PARLEMENTLe groupe d'ex-députés LREM de l'aile gauche s'éteint et accuse la majorité

Assemblée : Le groupe d'ex-députés LREM de l'aile gauche s'éteint et accuse la majorité

PARLEMENTLes anciens marcheurs dissidents perdent un membre et passent sous le seuil des 15 députés requis pour former un groupe
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

C’est une disparition emblématique au Palais Bourbon. Après le départ ce vendredi d’une de ses membres, et sauf ultime rebondissement, le groupe Ecologie Démocratie Solidarité va disparaître et dénonce des « manœuvres » de la majorité à son encontre. Il est composé d’ex-députés La République en marche, de l’aile gauche du parti présidentiel.

La députée du Nord Jennifer de Temmerman a annoncé rejoindre le groupe Libertés et territoires, plus proche selon elle des « enjeux économiques, sociaux et écologiques » dans sa région face à la crise du coronavirus.

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« Manœuvres politiciennes incroyables »
Ce divorce fait passer EDS sous le seuil des 15 membres nécessaires pour être constitué en groupe à l’Assemblée nationale. Il faudrait trouver un nouveau député pour pouvoir demeurer.
« C’est depuis sa création que notre groupe est l’objet de manœuvres politiciennes incroyables » pour décrocher un à un ses membres, accusent les 14 élus restants dans un communiqué envoyé aux médias, dont 20 Minutes. Mais « rien ne pourra faire taire l’écologie et la solidarité à l’Assemblée nationale », proclament-ils, après cinq mois seulement d’existence.
Un groupe né en mai 2020
Avec la volonté d’aider à construire « le monde d’après », ce petit groupe « indépendant », coprésidé par Matthieu Orphelin et Paula Forteza, s’était formé en mai. Un groupe « en phase avec les attentes des citoyens d’aujourd’hui : environnement, participation citoyenne et encore féminisme », insiste Paula Forteza auprès de l’AFP.
Il était fort alors de 17 membres dont Cédric Villani, Aurélien Taché, et également l’ancienne ministre PS de l’Ecologie Delphine Batho. La nouvelle entité avait fait perdre aux « marcheurs » la majorité absolue, tout un symbole. Le groupe LREM a depuis enregistré une série d’autres départs, notamment vers Agir ensemble, à l’aile droite.
Plus que neuf groupes au Palais-Bourbon
Après avoir atteint le nombre record sous la Ve République de 10 groupes politiques, l’Assemblée va redescendre à 9 groupes. C’était devenu « calamiteux » pour le déroulement des débats, observe un responsable LR, pointant « un avatar du ni gauche ni droite » dans l’émergence d’autant de petits groupes.
« Tous ne sont pas très politiques » et certains « regroupements ressemblent à des associations d’auto-entrepreneurs », taclait récemment le titulaire du perchoir Richard Ferrand (LREM), qui ne visait pas forcément Ecologie Démocratie Solidarité.
Une victoire à son actif sur l’accès à l’IVG
Car ce groupe « petit mais costaud », selon l’expression de Matthieu Orphelin, a réussi à peser, il y a une semaine notamment, en faisant voter lors de sa « niche » parlementaire une proposition de loi allongeant le délai légal d’accès à l’IVG. Un texte en faveur du bien-être animal n’a pas pu passer le cap, faute de temps.
« On pouvait travailler avec LFI comme LREM sur des majorités de projet, cela a dérangé », estime Paula Forteza qui juge que « la promesse du "nouveau monde" en 2017 de faire évoluer les pratiques n’a pas été tenue ».
Un caillou dans la chaussure de la majorité ?
Autre fait d’armes : les députés EDS ont été un aiguillon dans l’opposition au projet de loi sur le retour des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles. Cette semaine, ils étaient en pointe dans la demande de contreparties écologiques et sociales aux aides aux entreprises prévues dans le budget 2021 face à la crise.
Aux yeux de Jennifer de Temmerman, qui se définit comme centriste, le groupe EDS « ne prend pas la direction souhaitée ». Et « certaines ambitions personnelles prennent le pas sur l’initiative collective et laissent de moins en moins de place aux avis nuancés ».
Main tendue du socialiste Olivier Faure
Une source parlementaire LREM les éreinte aussi : « Ils se présentent comme les purs, ceux qui portent toujours les promesses de gauche de Macron de 2017. Mais ils ont trop fait dans "l’anti" ». Matthieu Orphelin, proche de l’ancien ministre Nicolas Hulot, pointe lui « l’écart grandissant » de son groupe avec « le gouvernement et la majorité qui penchent à droite ».
Les 14 risquent de rejoindre les non-inscrits, avec moins de moyens. Sept collaborateurs du groupe vont être licenciés. Le patron du PS Olivier Faure a déjà tendu la main aux EDS : « si certains le souhaitent, nous les accueillerons dans notre groupe », a-t-il déclaré au Figaro, soulignant qu'« ils ont démontré leur proximité avec nos valeurs ces derniers mois ».