nous accuser quasiment de complicité avec les terroristes. Mais quand on leur demande des faits précis sur ces accusations, ils n’en ont pas. On est en réalité dans un procès politicien », s’agace Eric Coquerel. Le député LFI de Seine-Saint-Denis défend la participation des insoumis à la fameuse marche contre l’islamophobie de 2019.
« Pour de grandes causes, il arrive de marcher avec des gens avec lesquels vous êtes par ailleurs en opposition, dit-il. Ca a été le cas lors de l’hommage à Mirelle Knoll, à laquelle participait aussi Marine Le Pen ou le Crif, une organisation communautaire. Pourquoi regarder cette fois-là dans le détail ? 95 % des participants étaient des braves gens qui avaient peur de la haine anti-musulmans, alors qu’une mosquée venait d’être attaquée ».
Concernant la dissolution du CCIF, souhaitée par Gérald Darmanin, Eric Coquerel botte en touche. « Je n’ai ni amitié ni proximité avec le CCIF, mais j’attends de voir les preuves de sa dangerosité ou de ses liens avec l’islam politique, au-delà des déclarations d’un ministre de l’Intérieur. »