Municipales 2020 : Pour « renaître », le PS espère gagner Nancy
REPORTAGE•Le Parti socialiste espère reprendre quelques couleurs avec les municipales, en conquérant de nouvelles grandes villes comme Nancy, Bourges, Limoges ou MarseilleLaure Cometti
L'essentiel
- Les élections municipales auront lieu les 15 et 22 mars 2020.
- A chaque parti ses enjeux. Pour les socialistes, il s’agit de « renaître » après des échecs successifs à la présidentielle et aux législatives en 2017, puis aux européennes en 2019.
- Le PS espère donc non seulement maintenir ses bastions, mais en conquérir de nouveaux, dont Nancy, en Meurthe-et-Moselle.
De notre journaliste à Nancy (Meurthe-et-Moselle),
« Nancy a besoin d’un souffle nouveau. » Dans ce café industriel d’un quartier en plein chantier, qui contraste avec le centre historique, Mathieu Klein, 44 ans, déroule d’une voix claire son projet pour la ville. Le candidat socialiste a rassemblé ses colistiers devant la presse, ce mercredi 4 mars, pour présenter un programme de « rupture » par rapport au maire sortant, Laurent Hénart. Le parti à la rose compte sur les municipales, les 15 et 22 mars, pour reprendre des couleurs.
Depuis la fin du quinquennat Hollande, les socialistes ont enchaîné les claques électorales – présidentielle, législatives, européennes… Mais ce scrutin municipal doit être celui de la renaissance, assure-t-on à la direction du PS. Fort d’un bon ancrage local, avec 30.000 élus, le mouvement s’est fixé pour objectif de conserver ses fiefs, mais surtout d’en ajouter de nouveaux à son escarcelle.
Proposer « une rupture » par rapport au maire sortant, radical
Nancy et ses 105.000 habitants font partie de ses nouvelles cibles, comme Limoges, Bourges et Marseille. La cité ducale de Meurthe-et-Moselle est pourtant dirigée par la droite depuis l’après-guerre. Mais l’espoir est permis car la campagne de Mathieu Klein suscite l’enthousiasme jusqu’au QG du parti. Le président du conseil départemental, soutenu par le PS et le PCF, mène une liste créditée de 34 % d’intentions de vote dans un sondage paru début février, un score identique à celle du maire sortant, Laurent Hénart, issu du Mouvement radical et soutenu par LR, LREM, l’UDI et le MoDem.
« Mathieu Klein fait une très bonne campagne, et il est très identifié sur le terrain », salue Pierre Jouvet, porte-parole du PS. Sur le terrain, justement, on garde ses distances avec les objectifs politiques nationaux. « L’enjeu, ce n’est pas de mettre une ville de plus dans la case PS, c’est de changer notre ville », assure Bertrand Masson, premier secrétaire fédéral de Meurthe-et-Moselle et colistier. « Nous sommes en rupture avec la politique actuelle de transports », attaque Chaynesse Khirouni, ancienne députée PS, qui dénonce « le retard pris dans le chantier du tram » par le maire sortant et son prédécesseur, André Rossinot, tous deux radicaux.
« Je suis socialiste, je ne cache rien »
Sur l’urbanisme comme sur l’écologie, Mathieu Klein veut aussi marquer sa différence avec Laurent Hénart, insistant sur la végétalisation, la piétonnisation, les voies cyclables à construire et l’importance de ne plus construire dans la métropole. Son programme contient aussi quelques marqueurs de gauche comme « la solidarité » et « l’inclusivité ».
En face, son rival Laurent Hénart vante une « écologie positive », par opposition à une « écologie de l’interdiction », et promet d’œuvre au rayonnement national de la ville. Le radical accuse son rival de ne pas « être clair » sur ses propositions, notamment sur le futur réseau de tramway. Sur son étiquette politique non plus. « Il joue les passe-muraille », rit-il en évoquant l’absence de logo du PS sur les affiches de Mathieu Klein. « Je suis socialiste, je ne cache rien. Mais notre liste compte deux tiers de personnes dont c’est le premier engagement, des gens sans étiquette », répond l’intéressé.
Utiliser le contexte national et réussir l’union des gauches
Laurent Hénart, pour sa part, engrange les soutiens du parti présidentiel, du MoDem, et de LR. « Ça nous permet d’afficher clairement que le seul bulletin de gauche, c’est celui de Mathieu Klein », reprend Pierre Jouvet. « Notre ambition, c’est que le soir du second tour, on dise qu’on avait enterré la gauche, mais qu’elle est de retour ».
Le PS compte notamment utiliser le contexte national, comme son opposition à la réforme des retraites. « Les 15 et 22 mars, les électeurs auront l’occasion avec leur bulletin de vote d’adresser un carton rouge au gouvernement », a estime le patron du PS Olivier Faure, dans un entretien avec Le Parisien. Au lendemain de l’usage du 49.3 par le gouvernement, les militants locaux ont rappelé que le maire sortant est soutenu par le pouvoir en place et qu’une députée LREM figure sur sa liste.
Pour l’emporter, le PS devra réussir l’union de la gauche. Or Les Verts se sont lancés, seuls, derrière Laurent Watrin, crédité de 12 points dans les sondages. Ils pourraient jouer un rôle décisif en vue du second tour. Dans leur permanence, la perspective arrache quelques soupirs. « On pencherait plus naturellement vers Mathieu Klein, même s’il n’a jamais été un vrai écolo. »