Douze ans de mandat, douze ans de salaire pour une heure de prise de parole
POLITIQUE•Nicolas Sarkozy a été qualifié de député fainéant par un député socialiste en réaction à l'expression utilisée par le Président début janvier qui avait qualifié ses prédécesseurs de «rois fainéants»...Maud Descamps avec agence
«On en a connu», des rois fainéants, avait déclaré Nicolas Sarkozy lors de voeux à l'Elysée aux parlementaires et aux conseillers de Paris. Mais sans citer de noms. Une déclaration qui avait aussitôt suscité des réactions indignées de l'opposition, mais aussi au sein de l'UMP.
Aucun débat, aucun amendement
«Nicolas Sarkozy, dans une formule peu élégante à l’égard de son prédécesseur, a évoqué les rois fainéants pour justifier son activisme présidentiel depuis son élection», a commenté l'ancien premier secrétaire du PS François Hollande, mercredi sur son blog. Pour François Hollande, cette volonté de «décider seul en République (...) finirait par faire regretter le temps des Mérovingiens».
Mais la réaction la plus vive est sans doute celle d'un député PS. René Dosière, spécialiste du budget de l'Elysée, a pour sa part détourné l'expression, qualifiant le Président d'ancien «député fainéant». «En tout et pour tout, il a parlé moins d'une heure dans l'hémicycle pendant les 12 années où il a été député, mais il a été payé à temps complet !», a déclaré l'élu de l'Aisne. Durant ces années, a affirmé René Dosière mardi soir devant l'Assemblée nationale, il n'a participé à «aucun débat parlementaire», «n'a déposé aucun amendement» et «sa présence à l'Assemblée se résume à 10 interventions brèves».
Quand Raffarin et Bernadette défendent Chirac
De son côté l'ex-Premier ministre Alain Juppé renvoie opposition et président de la République dos à dos, dans un billet sur son blog en date du 9 janvier: «Omniprésident ou roi fainéant ... Quel que soit le niveau de responsabilité, on ne peut donc résister à la tentation d’un bon mot, même quand il est injuste, inélégant, et surtout inutile».
Mardi soir lors des débats organisés par le Chêne, le club de réflexion gaulliste dirigé par la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, l'ancien chef de gouvernement UMP Jean-Pierre Raffarin avait aussi répondu à ce qui a été interprété comme une attaque voilée contre Jacques Chirac: «Je m'honore d'avoir servi un président que je considérais beaucoup plus comme un roi gaulliste que comme un roi fainéant». L'épouse de l'ancien chef de l'Etat a également réagi en protestant contre cette interprétation: «mon mari est un homme qui, pendant 40 ans, a démontré qu'il était un hyperactif, on avait même dit à un moment un agité ...», a-t-elle dit. «Pas un seul instant, je ne peux imaginer que Nicolas Sarkozy ait pu désigner mon mari (...) Je ne vois d'ailleurs pas, dans la Vè République, qui ce qualificatif pourrait désigner». Vraiment?