Grenoble : Eric Piolle réélu maire lors d’un conseil municipal électrique
DEMOCRATIE•Alain Carignon, l’ancien maire condamné pour corruption, était le doyen et donc le président de la séance20 Minutes avec AFP
Si le suspense sur la réélection de l’écologiste Eric Piolle comme maire de Grenoble était très réduit vendredi, le premier conseil municipal a connu son lot de péripéties avec Alain Carignon comme président de séance en vertu de son statut de doyen. Eric Piolle, fort des 53,13 % des voix emportées par sa liste au second tour des municipales dimanche, a recueilli les 46 voix de son groupe sur les 59 du conseil municipal.
Emilie Chalas (LREM) a voulu aller « au bout de sa démarche » en se portant candidate et a recueilli les 3 voix de son groupe. Les autres bulletins étaient nuls (7) ou blancs (3). « Je déclare Eric Piolle élu à la majorité absolue (…) et je le félicite », a déclaré Alain Carignon, l’ancien maire (1983-95), aujourd’hui opposant DVD. C’était une heure après le début de ce conseil.
« Doyen encore assez vert »
Une heure où « les joies de la démocratie » ayant fait du « doyen encore assez vert », comme il s’est décrit du haut de ses 71 ans, le président d’une séance dont il a monopolisé les premiers moments. Rappelant que c’était une doyenne qui l’avait intronisé en 1983 alors qu’il était « le plus jeune maire de France », Alain Carignon a aussi rappelé que le musée de Grenoble – où se déroulait le conseil en raison des mesures sanitaires – était une de ses réalisations.
Quand Alain Carignon s’est exprimé comme président de groupe d’opposition, il a tout bonnement « proposé à la majorité de choisir un autre candidat » qu’Eric Piolle, estimant qu’une « ambition présidentielle n’est pas compatible avec la gestion de la ville ». Preuve que la joute était attendue, la plus jeune co-listière de Piolle, âgée de 20 ans et secrétaire de séance, a rappelé qu’elle était née « après la victoire des Bleus en 1998 » et qu’elle « n’avait donc pas connu les années de corruption » qui ont valu à Alain Carignon une condamnation dans l’affaire de la délégation de la gestion du service de l’eau.
« Leçons de morale »
Dans son discours de maire investi, Eric Piolle a demandé aux élus de lever leur verre d’eau « qui ici a une signification toute particulière ». « On ne peut pas se laver dans les urnes, la tache est indélébile », a-t-il lancé à Alain Carignon. Le passé judiciaire de l’ancien édile est revenu dans les échanges à plusieurs reprises, avec des éclats de voix et quelques huées.
A Emilie Chalas, qui se positionne dans une opposition constructive et demande à Alain Carignon « de foutre un peu la paix » aux autres minoritaires du conseil, Eric Piolle s’est dit « prêt à travailler » avec elle, comme lors de la crise du Covid-19. Quant à Olivier Noblecourt (PS, à la tête d’un groupe de 3 élus), qui a offert de s’associer à la « mobilisation » face aux enjeux « climatiques, sanitaires, économiques et sociaux », il s’est fait battre froid par Eric Piolle qui s’est dit préparé à « écouter ses lecons de morale ». Le prochain conseil est programmé fin juillet.