DISSENSIONS«Ils marquent contre leur camp!» A Marseille, la droite s'inquiète

Municipales à Marseille: «Certains marquent contre leur camp!» Les divisions inquiètent à droite

DISSENSIONSDe nombreux militants Les Républicains craignent une guerre des égos à droite, à Marseille. La succession de Jean-Claude Gaudin risque d'être très contestée, d'ici à 2020
Jean Saint-Marc

Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • Le seul candidat de droite déclaré pour les municipales à Marseille, Bruno Gilles, veut faire des européennes « un premier rendez-vous » vers 2020.
  • Sa candidature ne fait pas l’unanimité parmi les militants LR à Marseille. Beaucoup préfèrent Martine Vassal. Et tous craignent une guerre fratricide.

La mairie de Marseille ne se jouera pas à l’applaudimètre. Sinon, Martine Vassal aurait remporté le premier tour, lundi soir, dans un Palais du Pharo saturé de militants. La présidente du Conseil départemental a été deux fois plus applaudie que Bruno Gilles, seul membre des Républicains officiellement candidat à la mairie de Marseille.

Le parti de droite tenait meeting pour les européennes, ce lundi. Mais les municipales se sont invitées dans les conversations des militants, autour d’un palais du Pharo où un peu moins de 1.200 personnes se sont réunies pour écouter François-Xavier Bellamy et Laurent Wauquiez. « A force de se faire la guerre entre nous, on va tout perdre. Mais ces petites histoires, c’est leur spécialité, à nos têtes pensantes », peste un militant quinquagénaire – qui refuse de développer ou de nous donner son prénom.

« Perdre Marseille serait une grande défaite nationale »

Son interlocutrice, elle aussi anonyme, embraye : « On avait la présidence offerte sur un plateau et avec Fillon, on a réussi à la perdre. Est-ce qu’on ne va pas faire pareil avec la mairie de Marseille ? » Ils sont nombreux, comme elle, à s’inquiéter. « Si la droite venait à perdre Marseille après 25 ans de mandat, ce serait une grande défaite nationale », s’inquiète Jean-Michel, militant venu d’Orgon. « Le pire du pire serait de faire des primaires : à droite, ça fait toujours des désastres ! J’espère que les candidats sauront s’entendre… »

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Ce lundi soir, les prétendants (officiels ou non) se sont lancé des amabilités. Mais en coulisses, « les appétits s’aiguisent », comme le note Marie-Hélène, militante marseillaise bien informée. Les appétits s’aiguisent, les couteaux aussi : Renaud Muselier a défouraillé dans la presse contre le bilan « désastreux » de Jean-Claude Gaudin, « un mauvais maire » qui a fait « deux mandats de trop. »

« Marseille est très mal gérée, certes, mais je ne pense pas qu’on perdra », lance Edwin, qui affiche près de 50 ans de militantisme. Mais attention, prévient ce vétéran de la droite aixoise : « Certains marquent des buts contre leur camp… Il faut que Muselier arrête de salir Gaudin, ça affaiblit toute notre famille politique ! »

Diviser pour mieux régner

Elle a affiché son unité, ce lundi, face à des militants de toute façon convaincus : « Il n’y a pas trop de conflits à mes yeux, même si le dynamisme est dans le camp de Martine [Vassal] », affirme Gabriel. Marie-Hélène reprend : « L’héritage de Gaudin est mi-figue, mi-raisin, mais surtout très lourd, il faut une personnalité à dimension nationale… Ce qui n’est pas le cas des prétendants actuels. »

Il faut, surtout, un poulain soutenu par le patriarche Gaudin, qui pourrait, lui aussi, se convertir en buteur décisif… contre son camp : « Il est en fin de règne… Mais le diviser pour mieux régner, c’est une habitude qui ne se perd pas comme ça », conclut Marie-Hélène.

Le maire de Marseille, premier orateur du meeting européen, ce lundi soir, a fait dans la sobriété : quelques blagues sur des sondages « tout aussi bidons que d’habitude » et une pluie de compliments pour François-Xavier Bellamy, « le meilleur de tous les candidats pour ces européennes. »

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Jean-Claude Gaudin n’a pas dit un mot, bien sûr, de sa succession, sur laquelle il entretient un magistral flou artistique depuis des semaines. Le seul orateur qui a évoqué les municipales, c’est évidemment Bruno Gilles, pour qui les européennes ne sont que « le premier rendez-vous d’une longue course qui nous mènera jusqu’aux élections municipales en 2020. » Un cri a alors retenti dans la salle. Celui d’un fan enamouré : « avec toi, Bruno !!! » Lui n’a récolté qu’une poignée de rires moqueurs. Et aucun applaudissement.