PORTRAITQui est Bruno Bernard, nouveau président écolo de la métropole de Lyon ?

Résultats des métropolitaines à Lyon : Bruno Bernard doit être élu président de la métropole ce jeudi, qui est-il ?

PORTRAITBruno Bernard, tête de liste EELV aux élections métropolitaines à Lyon, doit être élu ce jeudi à la tête de la collectivité lors d’une assemblée prévue dès 10 heures
Elisa Frisullo avec C.G.

Elisa Frisullo avec C.G.

L'essentiel

  • Bruno Bernard, tête de liste EELV à la métropole, doit être élu ce jeudi à la tête de la collectivité lyonnaise.
  • L’ancien conseiller municipal de Villeurbanne, entrepreneur, succédera à David Kimelfeld.
  • « 20 Minutes » dresse le portrait de cet homme méconnu du public mais habitué de la vie politique depuis l’enfance.

Ses résultats au second tour des métropolitaines ont surpris au sein même de ses rangs. A 49 ans, Bruno Bernard s’apprête à devenir ce jeudi le nouveau président de la métropole de Lyon lors d’un vote en assemblée. Une formalité, au final, pour cet entrepreneur que peu, jusqu’alors, voyait conquérir l’agglomération aussi facilement.

« Tout le monde pensait que la présidence se jouerait au troisième tour », résume le maire sortant PS de Villeurbanne Jean-Paul Bret, qui a connu Bruno Bernard dans sa mairie entre 2008 et 2014, alors qu’il était conseiller municipal EELV. En remportant 9 des 14 circonscriptions dimanche soir, l’écologiste s’est finalement assuré d’une majorité au sein de la future assemblée et donc de la présidence de la métropole. « Il a bénéficié de la déliquescence collombinenne et des dissensions entre Collomb et Kimelfeld. Les gens ont voté vert. Il le dit lui-même. Bruno Bernard ou Bernard Bruno, ça aurait été pareil », ajoute l’ex conseiller métropolitain.


Tous les résultats à Lyon

Baigné dans l’univers socialiste

Cette victoire, l’écologiste l’a annoncée en personne dimanche soir, bien avant les résultats officiels, au cours d’une allocution courte et plus que sobre. Un ton et une attitude loin de l’excitation ou la joie attendue en de telles circonstances qui correspondent bien à la description que font de lui ceux qui le connaissent ou l’ont côtoyé dans la vie publique. Car si Bruno Bernard est méconnu et traîne l’image d’un novice de la politique, il baigne en réalité dedans depuis son plus jeune âge.

« J’ai connu Bruno Bernard enfant et adolescent à travers son père, Roland, ancien député-maire d’Oullins et de sa maman Nicole, toujours militante au PS », se souvient Jean-Paul Bret. Son paternel, mort en 2009, était un proche de François Mitterrand, qui avait l’habitude, après son passage annuel à la Roche de Solutré, de passer la soirée dans la maison de famille de Bruno Bernard, à Cluny, en Saône-et-Loire. Sa mère Nicole faisait sa fameuse soupe pour l’occasion. « Il a grandi en voyant un président de la République qui en imposait. Cela a dû le marquer », ajoute le maire sortant de Villeurbanne qui se souvient que, gamin, Bruno Bernard était le seul de sa fratrie de quatre garçons à s’intéresser aux activités de son père et à la politique.

Bercé au socialisme, il quitte pourtant le PS à 25 ans pour rejoindre les Verts quelques années plus tard, en 2002. Cet ancien Oullinois, passionné de foot et grand amateur de vin, travaille alors à la tête d’une entreprise de désamiantage. Puis en 2007, il fonde dans cette même activité sa propre société qui embauche aujourd’hui une vingtaine de salariés. Sa fonction d’entrepreneur a sans doute été un atout pour lui ces dernières semaines lorsque, dans l’entre-deux tours, certains dans le camp de ses adversaires ou dans le milieu économique ont appelé à faire barrage aux Verts. Et ce, en agitant la menace d’une idéologie pouvant menacer la dynamique actuelle de la métropole.

Travailleur, calme et procédurier

Des arguments balayés par Emeline Baume, ancienne conseillère municipale et métropolitaine et future première vice-présidente de Bruno Bernard, en charge de l’Economie. « C’est notamment parce qu’il est entrepreneur qu’il a été désigné tête de liste. C’est un investisseur aussi, partie prenante dans plusieurs sociétés d’intérêt collectif. Il y investit depuis dix ans et pas en se disant qu’un jour il sera président de la métropole, souligne la quadragénaire. Bruno a une approche de gestion, de performances sociales et environnementales », estime celle qui voit son aîné comme un homme « posé, organisé, fiable et direct ».

D’autres, dans ses rangs, évoquent un homme très « travailleur », « rigoureux », « méticuleux ». Trop ? « Les gens de ma majorité le surnommaient le numérologue. Il comptait tout, vérifiait tout », se souvient Jean-Paul Bret, qui a eu un contact « difficile » avec l’écologiste. « Très procédurier » selon l’ex édile, Bruno Bernard a même engagé un recours en son nom propre contre la mairie pour faire réévaluer le loyer accordé par la ville au club de basket de l’Asvel, qu’il jugeait bien insuffisant. « Il a d’ailleurs eu gain de cause devant le tribunal administratif et nous avons augmenté le loyer », ajoute le socialiste, qui garde l’image d’un homme « froid, distant ».

« Pas beaucoup d’humanité »

« Il n’a pas fait preuve de beaucoup d’humanité dans les rapports, je souhaite que cela s’améliore, j’y crois, puisque j’ai voté pour lui. Mais cela risque d’être une épreuve pour lui ce mandat. A la présidence de la métropole, il faut composer, dialoguer, être à l’écoute. Il a du chemin à faire ». Un air froid et une nature de taiseux qui ne sont pas incompatibles avec sa nouvelle fonction selon ses soutiens.

« C’est sûr que ce n’est pas un tribun, mais la métropole a besoin de quelqu’un comme lui. De serein, qui n’a pas de problème d’ego. Il est très respectueux des autres et ne réagit par idéologie ou militantisme. Il analyse les choses et ne donnera pas son accord sans avoir passé une idée à la grille de lecture de la réalité », ajoute Emeline Baume. Un portrait assez proche de celui que fait de lui Romain Meltz, politologue lyonnais.

« Sa personnalité est parfois déconcertante, un peu âpre, concède-t-il. Mais c’est un homme de dossiers. Il est très intelligent. Avec lui, il n’y a aucun risque de ne pas comprendre les dossiers en cours. Il a été secrétaire régional d’EELV entre 2013 et 2016 puis promu membre exécutif du parti, responsable des élections et des relations avec les autres partis. Tout cela demande des capacités à gérer l’humain. Il a les épaules solides pour diriger sans problème la métropole en étant très largement au niveau de David Kimelfeld ou de Gérard Collomb ».

Chacun pourra en juger dans quelques années, une fois l’élu durablement installé à la tête de la métropole. Une fonction que l’écologiste, célibataire et sans enfant, devra incarner rapidement vu l’urgence économique, sociale et écologique amplifiée, dans la métropole comme partout ailleurs, par la crise du coronavirus.