Coronavirus : Que peut-on attendre de l’interview de Macron en plein rebond de l’épidémie ?
ELYSEE•Le chef de l’Etat va s’adresser aux Français lors du journal télévisé ce mercrediLaure Cometti
L'essentiel
- Après avoir laissé pendant quelques semaines le Premier ministre Jean Castex, le ministre de la Santé Olivier Véran et les préfets prendre la parole pour annoncer des restrictions ciblées, Emmanuel Macron a choisi de revenir aux manettes en matière de communication sur le coronavirus.
- Il devrait annoncer ce mercredi des mesures sanitaires pour enrayer le rebond de l’épidémie de Covid-19 en France, et lancer un appel aux Français.
- La majorité espère inciter la population à réduire ses interactions sociales pour limiter les contaminations, en forte hausse sur le territoire et en particulier dans les métropoles.
Sa dernière prise de parole sur le coronavirus remonte au 14 juin dernier. Emmanuel Macron va de nouveau s’adresser aux Français pour leur parler de l’épidémie de Covid-19, ce mercredi à 19h55 dans le cadre d’une interview au journal télévisé du soir sur France 2 et TF1. Après avoir laissé ses ministres et son chef de gouvernement monter au créneau au début du rebond du coronavirus, le président revient à la manœuvre côté communication.
Dans la majorité, on voit d’un bon œil ce retour de la parole du chef de l’Etat, même si elle reflète aussi la gravité de la situation d’après les parlementaires interrogés par 20 Minutes.
Annoncer de nouvelles restrictions ?
Le chef de l’Etat répondra, en direct depuis l’Elysée, aux questions des journalistes Gilles Bouleau (TF1) et Anne-Sophie Lapix (France 2), un format moins solennel que les discours adressés aux Français. Dans la matinée, lors du conseil de défense hebdomadaire, l’exécutif examinera « les données épidémiologiques pour voir s’il y a lieu d’aller plus loin », a annoncé lundi le Premier ministre Jean Castex, sur France info.
L’interview présidentielle pourrait être l’occasion d’officialiser de nouvelles restrictions des libertés pour enrayer la recrudescence de l’épidémie. Un couvre-feu, par exemple, comme l’envisagent certains députés marcheurs. « On n’a pas le droit d’interdire des rassemblements privés en France. La seule manière de lutter contre cela, c’est une limitation de la circulation dans certaines villes, à partir d’une certaine heure », avance le député La République en marche Bruno Bonnell (Rhône). Parmi ses collègues, on spécule aussi sur une possible interdiction des déplacements interrégionaux, sorte de reconfinement local pour éviter que les habitants des villes les plus contaminées diffusent le virus dans d’autres régions, en particulier à l’occasion des vacances de la Toussaint.
Il ne devrait donc pas y avoir beaucoup de bonnes nouvelles, mais le chef de l’Etat pourrait développer sa stratégie destinée à aider les Français les plus en difficulté. Le gouvernement doit présenter samedi des mesures pour «les plus vulnérables».
« Il faut une prise de conscience collective »
Outre d’éventuelles annonces, la majorité attend du chef de l’Etat qu’il appelle la population à modifier ses comportements, une injonction pourtant très délicate car impossible juridiquement. « Les Français doivent faire attention dans leurs interactions privées, même s’ils ont du mal à l’entendre et l’accepter », souligne la députée MoDem des Hauts-de-Seine Isabelle Florennes. L’intervention d’Emmanuel Macron est aussi nécessaire pour inciter la population à respecter les restrictions déjà en vigueur selon la parlementaire qui dit constater trop de cas de « non-respect des mesures dans la région parisienne ». « Si les gens ne respectent pas les restrictions, on va devoir prendre mesures plus drastiques », craint-elle.
Le Premier ministre a d’ailleurs constaté lundi sur France info que les règles édictées par son gouvernement ne sont pas toujours respectées. « Il ne peut plus y avoir de relâchement », a prévenu Jean Castex, estimant que « les Français ont considéré un peu trop vite, malgré les discours que nous tenions, que ce virus avait disparu ». « Il faut une prise de conscience collective », abonde Bruno Bonnell.
« Prendre de la hauteur » pour effacer les incohérences
L’exercice est difficile, convient-on dans les rangs des députés, car le gouvernement ne veut pas que l’économie du pays pâtisse encore davantage du coronavirus. « Emmanuel Macron doit expliquer pourquoi les mesures sont indispensables et doivent être respectées, mais aussi rassurer les Français », avance Erwan Balanant, député MoDem du Finistère. « En somme, faire de la pédagogie et appeler à la responsabilité de chacun ». Pour justifier les restrictions, le président devrait « souligner qu’il y a du mieux dans des zones où ont été appliquées des mesures contraignantes, comme à Nice », indique une source proche de l’exécutif, citée par l’AFP.
A Emmanuel Macron aussi la tâche d’apporter de la « cohérence », répète-t-on dans la majorité. « Sa parole permet de prendre de la hauteur, c’est nécessaire car il y a parfois des discours qui suscitent l’incompréhension chez les Français », note la centriste Isabelle Florennes, « par exemple lorsqu’un membre du gouvernement appelle les Français à maintenir le tourisme national, tandis que d’autres demandent de limiter les déplacements ».
Expliquer pour faire accepter
Alors que les restaurateurs, les patrons de discothèques ou certains élus locaux ont mis en cause certaines décisions prises à Paris, « il faut expliquer pourquoi ces mesures ont du sens », insiste le marcheur Bruno Bonnell. « Pourquoi ferme-t-on les cirques mais pas les cinémas ? L’expliquer, c’est crucial pour que les Français acceptent et respectent ces mesures ».
Emmanuel Macron devrait également rappeler les mesures prises par son gouvernement depuis la première vague épidémique, alors que des experts indépendants nommés par l’Elysée ont pointé mardi des failles dans la gestion de la première vague du coronavirus. Lors de la traditionnelle interview du 14 juillet, le chef de l’Etat avait assuré que la France serait prête en cas de deuxième vague