ASSOCIATIONPourquoi le gouvernement veut dissoudre le Collectif contre l’islamophobie

Attentat à Conflans : Pourquoi le Collectif contre l’islamophobie est dans le viseur du gouvernement

ASSOCIATIONTrois jours après l’assassinat de Samuel Paty, le ministre de l’Intérieur a annoncé sa volonté de dissoudre plusieurs associations dont le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF)
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

L'essentiel

  • Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a annoncé, ce lundi, une série d’actions contre les structures prétendument séparatistes.
  • Il a notamment évoqué le sort d’une cinquantaine d’associations, pami lesquelles le CCIF, dont il compte demander la dissolution.
  • Pour l’exécutif, ces structures considèrent « que l’islam est supérieur aux lois de la République ».

La cible a désormais un nom. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé, ce lundi matin, son intention de dissoudre plusieurs associations prétendument séparatistes, à commencer par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) en réponse à l’assassinat du professeur Samuel Paty, perpétré vendredi aux abords de son collège des Yvelines. Trois jours après les faits, le gouvernement ne veut pas perdre de temps.

Gérald Darmanin pourrait donc présenter, dès mercredi en Conseil des ministres, un décret permettant la dissolution de ce collectif, créé en 2000 sur un fondement « apolitique et areligieux », et dont les statuts prévoient de combattre l’islamophobie. « Qu’il prépare bien son truc parce que les recours sont prêts et nous irons jusqu’aux tribunaux internationaux pour nous défendre ! », promet déjà, en retour, une source proche de l’association. Sur son site Internet, le CCIF a également annoncé le dépôt de deux plaintes pour protester contre la « calomnie » dont il fait l’objet.

« Pour l’ensemble de son œuvre »

Plutôt discret par le passé, le CCIF avait pris la lumière à l’été 2016 en assurant la défense de deux jeunes femmes expulsées d’un restaurant de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) parce qu’elles arboraient un voile. Depuis, il a poursuivi son action en soutien aux musulmans de France, en se gardant bien, dans ses statuts, de faire le lien avec l’islam politique. Malgré tout, il avait créé la controverse en organisant, en 2019, une « marche contre l’islamophobie » particulièrement tendue.

« Je suis estomaqué qu’on veuille dissoudre le CCIF, réagit Marwan Muhammad, l’ancien directeur de cette structure, redevenu simple adhérent. Je suis sidéré parce que le CCIF n’a rien à voir avec l’attaque de vendredi. » Sur ce point, l’enquête est toujours en cours. Et elle s’intéresse évidemment à la vidéo diffusée par le père d’une élève critiquant le travail sur la liberté d’expression de Samuel Paty quelques jours avant les faits. Un petit film dans lequel il faisait clairement mention du CCIF…

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Quoi qu’il en soit, le gouvernement a pris sa décision. « [Le CCIF] est une structure qui mérite d’être dissoute. Comme d’autres, elle considère que l’islam est supérieur aux lois de la République. C’est une question de valeurs au sens large, indique l’entourage du ministre de l’Intérieur. On n’est pas ici exclusivement dans la queue de comète de l’affaire de vendredi. C’est pour l’ensemble de leurs œuvres qu’un certain nombre de gens et de structures sont aujourd’hui regardés… »

Le précédent Génération identitaire

Et le CCIF n’est pas la seule. Outre le CCIF, le gouvernement travaille en ce moment sur une cinquantaine d’associations proche de la mouvance radicale. Reste à savoir pour quel motif exactement leur dissolution pourra être réclamée.

L’article L212-1 du code de la sécurité intérieure prévoit sept raisons permettant aux autorités de supprimer une structure de la carte associative. Interrogé par 20 Minutes, le ministère de l’Intérieur s’est montré vague sur le fondement de laquelle elle comptait s’appuyer. « Mais les choses sont claires. Ce type de structure se rend coupable d’apologie du terrorisme et de trouble à l’ordre public », indique-t-on encore Place Beauvau.

Il va toutefois falloir être plus précis. En 2012, et plus récemment en 2019, l’exécutif avait montré les muscles en promettant de dissoudre le groupe d'extrême droite Génération identitaire… sans jamais y parvenir.