Seine-Saint-Denis : Le gouvernement présente 23 mesures spécifiques pour le département
DIFFICULTES•Ces annonces sont très attendues par les élus qui réclament un rééquilibrage des politiques publiques dans un territoire rongé par la pauvreté et des carences structurelles20 Minutes avec AFP
Pour aider la Seine-Saint-Denis, qui cumule d’importantes difficultés, Edouard Philippe et plusieurs ministres de poids officialisent, ce jeudi, une batterie de 23 mesures, concernant en grande partie l’attractivité pour les fonctionnaires, la sécurité, la justice et l’éducation.
« En Seine-Saint-Denis, tout est hors-normes », a indiqué le Premier ministre lors d’un discours à la préfecture de la Seine-Saint-Denis. Edouard Philippe a évoqué « l’histoire », « le dynamisme de sa population », « la diversité » mais aussi les « difficultés hors-normes » du département le plus pauvre de la France métropolitaine. « Ces difficultés, il faut les nommer » et les « regarder bien en face » pour y « apporter des solutions qui seront elles aussi un peu hors-normes », a-t-il ajouté. Parmi les dispositifs retenus par le gouvernement figure une prime de 10.000 euros pour fidéliser les fonctionnaires, le recrutement de 150 policiers ou encore le renforcement des contrôles des logements insalubres.
« Un cap dans la durée »
Ces annonces, très attendues, seront passées au crible par les élus qui réclament à cor et à cri un rééquilibrage des politiques publiques dans un territoire rongé par la pauvreté et des carences structurelles. L’exécutif cherche aussi la bonne fréquence avec les quartiers populaires alors qu’Emmanuel Macron avait su trouver une résonance lors de la campagne présidentielle en promettant notamment de « lutter contre l’assignation à résidence ». Mais le plan Borloo de mai 2018, qui devait être un marqueur fort de sa stratégie, a été rapidement enterré.
Jeudi, le Premier ministre est précédé sur le terrain par les ministres de l’Intérieur Christophe Castaner et Laurent Nunez et du Logement Julien Denormandie, en visite à La Courneuve, pour vanter « un cap dans la durée » et non « que des mesures », dixit Christophe Castaner. Dans le même temps, la garde des Sceaux Nicole Belloubet se rend au tribunal de Bobigny, la ministre de la Santé Agnès Buzyn dans une association qui accueille les femmes malades du sida à Saint-Denis et le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer à Bobigny auprès d’aspirants professeurs.
Fidéliser les quelque 39.000 fonctionnaires du département
La mesure la plus marquante concerne probablement l’attribution d’une prime de 10.000 euros aux fonctionnaires à condition de rester au moins cinq ans en poste. L’objectif est donc de fidéliser les quelque 39.000 agents du département même si Matignon réfléchit à établir d’éventuelles « distinctions » d’ici à la mise en place de ce bonus « dans le courant du premier semestre 2020 ». Dans cette optique, les primes octroyées aux fonctionnaires du département seront alignées sur celles données aux agents des administrations centrales (sièges de ministères…) à Paris, afin d’attirer les meilleurs éléments.
Ce plan qui ne dit pas son nom – Matignon refuse d’évoquer une enveloppe globale – met l’accent sur le régalien. Ainsi, 50 policiers supplémentaires se répartiront dans deux quartiers, à Saint-Ouen et la Courneuve, dans le cadre de la police de sécurité du quotidien. Et d’ici à 2021, 100 postes d’officiers de police judiciaire seront déployés. Par ailleurs, pour accélérer une chaîne judiciaire embolisée, 35 postes de greffiers et 12 de magistrats seront créés. Les commissariats d’Aulnay-sous-Bois et d’Epinay-sur-Seine seront rénovés d’ici 2023 avec un budget de 30 millions d’euros, tandis que le tribunal de Bobigny verra son extension réalisée à l’horizon 2026.
Des effectifs supplémentaires contrôler les logements indignes
Nicole Belloubet doit également prendre une circulaire de politique pénale pour « identifier les points clés en matière d’action de la police et de la justice », explique-t-on à Matignon, en citant en premier lieu le « trafic de stupéfiants ». Sur le volet éducation, 20 millions d’euros seront fléchés par la région pour des investissements immobiliers dans le cadre du dédoublement des classes de CP et CE1 en zones d’éducation prioritaire.
De même, un dispositif de « pré-recrutement » de 500 enseignants sera mis en place. Il s’agit de financer les études d’étudiants boursiers de Seine-Saint-Denis qui s’engagent en retour à travailler dans le département. Sur l’aspect sanitaire – qui ne figurait pas dans le rapport parlementaire – cinq inspecteurs en charge du contrôle des logements indignes seront recrutés. Seulement deux sont officiellement en poste actuellement, alors que « potentiellement, 10 % de l’habitat est insalubre ».