Municipales 2020 à Paris : On a vérifié les affirmations des candidats de « La grande confrontation » sur LCI
FAKE OFF•« 20 Minutes » a vérifié certaines affirmations des sept candidats à la mairie de Paris qui participaient à « La grande confrontation », le débat organisé par LCI le 4 marsAlexis Orsini
L'essentiel
- Mercredi 4 mars, sept candidats à la mairie de Paris ont débattu sur LCI dans l'émission « La grande confrontation », en partenariat avec 20 Minutes et RTL.
- Anne Hidalgo, Rachida Dati, Agnès Buzyn, Cédric Villani, Danielle Simonnet, David Belliard et Serge Federbusch ont notamment parlé propreté, sécurité et écologie.
- 20 Minutes a vérifié certaines des affirmations avancées pendant le débat.
A onze jours du premier tour des élections municipales, le 15 mars, sept candidats à la mairie de Paris ont débattu de leurs projets pour la capitale sur le plateau de LCI - en partenariat avec 20 Minutes et RTL – lors de l’émission « La grande confrontation ».
Propreté, sécurité, bilan de la mandature actuelle… On a vérifié certaines affirmations avancées pendant cette soirée qui a opposé Anne Hidalgo (socialiste), Rachida Dati (LR), Agnès Buzyn (LREM), Cédric Villani (ex-LREM), David Belliard (EELV), Danielle Simonnet (LFI) et Serge Federbusch (soutenu par le RN).
FAKE OFF
Ce que Danielle Simonnet a dit : « Il n’y a que 40 % des pistes cyclables promises en début de mandature qui ont été réalisées »
Annoncé en 2015, le plan vélo de la ville de Paris prévoyait la construction, d’ici à 2020, de 61 kilomètres d’aménagement pour que le vélo passe de 5 % à 15 % des déplacements au sein de la capitale d’ici là.
En janvier 2019, selon le décompte de l’association Paris en selle, à l’origine d’un observatoire de l’avancement du plan vélo consultable en ligne, seulement 28 kilomètres de pistes avaient été créés. Elle gardait toutefois bon espoir de voir la moitié du plan réalisée d’ici 2020.
Selon les derniers chiffres de son observatoire, « l’avancement de la réalisation des infrastructures cyclables pendant la mandature » en est aujourd’hui à 42 %.
Ce qu’a dit Rachida Dati, en réponse à Danielle Simonnet qui l’accusait d’avoir eu « 54 minutes de présence en 6 ans au conseil de Paris » : « J’y suis présente, nous sommes un groupe et nous partageons le temps de parole »
L’absentéisme de la maire du 7e arrondissement de Paris au sein du Conseil de Paris lui a été reproché par Danielle Simonnet comme par David Belliard.
Si le chiffre de 54 minutes de présence en six ans de mandat peut paraître surprenant, il correspond pourtant (à quelques minutes près) au décompte effectué par ses adversaires de La République en marche pendant cette campagne. Selon leur relevé, la maire du 7e arrondissement aurait en effet effectué, en six ans, 20 interventions publiques dans l’hémicycle, d’une durée totale de 57 minutes, comme le rapportait Le Monde il y a quelques jours.
Dans le même article, la ligne de défense de Rachida Dati était toutefois légèrement différente puisqu’elle revendiquait une approche « stratégique » de ce rendez-vous d’élus : « Elle ne vient pas pour faire du blabla. Ce qui lui importe n’est pas de passer des heures à défendre ou écouter des séries de vœux qui n’aboutissent souvent à rien, mais de participer aux votes importants » affirmait ainsi au quotidien Emmanuelle Dauvergne, conseillère LR du 7e arrondissement et proche de Rachida Dati.
Son absentéisme avait déjà fait l’objet d’un article du Parisien en juillet 2019, qui citait plusieurs élus parisiens ironisant sur sa présence rare mais généralement remarquée de par ses interventions. Le quotidien pointait du doigt une contradiction : « Pourtant, d’après les relevés des feuilles de présence de l’année 2018 que nous nous sommes procurés, la maire du VIIe n’aurait été absente… qu’une demi-matinée l’an dernier. » Tout en évoquant une explication potentielle avancée à l’Hôtel de ville : « Il suffit qu’elle soit là en début de matinée et début d’après-midi pour émarger », également reprise par un maire d’arrondissement : « Il m’est déjà arrivé de la croiser le matin, en tenue sportive, passer signer le registre de présence et repartir aussitôt sans même avoir mis les pieds dans l’hémicycle ».
Ce qu’Anne Hidalgo a dit : « Les policiers consacrent 2,5 % de leur temps sur le terrain à Paris »
En plein débat – assez vif – sur le sujet de la création d’une police municipale, Anne Hidalgo a pointé du doigt la faible présence de la police nationale dans les rues de Paris, citant ce pourcentage très faible de temps de présence dans les rues de la capitale.
Un chiffre déjà avancé par la maire sortante lors d’un meeting de campagne la semaine dernière, et déjà vérifié par 20 Minutes à ce moment-là. Ces 2,5 % sont tirés d’un rapport de la Cour des comptes en date du 19 décembre 2019, consacré à la Préfecture de police de Paris.
« La part de l’activité consacrée aux patrouilles et aux opérations anti-délinquance affiche la diminution la plus marquée, pour ne représenter que 2,51 % du potentiel horaire » dans Paris et la petite couronne, notait le document à propos de ces opérations de patrouilles qui ont été divisées par trois en sept ans.
Ce qu’a dit Cédric Villani : « Les agents publics de la ville font 1.552 heures par an au lieu des 1.607 réglementaires »
Les agents municipaux de la ville de Paris réalisent-ils vraiment leurs 35 heures de travail hebdomadaires ? Non, selon Cédric Villani, qui reprend ici un argument déjà avancé début février.
Il expliquait à l’époque à nos confrères de LCI s’appuyer sur un document de la Cour des comptes daté de mars 2018 sur « le droit et les pratiques du statut des collaborateurs de la Ville de Paris ». Ceux-ci bénéficient en effet d’un statut particulier qui leur donne droit à des dérogations, sur le temps de travail notamment. Et qui aboutit, selon la Cour des comptes, à 1.552 heures de travail effectives par an au lieu des 1.607 en vigueur.
Toutefois, l’harmonisation de leur nombre d’heures avec le reste de la fonction publique est prévue d’ici le début de l’année 2021, selon une obligation légale à laquelle l’actuelle municipalité affirme qu’elle se pliera en cas de réélection.
Ce que Danielle Simonnet a dit à propos d’Anne Hidalgo : « Vous n’étiez pas favorable aux Jeux olympiques au moment où vous avez été élue en 2014 » et ce qu’Anne Hidalgo a répondu : « Ça n’avait pas été un sujet de la municipale »
En 2014, alors qu’elle était candidate à la mairie de Paris, Anne Hidalgo avait bien fait part de ses réserves à l’idée d’organiser les Jeux olympiques à Paris. Interrogée sur le fait d’être favorable à un tel projet, elle avait répondu : « Pas vraiment aujourd’hui, parce que les conditions c’est d’abord les sportifs, le comité olympique français entièrement soudé, je pense qu’ils en ont envie. […] Les Jeux ça coûte cher, y compris la candidature en soi coûte cher, et les Jeux dispendieux je crois que ce n’est plus du tout d’actualité ». « Je travaillerai ce dossier si je suis maire de Paris mais je veux des garanties », avait en outre précisé la future maire de Paris.
En novembre 2014, quelques mois après son élection, Anne Hidalgo réagissait aux propos critiques de François Hollande sur sa trop grande prudence par le biais d’un tweet : « 3 conditions essentielles à la candidature : l’éthique et la transparence, un nouveau modèle économique, l’exigence environnementale. »
Ce que David Belliard a dit : « Il y a un déficit de toilettes publiques à Paris : on y trouve 400 toilettes publiques gratuites pour une ville de plus de 2 millions d’habitants »
Selon les statistiques de la mairie, Paris compte 435 sanisettes gratuites. En y ajoutant les 300 toilettes et urinoirs disponibles dans les jardins parisiens et la trentaine de dispositifs similaires sur les rives de la Seine, on arrive toutefois à un total supérieur à 700 toilettes.
Ce que Serge Ferbusch a dit : « Il y a eu une publicité « Refugees welcome » en anglais, en arabe et français, qui disait aux [migrants] de venir depuis 2015, ça a été diffusé par la mairie de Paris »
Invité par David Pujadas à donner plus de détails sur ce sujet, le candidat a affirmé avoir le document sur lui et pouvoir le montrer si besoin.
Un guide d’ « accueil des réfugiés à Paris », édité par la ville de Paris, était bien disponible en 2016, un an après le début de la crise migratoire. Si sa couverture comportait un mélange de mots en français, anglais et arabe, son contenu était toutefois bien écrit dans la langue de Molière. « Ce guide recense les différents dispositifs en matière de demande d’asile, d’apprentissage de la langue française, d’accompagnement social […] C’est un outil au service des professionnels qui interviennent quotidiennement auprès des réfugiés », expliquait Anne Hidalgo en préambule de ce document listant différentes associations d’aide.
La mairie de Paris avait également mis l’accent sur l’accueil des réfugiés, dès octobre 2015 pour « être à la hauteur que constitue l’accueil des nombreux migrants [arrivant aujourd’hui] en Europe ». Anne Hidalgo avait notamment recouru, sur Twitter, au hashtag « refugees welcome » en septembre 2015 – là encore avec un visuel mélangeant français, anglais et arabe.