Ségolène Royal visée par une enquête préliminaire du parquet financier sur ses frais d’ambassadrice des pôles
JUSTICE•Cette procédure, ouverte en novembre 2019, vise à vérifier l’utilisation que l’ancienne ministre a fait des moyens mis à sa disposition en tant qu’ambassadrice des pôlesVincent Vantighem, H. B., L. Br
Coup de froid pour Ségolène Royal. Le Parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête préliminaire visant l’ancienne ministre de l’Écologie, a appris ce mercredi 20 Minutes, confirmant une information de Franceinfo. Cette procédure, ouverte en novembre 2019 – qui fait suite à une enquête de la cellule investigation de la radio publique – vise à vérifier l’utilisation que l’ancienne ministre a fait des moyens mis à sa disposition en tant qu’ambassadrice des pôles.
L’ex-candidate socialiste à l’élection présidentielle de 2007, qui occupe cette fonction bénévole depuis 2017, a été mise en cause pour avoir utilisé à des fins personnelles l’enveloppe mise à sa disposition pour ses frais d’ambassadrice, notamment pour la promotion d’un de ses livres.
Une chaufferie dans le Loir-et-Cher
Le 15 novembre dernier, Franceinfo et France Inter publiaient une grande enquête sur les activités de Ségolène Royal à son poste d’ambassadrice des pôles. Pour mener à bien sa mission bénévole, le quai d’Orsay a mis à sa disposition trois collaborateurs à plein temps et une enveloppe annuelle de 100.000 euros pour assurer ses frais de représentation. Soit trois fois plus que son prédécesseur Michel Rocard, décédé en 2016, calcule Franceinfo.
Une somme que l’ancienne candidate à l’élection présidentielle aurait en partie utilisée pour des missions sans rapport avec son activité d’ambassadrice. Comme le 7 avril 2018, où elle participe à l’inauguration d’une chaufferie à Selles-sur-Cher, dans le Loir-et-Cher. « Les deux collaborateurs qui l’accompagnaient étaient son assistante personnelle et son conseiller en communication attachés à son cabinet d’ambassadrice », explique le journaliste dans l’article. Elle les aurait aussi fait participer à la tournée de promotion de son livre Ce que je peux enfin vous dire (Ed. Fayard) ou lors d’événements liés à sa fondation « Désirs d’avenir pour la planète ».
« Je dérange encore ? »
L’enquête interroge aussi sur les dépenses des frais de représentations de Ségolène Royal, au vu de certaines factures de taxis, alors qu’elle n’avait pas de chauffeur pour assurer sa mission. « Les factures de VTC que nous avons pu consulter s’élèvent, par exemple, à un total de 1.430 euros pour le seul mois de novembre 2017 », note le journaliste, contrairement aux instructions du ministère demandant aux ambassadeurs d’éviter l’utilisation « onéreuse » des taxis.
Face à ces accusations, l’ex-ministre avait alors immédiatement réagi, dénonçant des « insinuations » « calomnieuses et diffamatoires » : « Les activités bénévoles et associatives de mes proches ont lieu exclusivement sur leur temps libre. Pourquoi tant d’acharnement ? Je dérange encore ? Rien n’arrêtera mes actions et mes engagements écologiques. » « Tout est faux », avait-elle insisté sur RMC en disant « se réserver le droit » d’aller en justice, assurant avoir l’intention de porter plainte pour diffamation.
La mise au clair de Royal
Elle a aussi assuré que « l’enveloppe qu' [elle] engage c’est même pas la moitié » des 100.000 euros évoqués par Franceinfo, et qu’elle n’a « pas de chauffeur, pas de sécurité ». « Que vous m’attaquiez moi, j’ai l’habitude c’est malheureusement le lot des responsables politiques. Mais que vous vous en preniez à des salariés, ça non », a lancé Ségolène Royal. L’ex-ambassadrice a expliqué que ses collaborateurs travaillaient « bénévolement » et « sur leur temps libre » pour des associations qui leur tenaient à cœur. Quant à ses déplacements pour la promotion de son livre, elle a affirmé que « c’est la maison d’édition qui prend en charge tout ce qui concerne les déplacements ».
Le Parquet national financier n’a pas communiqué sur la date de l’ouverture de cette enquête préliminaire ni sur son périmètre exact. Mais il s’agit d’une procédure classique afin de vérifier « à charge et à décharge » si les informations publiées dans la presse peuvent être constitutives d’un délit.
Ségolène Royal est toujours ambassadrice des pôles mais a indiqué mardi sur Facebook que son « licenciement » de sa mission bénévole d’ambassadrice des pôles était imminent. L’ancienne ministre de l’Ecologie devrait officiellement être démise de ses fonctions lors du Conseil des ministres du vendredi 24 janvier, selon France Inter. Le gouvernement a expliqué qu’elle avait manqué à son devoir de réserve lors de ses prises de parole critiquant la politique d’Emmanuel Macron.