ELECTIONLe délicat retour de Castaner, candidat à la tête des députés LREM

Christophe Castaner à la tête des députés LREM, un retour plus délicat que prévu ?

ELECTIONA ce stade, cinq autres candidats sont en lice pour ce scrutin interne dont le résultat sera connu le 10 septembre
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Après avoir été évincé du gouvernement, Christophe Castaner est candidat à la tête du groupe LREM à l'Assemblée.
  • La députée Aurore Bergé, qui a reçu des soutiens, pourrait être une sérieuse rivale.
  • Les résultats du scrutin interne seront connus à l'ouverture des journées parlementaires du groupe, le 10 septembre prochain.

On l’avait quitté les yeux humides, sous le soleil de juillet du parvis du ministère de l’Intérieur, quelques heures après son éviction du gouvernement. Après la passation de pouvoir, Christophe Castaner est allé oublier les derniers mois de galère sur ses terres, dans les Alpes-de-Haute-Provence, qui l’ont visiblement inspiré. « Rien d’autre aujourd’hui. Que de regarder l’été. Au cœur, la Provence », postait-il sur son compte Instagram, ajoutant une semaine plus tard un autre cliché tout aussi « poétique » : « La vague, va et vient ».

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Comme pour signaler que l’ancien premier flic de France préparait son retour. Fin juillet, l’ancien élu de Forcalquier annonçait, dans un message à ses collègues, son désir de succéder à Gilles Le Gendre à la tête du groupe LREM à l'Assemblée nationale, en ticket avec la députée Marie Lebec. « J’ai envie de porter avec vous nos valeurs. Envie de renouer pleinement, à vos côtés, à l’Assemblée, avec cet esprit de conquête né pendant la campagne ».

Christophe Castaner embrasse les députés LREM.
Christophe Castaner embrasse les députés LREM.  -  Thibault Camus/AP/SIPA

Un duel difficile face à Aurore Bergé ?

Son statut d’ancien ministre et de proche d’Emmanuel Macron fait de lui le favori. Mais le scrutin interne, dont les résultats seront dévoilés lors des journées parlementaires LREM le 10 septembre à Amiens, sera loin d’être une promenade de santé. Car une multitude de collègues a pris part à l’aventure : l’ex-président de l’Assemblée François de Rugy, le député de le Seine-Saint-Denis Patrice Anato, l’élue de l’Hérault Coralie Dubost, Rémy Rebeyrotte de Saône-et-Loire et Aurore Bergé. Et selon plusieurs parlementaires, cette dernière serait sa rivale la plus sérieuse.

La députée des Yvelines a déjà reçu de nombreux soutiens, dont celui de Sylvain Maillard. « Aurore Bergé coche plusieurs cases : c’est une grosse bosseuse, elle est appréciée du groupe, passe bien dans les médias, et ce serait un beau signal d’avoir une femme à la tête du groupe », plaide le député de Paris. Ce dernier argument pourrait peser dans la balance, car si La République en marche prône régulièrement la parité, elle a pour le moment toujours placé des hommes aux postes importants de l’Assemblée nationale (groupe ou présidence), comme à la direction du mouvement.

« L’égalité femmes-hommes est la grande cause du quinquennat et nous avons aussi besoin de l’incarner […]. Je n’aime pas l’idée de "ticket". C’est une manière de faire avaler la pilule. Aujourd’hui, les femmes peuvent être numéro un », a d’ailleurs piqué Aurore Bergé dans un entretien au JDD. Une sortie peu appréciée par les soutiens de Castaner. « Un coup de griffe inutile. Et avoir une femme pour une femme… Si c’est pour se retrouver avec Aurore Bergé, non merci ! », tacle l’un d’eux.

Casta s’est-il éloigné de la base des marcheurs ?

« Sur le papier, Castaner est favori. C’est un politique aguerri, proche de l’exécutif, qui sait mener des batailles. Mais deux courants au sein du groupe pourraient lui coûter, prévient le député du Rhône Bruno Bonnell. Ceux qui veulent une femme à leur tête et ceux qui ne souhaitent pas transformer la présidence du groupe en poste de recyclage ».

C’est l’autre danger : s’être éloigné de la base des marcheurs après trois ans passés au gouvernement. « Castaner était ministre, il revient en député, tant mieux. Ca nous fera une personne de poids au groupe. Mais je préfère soutenir quelqu’un qui était à nos côtés pendant trois ans, que je connais mieux, comme Aurore Bergé », souligne ainsi Monique Limon, élue de l’Isère.

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L’ancien locataire de Beauvau aurait d’ailleurs réalisé une jolie boulette lors de l’envoi de sa candidature à ses collègues, en se trompant de prénom à plusieurs reprises selon L'Obs. Pour recoller les morceaux, Casta a organisé deux sessions d’échanges en visioconférence avec les députés du groupe, jeudi et vendredi. « C’est pas con, il dit "on va se parler franchement", quand d’autres candidats préfèrent appeler les députés un par un pour les convaincre », s’amuse Bruno Bonnell. L'ex-ministre de l'Intérieur a aussi reçu un soutien de poids mardi, celui du Premier ministre en personne, qui l'a convié à un petit-déjeuner à Matignon.

« Il y aura match avec Bergé car personne n’ignore que la tête du groupe n’était pas la priorité première de Castaner. Il voulait rester ministre, dont acte. Mais il connaît bien le Parlement, il fait partie du cercle des plus fidèles donc je pense qu’il a de l’avance », indique un député influent, qui ajoute en souriant : « Et en Macronie, c’est souvent le favori qui gagne ».