Finances, image, électorat... Quel bilan pour Wauquiez à la tête de LR?
DROITE•En 18 mois de présidence, Laurent Wauquiez a imprimé sa marque chez Les Républicains (LR), pour le meilleur et le pireLaure Cometti
L'essentiel
- Laurent Wauquiez a été désigné président de Les Républicains (LR) par les adhérents en décembre 2017.
- Il a démissionné dimanche, après la déroute de son parti aux élections européennes.
- Son bilan est en demi-teinte, de l’avis de plusieurs cadres LR.
Il ne sera resté que 18 mois à la présidence des Républicains. Laurent Wauquiez, confortablement élu par les adhérents (74,6 %) en décembre 2017, a démissionné dimanche, après la déroute des européennes. L’homme à la parka rouge avait repris les rênes d’un parti encore traumatisé par l’affaire Fillon et la débâcle de la présidentielle. Qu’a-t-il apporté au parti sous sa présidence ? 20 Minutes fait le bilan, avec trois cadres Les Républicains.
Des finances bien tenues
Laurent Wauquiez a été critiqué par ses collègues LR dès son élection. Mais à l’heure du bilan, tout n’est pas si noir, notamment du point de vue des finances. « Il a fait tout un travail de fond, et il a redressé situation financière, assure le trésorier du parti Daniel Fasquelle. Il faut lui reconnaître ça, le mouvement aurait pu mourir ». Sous la présidence Wauquiez, « les fédérations ont toutes été remises debout, et aujourd’hui le parti fonctionne, c’est un bilan que personne ne peut nier », rapporte le député du Pas-de-Calais.
Une gouvernance trop solitaire et verticale ?
La méthode de gouvernance Wauquiez est néanmoins attaquée. « Il était peut-être un peu trop enfermé avec ses équipes », constate Philippe Gosselin. Avec ses collègues à l’Assemblée, le député de la Manche a eu l’impression « d’être en voie parallèle ». « Son successeur devra soigner le contact avec les parlementaires, les élus », conseille-t-il. « On a besoin d’une gestion plus ouverte, avec des décisions plus décentralisées », regrette en creux Damien Abad, vice-président de LR et député de l’Ain.
Une méthode parfois verticale, qui a laissé des séquelles. La juppéiste Virginie Calmels, nommée première vice-présidente par Laurent Wauquiez afin d’incarner le rassemblement des courants du parti, a été limogée en juin 2018 après des critiques sur le président. L'intéressé lui-même a reconnu ce travers, lors d'un mea culpa dimanche, sur TF1 : « Sans doute que, parfois, je suis trop dur. C’est comme ça, en tout cas, que les gens l’ont perçu. »
Une stratégie conservatrice peu fructueuse dans les urnes
Laurent Wauquiez laisse aussi l'image d'un ligne conservatrice. Trop conservatrice, pour certains. « Au départ, il a imprimé une ligne très forte sur les sujets régaliens : la lutte contre l’immigration clandestine, contre l’islamisme radical… Cette ligne-là a pris le dessus sur tout le reste, regrette Daniel Fasquelle. On n’a pas réussi à corriger l’idée que LR s’était décalé très à droite, et peut-être qu’une partie des électeurs ne s’y est pas retrouvée ».
« Le mérite, la valeur travail, qui font partie de notre ADN et de nos atouts, n’ont pas été suffisamment mis en avant », constate Philippe Gosselin. Les LR imputent à cette ligne l'exode de nombreux électeurs vers La République en marche et le mauvais score aux européennes (8,4 %).
Une image personnelle écornée
Au cours de son mandat, certaines séquences personnelles ont terni l'image du patron des Républicains, comme les tacles à des ténors LR lâchés devant des étudiants de l'EM Lyon, l’affichage d'un lien contesté avec soeur Emmanuelle, démenti par une association, ou l'épisode le montrant en gilet jaune, malgré ses démentis. Pourtant, au départ, Wauquiez avait séduit. Il avait apporté « une réincarnation au parti, avec son charisme, son assurance, et ses compétences », souligne Philippe Gosselin, et de l'« énergie » pour Damien Abad. Autant d'atouts qu'il n'a pas «fait fructifier», regrette le premier.
Le départ de Wauquiez doit permettre au parti de changer sa stratégie. Et de se doter d'une image « plus moderne, plus ouverte », espère Damien Abad. C’est la tâche qui attend la future tête du parti, qui devrait être élue à l'automne.