DECESJacques et Bernadette Chirac, plus d’un demi-siècle à l’épreuve du pouvoir

Mort de Jacques Chirac : Les époux Chirac, plus d’un demi-siècle à l’épreuve du pouvoir

DECESL’ancien président de la République, Jacques Chirac, est décédé ce jeudi à l’âge de 86 ans
20 Minutes avec AFP

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Le couple présidentiel le plus politique de la Ve République. Pendant plus d’un demi-siècle, Jacques et Bernadette Chirac ont formé un duo politique, passant de la conquête à l’exercice du pouvoir.

« Ce n’était pas qu’un mariage d’amour, mais un mariage d’ambition », avait reconnu en 2015 Bernadette Chirac, la seule première dame à avoir exercé, pendant plus de quarante ans, une véritable carrière politique.

Plus qu’un « simple » duo présidentiel, un véritable couple politique

En novembre 2014, au musée du quai Branly, à Paris, lors de la dernière sortie publique de Jacques Chirac, Bernadette Chirac avait volontairement omis de serrer la main d’Alain Juppé. Quelques semaines auparavant, elle s’en était déjà prise au protégé de son mari, qui venait de se déclarer candidat pour la présidentielle de 2017 : « Qu’est-ce qu’Alain Juppé a à voir avec Nicolas Sarkozy ? Il est très, très froid et il n’attire pas les gens, les amis, les électeurs éventuels ». Jacques Chirac avait alors volé au secours du « meilleur d’entre nous » : « J’ai toujours su qu’Alain Juppé serait au rendez-vous de son destin et de celui de la France ».

Tel était le couple Chirac : plus qu’un « simple » duo présidentiel, un véritable couple politique. Ce qui a fatalement pu entraîner des désaccords. « Heureusement qu’on vous a », avait lancé Bernadette Chirac à Nicolas Sarkozy en 2004, entre les deux tours d’un scrutin régional calamiteux pour la droite, alors que son président de mari n’a jamais pardonné la trahison Balladur à celui qu’il considéra un temps comme son fils.

Bernadette Chirac, artisane du maintien de Jacques Chirac à l’Elysée

Bernadette Chirac n’a pas été une première dame comme les autres. Elue dès 1971 conseillère municipale de Sarran, devenue en 1979 la première femme conseillère générale de Corrèze, elle a exercé un mandat local jusqu’en… 2015. Pour autant, sa notoriété nationale n’a rien d’évident à l’accession de son mari à l’Elysée, en 1995. L’épouse discrète, fille d’une famille de diplomates du XVIe arrondissement, mariée en 1956 avec ce talent prometteur rencontré à Sciences-Po, est d’abord une femme effacée, reléguée dans l’ombre par sa fille Claude, qui règne alors sans partage sur la communication de son père. Son émancipation n’en est que plus spectaculaire.

Confidences conjugales savamment distillées dans un livre d’entretiens avec Patrick de Carolis (« Les filles, ça galopait, je les connais toutes »), succès fulgurant de son « opération pièces jaunes » (dont elle a passé le flambeau à Brigitte Macron en juin dernier), sorties sur le terrain en veste treillis Dior époque Galliano… En 2002, la première dame reléguée devient un des principaux artisans du maintien de son mari à l’Elysée. On lui prête même d’avoir été la seule à l’avertir du danger Jean-Marie Le Pen, qu’il affronta au second tour.

Le décès de leur fille Laurence, un drame pour la famille Chirac

Derrière la saga politique percent cependant les drames familiaux : l’anorexie de la fille aînée Laurence, dont le décès soudain en avril 2016, à 58 ans, a bouleversé le clan. « Le drame de ma vie », avait confié un jour Jacques Chirac. « Souffrance » d’une mère et « très grande solitude des familles » face à la maladie, avait renchéri Bernadette. Quelques mois plus tard, en septembre 2016, Bernadette et Jacques Chirac avaient été tous deux hospitalisés à quelques jours d’intervalle à la Pitié-Salpêtrière, lui pour une infection pulmonaire, elle « pour récupérer un peu ».


Notre dossier sur Jacques Chirac

La vie politique de Jacques Chirac, diminué depuis son accident vasculaire cérébral de 2005, s’était arrêtée en 2007 avec son départ de l’Elysée. Avant d’exprimer son soutien public à Alain Juppé, l’ancien président n’avait dérogé au silence observé depuis sur la scène politique qu’une seule fois : en clamant, devant les caméras et sous les sourires gourmands de l’intéressé, qu’il voterait pour François Hollande en 2012. « Humour corrézien » s’était empressé de minimiser son « entourage ». Bernadette, elle, avait continué son activité politique.