Les maires écologistes demandent au Tour de France plus de « sobriété »
MOLLO•Grégory Doucet, le maire de Lyon, a été le premier à attaquer, mais il n’est pas le seul a demander des efforts à la Grande Boucle20 Minutes avec AFP
Ils déplorent son impact environnemental et son coût pour les collectivités : les maires écologistes des villes susceptibles d’accueillir le Tour de France réclament davantage de « sobriété » aux organisateurs de l’épreuve, dont ils critiquent certaines pratiques, jugées d’un autre âge. Dernier en date à épingler la Grande boucle, le maire de Lyon Grégory Doucet n’a pas mâché ses mots en qualifiant mercredi le Tour de « machiste et polluant ».
L’édile fraîchement élu a prévenu que sa ville, qui a déboursé 600.000 euros pour accueillir ce samedi l’arrivée de la 14e étape, n’entendait pas candidater à nouveau tant que l’épreuve n’aurait pas « démontré qu’elle peut évoluer ». Grégory Doucet a argumenté qu’il n’était « plus acceptable » d’inviter des manifestations sportives « dont la première priorité n’est pas de se poser la question de leur empreinte » sur l’environnement.
Le président de la Métropole a calmé le jeu
Jeudi, devant le tollé provoqué par ces déclarations, le président EELV de la métropole lyonnaise Bruno Bernard a loué cette épreuve « magnifique » et « populaire » qui fait partie « de notre patrimoine ». Mais il l’a appelée à « plus d’écoresponsabilité ».
À Bordeaux, où l’écologiste Pierre Hurmic a mis fin en juin à sept décennies de règne de la droite, la ville assure qu’elle « restera candidate » à un départ ou à une arrivée d’étape dans les années à venir. Mais la nouvelle municipalité espère « un signal fort en faveur de l’environnement » de la part d’Amaury Sport Organisation (ASO). Elle précise que le nombre de voitures qui composent la caravane et la pollution causée par ses gadgets publicitaires seront particulièrement scrutés en vue d’une prochaine candidature.
La capitale régionale Rennes, où les Verts appartiennent à la majorité de la maire Nathalie Appéré (PS), avait lancé le débat, en déclinant tout accueil du Tour en 2021. Plus pour des raisons budgétaires qu’écologiques, avait-on alors expliqué. De son côté, le directeur de la Grande Boucle, Christian Prud’homme, explique que le Tour n’ira pas « où il n’est pas souhaité », bien qu’il ait « vocation à aller partout à la rencontre de son public ».
ASO se défend
« Les élus écologistes estiment sans doute que nous n’allons pas assez loin, pas assez vite. Mais nous nous inscrivons dans une démarche de progrès et développons au fil des éditions une politique de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) qui tient compte de l’importance de l’événement, de son itinérance et de son succès », ajoute-t-il. Cette année, et pour la première fois de son histoire, « la totalité » des véhicules de l’organisation dans la course « sont hybrides » et « à trois reprises », trois voitures de direction de course « seront 100 % électriques ».
« Le Tour a commencé à évoluer. Mais il reste des axes d’amélioration, comme l’image de la femme, l’impact des émissions de gaz à effet de serre et la gestion des déchets. Sur ce dernier volet, son passage peut être traumatisant pour la montagne », analyse le maire écolo de Grenoble Éric Piolle. « Le Tour ne peut prendre en compte seulement ce qu’il émet, mais il doit intégrer une vision globale », souligne l’élu. Il rappelle toutefois que « le vélo est un sport bien plus sobre que d’autres, à bien des égards ».