Marseille: Nouveau micmac sur les écoles pour le dernier conseil municipal de Jean-Claude Gaudin
POLITIQUE•Pour son dernier conseil municipal, Jean-Claude Gaudin présente un audit incomplet sur les écoles de Marseille aux airs de « camouflage » selon l’oppositionMathilde Ceilles
L'essentiel
- Jean-Claude Gaudin préside son dernier conseil municipal ce lundi.
- Il s’ouvrira sur une discussion autour de l’état des écoles de Marseille, point épineux de son bilan.
- Le maire a lancé un audit, mais a décidé de retarder sa publication.
C’était une lettre, acerbe, publiée dans Libération, qui longtemps a éclaboussé le bilan du dernier mandat de Jean-Claude Gaudin et fait tanguer sa majorité. Une lettre qui dénonce l’état désastreux des écoles marseillaises, et dont l’onde de choc avait atteint les plus hautes sphères de l’Etat, au point que Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Education nationale, avait jugé en 2016 que certaines écoles n’étaient « pas dignes de la République ».
A l’heure de quitter définitivement le navire, la capitaine Gaudin se souviendra sûrement, du haut de son perchoir, de cette tempête médiatique qui entache sérieusement son bilan et a le don de le mettre en colère. Des critiques injustifiées selon le maire, nourries par l’exagération et la mauvaise foi.
Une publication retardée
Pour le dernier conseil municipal de Jean-Claude Gaudin, ce lundi, ses équipes l’assuraient depuis longtemps : on saurait enfin la vérité sur les écoles marseillaises. Après une énième polémique, survenue après le rejet du principe de construction d’écoles en PPP, la municipalité avait engagé auprès de deux cabinets spécialisés la réalisation d’un audit sur l’état des écoles de la deuxième ville de France.
Mais la municipalité n’a communiqué aux élus et à la presse qu’une synthèse de quelques pages, et a décidé de retarder la publication de cet audit… au printemps prochain, soit quand le maire aura définitivement quitté son fauteuil.
« On est loin de l’horreur complaisamment décrite »
Dans cette synthèse, tout comme dans les discours des élus, il s’agit avant tout de relativiser l’état des écoles marseillaises, comme pour faire écho à la violence de la protestation et aux crispations que ce dossier épineux engendre. « Il se révèle déjà qu’on est loin de l’horreur complaisamment décrite », avait assuré ainsi Jean-Claude Gaudin lors de ses vœux la semaine dernière.
« Ce qu’il faut retenir, c’est qu’aucun bâtiment n’est une menace pour la sécurité des personnes », assure Danièle Casanova, adjointe au maire déléguée aux écoles, ce jeudi, devant la presse. « Les premières constatations nous ont été livrées lundi, il reste à compléter et analyser les milliers de pages, car chacune des 470 écoles, chaque salle de classe fait l’objet d’une notation détaillée », ajoute-t-elle.
« Un état globalement satisfaisant »
Ainsi, selon cette note, le cabinet Apave conclut que « le patrimoine des écoles visitées est dans un état globalement satisfaisant ». QualiConsult, l’autre cabinet d’expertises missionné, retient « un niveau d’accueil et de sécurité convenable », mais pointe du doigt les établissements de type Geep (ou Pailleron) et les gymnases, dans « un état général médiocre ».
Suite à ce diagnostic, la mairie souhaite alimenter « une base de données informatisée » avec des éléments sur « chaque classe de chaque école », en vue de la publier sur Internet « pour tout un chacun » à partir du printemps prochain, promet Danièle Casanova. A défaut de présenter l’intégralité de l’audit, Danièle Casanova se réjouit de la mise en place de camionnettes, qui tournent dans Marseille pour intervenir dans les écoles dès qu’elles en font la demande. Une manière de démontrer l’action de la mairie en la matière, souvent accusée de ne rien faire pour garder ses écoles en état… ou de détourner l’attention ?
« Cet audit a coûté plus d’un million d’euros, peste Stéphane Ravier, président du groupe Rassemblement national au conseil municipal et candidat à la mairie. Et je dirais donc : « tout ça pour ça ». On a une présentation de l’état global, mais on ne sait toujours pas ce qui se passe école par école. C’est se foutre des Marseillais. C’est une opération camouflage, une opération parapluie. Une fois de plus, on se protège. On est dans le déni. On est dans la volonté de masquer la vérité. »
« A 72 heures du conseil municipal, nous n’avons toujours pas pu consulter » ce rapport, déplorait ce jeudi Benoît Payan, président de l’opposition socialiste au conseil municipal. Et d’accuser : « Il y a une volonté de ne pas donner de " billes " à l’opposition avant le conseil ».