CAMPAGNEAvec Agnès Buzyn, LREM a-t-elle rebattu les cartes à Paris ?

Municipales 2020 à Paris : Avec Agnès Buzyn, LREM a-t-elle rebattu les cartes ?

CAMPAGNEA un mois du scrutin, l’investiture de l’ex-ministre de la Santé change la donne pour les élections municipales à Paris
Laure Cometti

Laure Cometti

L'essentiel

  • Après l’abandon surprise de Benjamin Griveaux ce vendredi, LREM a dû trouver d'urgence une nouvelle tête pour mener la campagne municipale à Paris.
  • Agnès Buzyn quitte le ministère de la Santé pour prendre les rênes de l’équipe macroniste à la conquête de la capitale, alors que les sondages ne sont guère encourageants pour le parti présidentiel depuis plusieurs mois.
  • Pourra-t-elle relancer la campagne de la majorité présidentielle dans la capitale, comme l’assure LREM ?

Une médecin pour sauver LREM à Paris ? Le parti d’Emmanuel Macron était déjà à la peine pour les élections municipales dans la capitale en raison de la dissidence de Cédric Villani. En 72 heures, il a de surcroît dû pallier le retrait de son candidat officiel ce vendredi. Après la publication de vidéos à caractère sexuel lui étant attribuées, Benjamin Griveaux a jeté l’éponge.

Après avoir multiplié les réunions vendredi puis samedi, c’est dimanche après-midi que le bureau exécutif de LREM a tranché au profit d' Agnès Buzyn. « C’est un choix naturel et unanime », assure l’un des membres de l’instance, Thomas Mesnier. Une décision qui a également plu aux partis alliés à LREM dans la capitale, selon le député de la Charente. « Elle pourra rassembler au-delà de nos rangs », prédit-il.

Les macroniste en quête d'« un nouveau souffle »

Le MoDem avait fini par soutenir Benjamin Griveaux le 28 janvier, mais son patron, François Bayrou, aurait préféré un « plan B ». En mars, il avait déjà soufflé le nom d’Agnès Buzyn pour mener la liste commune LREM-MoDem aux élections européennes et militait pour la ministre dans le cadre des municipales. Après le coup de théâtre parisien, les vœux du MoDem sont exaucés, et Agnès Buzyn se retrouve propulsée à la conquête de la capitale. Côté marcheurs, on redouble d’enthousiasme sur les réseaux sociaux et les plateaux télé depuis dimanche soir.

« Son arrivée donne un nouveau souffle à notre campagne. Elle est en position pour réaliser un bel exploit », sourit Thomas Mesnier. « J’y vais pour gagner », a assuré l’ex-ministre de la Santé, qui a quitté le gouvernement pour se consacrer entièrement à cette campagne de quatre semaines.

De mauvais sondages

Le défi s’annonce compliqué : avant que Benjamin Griveaux ne jette l’éponge, il n’était que troisième dans les sondages, derrière la maire socialiste sortante Anne Hidalgo et la candidate Les Républicains, Rachida Dati.

« C’est une nouvelle donne à un mois du scrutin », note Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. « Certes, la personnalité d’Agnès Buzyn suscite moins de jugements négatifs que celle de Benjamin Griveaux mais, dans notre dernier baromètre, elle est créditée de 36 % d’opinions négatives, tandis qu’un tiers sondés ne la connaît pas », soupèse le spécialiste de l’opinion.

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Chez les autres candidats à la mairie de Paris, on affiche une forme de sérénité. « Choisir une ministre qui ne connaît rien aux dossiers de Paris, ça ne nous inquiète pas plus que ça », a raillé le premier secrétaire de la fédération socialiste de Paris, Rémi Féraud, côté Hidalgo. « Cette désignation ne change rien par rapport à notre campagne », évacue-t-on dans l’équipe Villani. « Il y a une volonté de nationaliser la campagne en investissant une ministre, pour éviter d’aller sur les débats de fond », tacle-t-on dans l’entourage du mathématicien.

Une éventuelle convergence avec Villani ?

Pourra-t-elle sauver son parti d’une défaite annoncée dans une capitale pourtant très macroniste ? LREM a obtenu d’excellents scores à Paris à la présidentielle et aux européennes. « Sa feuille de route est simple : faire revenir cet électorat parti chez Hidalgo ou Dati », observe Frédéric Dabi. « Cela paraît compliqué dans un laps de temps si court… »

D’autant que l’ex-ministre a d’autres handicaps : un risque de procès en incohérence, puisqu’elle écartait toute candidature municipale vendredi sur France Inter, à cause d’un « agenda très chargé », et un potentiel vote sanction contre la politique du gouvernement ou sa gestion de la crise hospitalière.

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Pour mettre toutes les chances de son côté, Agnès Buzyn a tendu la main dès ce lundi à Cédric Villani, à qui elle a téléphoné en début d’après-midi. « On lui a rappelé nos conditions pour envisager d’éventuelles convergences », explique l’entourage du candidat dissident. Une convergence des deux candidatures macronistes serait déjà une victoire pour l’ex-ministre de la Santé.