POLITIQUEComment le gouvernement s'est évité une nouvelle fronde sur l'immigration

Plan immigration : Comment le gouvernement s'est évité une nouvelle fronde

POLITIQUELes 20 mesures sur l’immigration présentée ce mercredi par le gouvernement ont suscité des réticences minoritaires dans les rangs de la majorité
L.C. et T.L.G.

L.C. et T.L.G.

L'essentiel

  • Edouard Philippe a défendu « un juste équilibre » en présentant ce mercredi son plan immigration, qui prévoit notamment des « quotas » de professionnels qualifiés, et une restriction de l’accès aux soins.
  • Le député LREM Jean-François Cesarini ainsi que quelques-uns de ses collègues de la majorité sont opposés à certaines mesures sur l’immigration, en particulier concernant l’AME et les trois mois de carence pour les demandeurs d’asile avant d’accéder à la Sécu de base.
  • Pour la majorité, ces critiques sont minoritaires grâce à la méthode de travail de l’exécutif, savamment mise en scène sur les réseaux sociaux.

Il y a un an, La République en marche connaissait sa première « fronde » avec la loi asile et immigration. Plusieurs députés avaient refusé de voter le projet de loi du gouvernement, certains avaient claqué la porte du parti. Ce mercredi, le plan immigration présenté par Edouard Philippe a suscité bien moins de remous. Une poignée de députés a annoncé qu’elle ne soutiendra pas les propositions concernant l’accès aux soins des immigrés. Ces réticences sont toutefois minoritaires, l’exécutif ayant préparé le terrain en amont.

« De l’affichage politique »

Le député du Vaucluse Jean-François Cesarini est opposé aux mesures concernant l’aide médicale d’Etat (AME) et les trois mois de carence pour les demandeurs d’asile avant d’accéder à la Sécu de base. « C’est de l’affichage politicien pour donner des gages à un certain électorat » et « c’est inefficient, avec des effets pervers car cela dirigera du monde vers les urgences », a-t-il déclaré à l’AFP. Le parlementaire annonce qu’il ne votera pas ces propositions jeudi, lorsque les amendements au budget Santé seront débattus à l’Assemblée.

« Est-ce que ces mesures risquent de fissurer le groupe ? Je ne pense pas, on est 304 dans le groupe, balaie Florent Boudié, député de la Gironde. Le nombre d’opposants sera très limité ». Selon le marcheur, cela avait été anticipé dès le discours de rentrée d’Emmanuel Macron aux parlementaires de la majorité. « La tonalité de ses paroles sur l’immigration a suscité un malaise chez certains d’entre nous, donc un soin vraiment profond a été apporté pour apaiser cela, et ça a marché ».

Groupe de travail et réunions en amont

Pour déminer, un groupe de travail rassemblant une quarantaine de députés a été formé et une vingtaine de rencontres avec les ministères concernés ont eu lieu. « On a fait beaucoup, beaucoup de réunions avec les ministres concernés et leurs cabinets », raconte Raphaël Gauvain, coordinateur du groupe de travail « immigration » au sein de LREM. « La réunion de lundi soir s’est très bien passée. C’était très apaisé car le travail avait été fait en amont avec le gouvernement », insiste l’élu de Saône-et-Loire. Pour mettre en scène cette « co-construction », plusieurs députés ont publié des photos de ces fameux échanges sur les réseaux sociaux.

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Parmi ceux qui avaient formulé leurs inquiétudes avant le débat sur l’immigration, le 30 septembre à l’Assemblée, Aurélien Taché semble aujourd’hui convaincu. « Dans l’ensemble, je m’y retrouve », analyse le député du Val-d’Oise, qui promet toutefois d’être « vigilant sur le système d’accord préalable de la Sécu ».

« Il y avait des points de débats qui ne m’allaient pas, j’étais farouchement contre la réduction drastique du panier de soins de l’AME, ça n’a pas été fait », salue-t-il. Pourtant, un certain nombre de soins et traitements « non-urgents » ne seront plus pris en charge par l’AME.

« Sur l’immigration économique, nous sommes dans le réalisme : dans un certain nombre de métiers sous tension, nous avons des besoins. Il ne s’agit pas de faire de quotas mais de construire une voie légale pour l’immigration économique », défend-il, soulignant lui aussi que « c’est le fruit d’une vraie discussion de travail entre le gouvernement et la majorité ».

Un débat jeudi à l’Assemblée

Les critiques formulées ce mercredi par des marcheurs sont vite évacuées. « Jean-François Cesarini était membre du groupe de travail, et il n’est presque jamais venu aux réunions », s’agace un député. « Je suis un peu surpris, mais c’est le lot de toute majorité. On nous accuse parfois d’être caporalisés, mais c’est normal qu’il y ait des débats car il y a différentes sensibilités », relativise Raphaël Gauvain.

Les échanges se poursuivront dans l’hémicycle jeudi lors du débat sur les amendements au budget Santé. La députée LREM Martine Wonner a notamment préparé des sous-amendements pour amplifier le rôle des associations sur l’AME.