Municipales 2020 : Candidatures, RIC… Que reste-t-il du mouvement des « gilets jaunes » ?
CAMPAGNE•Les gilets jaunes ont peu investi le scrutin municipal prévu les 15 et 22 marsLaure Cometti
L'essentiel
- Pour les élections municipales 2020, une nuance « gilets jaunes » a été créée par le gouvernement. Seules dix listes ont cette étiquette parmi les communes de plus de 3.500 habitants.
- Des « gilets jaunes » figurent toutefois sur des listes non estampillées comme telles, mais allant de l’extrême gauche à l’extrême droite, ou parfois non partisane.
- Leur revendication d’un RIC, pour référendum d’initiative citoyenne, a par ailleurs été reprise par des candidats de tous bords.
Né il y a plus d’un an, le mouvement des «gilets jaunes » a fini par s’installer dans le paysage politique français. Mais malgré la mobilisation sur les ronds-points quelques mois plus tôt, il n’avait pas trouvé de débouchés électoraux lors des européennes de mai 2019. En sera-t-il autrement pour les élections municipales des 15 et 22 mars ? Pour ce scrutin, les listes étiquetées « gilets jaunes » sont très peu nombreuses, mais quelques figures du mouvement sont en campagne, dispersées sur des listes d’alliance ou non partisanes. Sans compter quelques mesures phares, qui se sont fait une place dans les programmes. 20 Minutes fait le point.
Dix listes nuancées « gilets jaunes »
Dans le registre des candidatures aux municipales publié par le ministère de l’Intérieur, seules dix listes figurent dans la catégorie « gilets jaunes » – une nouveauté de ce scrutin, cette nuance politique ayant été créée par une circulaire de Christophe Castaner. Il faut préciser que ce nuançage est attribué par la préfecture sur déclaration des candidats, pour les communes de plus de 3.500 habitants seulement.
Deux listes « gilets jaunes » se présentent dans le Vaucluse (à Cavaillon et Pertuis), deux à La Réunion (La Possession et Saint-Denis) et une dans le Gard (Bagnols-sur-Cèze), la Haute-Garonne (Revel), l’Hérault (Frontignan), l’Isère (Saint-Clair-du-Rhône), la Haute-Marne (Saint-Dizier) et la Meuse (Commercy).
Des figures éparpillées sur des listes variées
Si le mouvement a toujours refusé tout porte-parole, plusieurs figures locales avaient émergé. Certaines se sont lancées dans la campagne municipale, tel Côme Dunis. Figure médiatisée du rond-point « Cacahuète », près de Montargis (Loiret), l’ancien commercial est candidat non loin de là, à Paucourt, face au maire sortant. « Le mouvement des "gilets jaunes", c’est du passé, moi je ne regarde pas dans le rétro », a-t-il déclaré à France Bleu Orléans, justifiant son engagement par son attachement à sa ville natale.
Dans l’Essonne, à Vigneux-sur-Seine, Benjamin Cauchy brigue la mairie avec le soutien du parti de Nicolas Dupont Aignan, Debout la France, dont il est devenu le porte-parole. En Gironde, à Cubnezais, Patrice Manterola, fonctionnaire et « gilet jaune depuis le départ », mène la liste du RN.
D’autres « gilets jaunes » ne sont pas tête de liste. A Louviers (Eure), l’infirmière Ingrid Levavasseur figure en deuxième position sur la liste de Philippe Brun, soutenue par EELV, LFI, le PCF. Des « gilets jaunes » sont sur les listes LFI à Nantes et à Bobigny.
En revanche, Jacline Mouraud, Jean-François Barnaba et Christophe Chalençon ne sont pas candidats, malgré leurs tentatives. La première, une Bretonne de 52 qui avait interpellé Emmanuel Macron dans une vidéo devenue virale, a été recalée d’une liste à Bohal (Morbihan). Le deuxième, qui figurait sur la liste de Florian Philippot (Les Patriotes) aux européennes de 2019 (0,65 %), a jeté l'éponge au Blanc (Indre). Quant au troisième, il a renoncé à déposer sa liste en préfecture pour être candidat à Sault (Vaucluse), invoquant un « manque de compétences ».
Le RIC dans quelques programmes
Si les « gilets jaunes » n’apparaissent pas souvent sur les bulletins de vote, une de leurs principales revendications se retrouve dans les programmes d’autres candidats. Le référendum d’initiative citoyenne, ou RIC, est décliné en « RIC municipal » par les candidats LFI à Châteauroux, les listes EELV et RN au Havre ou encore celle de l'UPR au Mans.
Les « gilets jaunes » s’organisent aussi pour se faire entendre en dehors des urnes. Dans l’Aveyron, ils veulent faire un référendum sur la réforme des retraites auprès des électeurs à la sortie du bureau de vote. Cette initiative locale pourrait essaimer dans d’autres régions.