Grand débat national: Coup d'envoi de la restitution ce lundi, avant les annonces de Macron
PAROLES•Le gouvernement amorce ce lundi la délicate phase de sortie du grand débat national, d'abord en présentant les préoccupations variées des participants, puis avec des annonces présidentielles qui se feront un peu attendreLaure Cometti
L'essentiel
- Le gouvernement amorce ce lundi la conclusion du « grand débat national », en présentant des résumés des contributions formulées en ligne, dans les cahiers de doléances, lors des réunions locales, par courrier.
- C’est la première étape avant qu’Edouard Philippe détaille dès mardi devant l’Assemblée, puis mercredi devant le Sénat, « les orientations et la méthode » choisies par le gouvernement pour apporter des réponses aux préoccupations des Français.
- Puis viendra la délicate phase des annonces et mesures concrètes, à partir de la mi-avril, cinq mois après le début du mouvement des « gilets jaunes ».
Le « grand débat national » touche-t-il à sa fin ? Pas tout à fait, mais on s’en approche. Après les deux mois de contributions en ligne, dans les réunions locales et les conférences et les cahiers de doléances, le gouvernement organise ce lundi la présentation de ce qui a été dit et écrit par les 1,5 million de Français y ayant participé, selon le chiffrage du gouvernement.
C’est seulement après cette séquence qu’ Emmanuel Macron, initiateur de cette consultation pensée pour sortir de la crise des « gilets jaunes », fera des annonces.
Une matinée de présentation lundi
Ce lundi, une sorte de résumé des contributions au « grand débat national » sera fait dans la matinée au Grand Palais, à Paris, devant des élus, des ministres, des membres de l’administration et des citoyens. On connaît déjà le programme : les deux membres du gouvernement chargés de piloter la consultation, Emmanuelle Wargon et Sébastien Lecornu, prendront la parole, avant les garants, dont la mission était d’assurer le bon déroulé et l’indépendance du débat.
Puis les entreprises auxquels l’Etat a confié la tâche titanesque d’éplucher les millions de messages présenteront le fruit de leurs travaux. La société de sondages OpinionWay s’est occupée des réponses aux quatre questionnaires en ligne (sur les quatre thèmes : transition écologique, fiscalité, démocratie et organisation de l’Etat).
Les cahiers de doléances, les courriers, les mails et les comptes rendus des réunions publiques locales ont été numérisés si nécessaire par la BNF puis confiés à la société de technologie et de conseil Bluenove (un consortium rassemblant Roland Berger et Cognito). Toutes les contributions n’ont pas pu être analysées mais la présentation de ce lundi résumera 80 % des messages, selon l’équipe du « grand débat national ».
Différents outils d’analyse
OpinionWay a utilisé des outils de comptage statistiques pour les questions fermées ainsi qu’un algorithme pour les questions ouvertes. Les résultats sont rassemblés dans « quatre rapports d’une centaine de pages sur chaque thème du grand débat », préciseLa Croix. Les propositions et les constats sont triés en fonction de leur récurrence.
Bluenove travaille depuis un mois avec des outils différents pour analyser environ 400.000 textes. « On s’est appuyé sur un logiciel d’analyse lexicologique pour identifier les mots et les expressions, comme fraude fiscale par exemple », précise Antoine Brachet, son directeur exécutif. « On a ensuite construit un référentiel compilant les sujets de préoccupations, puis on a pu identifier des thèmes et des sous-thèmes. Les contributions libres ont permis de faire émerger de nombreux autres sujets, hors des quatre thèmes [fixés par l’exécutif] », poursuit-il. Notamment « l’éducation, le pouvoir d’achat, l’économie et l’entreprise, la santé et l’intégration », égrène-t-il. In fine, l’entreprise a identifié 600 propositions formulées par les Français. Avec quel niveau de visibilité ? « Si 400 Français ont porté une proposition, elle a forcément été repérée par nous », indique Antoine Brachet.
Des orientations dès mardi
Après cette présentation qui comportera des vidéos (et peut-être des PowerPoint ?), Edouard Philippe fera un discours, bref, nous précise Matignon. « La star lundi, c’est la parole des Français », insiste le cabinet du Premier ministre. Ce dernier prendra connaissance dimanche des rapports d’OpinionWay et Bluenove, pas avant, selon Matignon. « Il parlera de ce qu’il a vu et entendu, de ce que les Français ont exprimé ». Le chef du gouvernement avait d’ailleurs demandé à ses conseillers d’assister à des débats et de lui faire des notes.
Mardi, Edouard Philippe fera une déclaration à la tribune de l’Assemblée nationale, suivie d’un débat sans vote. Même exercice le lendemain devant le Sénat à majorité de droite. « En plus de revenir sur les remontées du débat, il dira dans quel sens nous souhaitons aller et avec quelles méthodes, annonce Matignon. Mais il n’y aura pas de mesures présentées ».
Cette étape est certainement la plus délicate pour l’exécutif, d’autant que la consultation a fait remonter des préoccupations bien au-delà des quatre champs balisés par le gouvernement. « Il va falloir que la réponse soit puissante et forte, mais aussi collective. On ne peut pas faire de réponse individuelle », prévient Matignon, à l’unisson avec Emmanuel Macron. Le macroniste Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, craignait déjà jeudi que « toute réponse apportée par l’exécutif et le législatif [soit] par avance jugée insuffisante » par les Français.
C’est le président qui se chargera des annonces, au plus tôt à partir de la mi-avril. Elles devraient s’étaler jusqu’à l’été, selon le gouvernement.