SCRUTINDupont-Aignan, sans Poisson, mise sur un «gilet jaune» pour les européennes

Européennes: Nicolas Dupont-Aignan dit non à Jean-Frédéric Poisson et mise sur un «gilet jaune»

SCRUTINEn panne dans les sondages, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan mise notamment sur une figure des « gilets jaunes » et une recrue des Républicains pour reprendre des couleurs, sans le PCD, absent de la liste
Jean- Frederic Poisson et Nicolas Dupont-Aignan lors du lancement des
Jean- Frederic Poisson et Nicolas Dupont-Aignan lors du lancement des  -  Jacques Witt / Sipa/SIPA
20 Minutes avec AFP

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Le scrutin européen les aura finalement séparés. Jean-Frédéric Poisson ne figure pas sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan, présentée ce jeudi lors d’une conférence de presse à Paris. Le président de Debout la France accuse son ancien allié d’avoir tenté de monter une liste concurrente, ce que le président du Parti Chrétien-Démocrate (PCD) dément.

En panne dans les sondages, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan mise notamment sur une figure des « gilets jaunes » et une recrue des Républicains pour reprendre des couleurs, sans le PCD, absent de la liste.

Poisson exclu in extremis de la liste

« Malgré la confirmation écrite de Nicolas Dupont-Aignan, il y a quelques jours, après une période de vives négociations, d’un accord de partenariat où je devais figurer finalement en 5e place et le PCD obtenir une dizaine de candidats (…) Hier soir, à quelques heures de la conférence de presse d’annonce de la liste, Nicolas Dupont-Aignan m’annonce par téléphone que le PCD ne figurera pas sur la liste qu’il mènera aux Européennes », accuse dans un communiqué Jean-Frédéric Poisson, ancien député et candidat à la primaire de la droite.

Le président de Debout La France « démontre aujourd’hui qu’il est finalement revenu à une démarche solitaire, écueil que nous avions pourtant, à l’origine des « Amoureux de la France » identifié comme source de division », déplore-t-il. « Nous étudions toutes les possibilités pour continuer le combat électoral, notamment pour les européennes et les municipales », ajoute-t-il. « Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage. Mais noyer un Poisson est plus difficile », prévient-il dans un entretien au magazine L’Incorrect, proche de l’ex-députée Rassemblement national Marion Maréchal.

Dupont-Aignan accuse Poisson d’avoir monté une liste concurrente

Jean-Frédéric Poisson a cofondé fin 2017 la coalition des « Amoureux de la France » avec DLF et le CNIP (Centre national des indépendants et paysans) en vue des européennes. Le successeur de Christine Boutin à la tête du PCD s’est « exclu de lui-même (…) en voulant faire une liste dans notre dos » avec l’avocate Emmanuelle Gave, a expliqué Nicolas Dupont-Aignan en présentant sa liste à la presse. Jean-Frédéric Poisson a « fermement démenti » sur Twitter. « Le mensonge est confirmé comme étant au cœur du dispositif de Nicolas Dupont-Aignan », a-t-il rétorqué.

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Partisan d’un « programme commun de la droite », il a en outre affirmé à l’AFP que la présence sur la liste, à la 9e place, du « gilet jaune » Benjamin Cauchy était « à double tranchant » : « ça montre notre capacité à entendre les préoccupations des Français. Mais ça peut aussi provoquer des réserves chez nos électeurs commerçants », frappés par les violences de certaines manifestations, selon lui.

Un « gilet jaune » pour relancer Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan a dévoilé en partie sa liste ce jeudi. Le « gilet jaune » Benjamin Cauchy y figure à la 9e place, qui n’est pas éligible en l’état, mais il sera un des porte-parole de la campagne. Approché notamment par LR et le RN, Benjamin Cauchy assure être « complètement synchro » avec M. Dupont-Aignan. Les deux hommes participeront au premier meeting de campagne à Toulouse samedi.

La liste des « Amoureux de la France » du président de Debout la France est en perte de vitesse dans les sondages, créditée de 4,5 % à 5 % d’intentions de vote (voire 3 % selon Elabe mercredi), au lieu de 8 % fin 2018. Cette baisse réduit d’autant à ce stade le nombre de places éligibles et attise les tensions parmi ses soutiens, notamment les petits partis eurosceptiques PCD et CNIP (Centre national des indépendants et paysans).

Une lanceuse d’alerte, des transfuges LR

Outre ces tensions, le président de DLF a peiné à constituer sa liste. La lanceuse d’alerte Stéphanie Gibaud, ancienne cadre d’UBS qui a contribué à la mise au jour d’une fraude fiscale touchant le géant bancaire suisse, occupera la 2e place, mais elle n’était pas la première hypothèse. La prise de guerre devait être l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, Jeannette Bougrab, qui a finalement dit en janvier qu’elle ne voulait plus revenir en politique.

Nicolas Dupont-Aignan a dû ensuite renoncer à la très libérale Emmanuelle Gave, après des tweets à caractère raciste de cette dernière, une « perte » selon le PCD. Son père, le financier Charles Gave, pourtant prêt à apporter près de 2 millions d’euros à la campagne, n’est pas non plus sur la liste.

La troisième marche du podium revient à un fidèle lieutenant, Jean-Philippe Tanguy, un super diplômé originaire des Hauts-de-France, responsable des fédérations chez DLF.

Alors que la liste a perdu 3 points dans les sondages quand les Républicains en gagnaient autant, le président de DLF mise aussi, à la quatrième place, sur une recrue de LR, l’ex-députée de la Moselle Marie-Jo Zimmermann. Celle-ci a quitté LR début mars en mettant en cause « les options concernant les femmes » de François-Xavier Bellamy, tête de liste de ce parti. Elle a dit jeudi partager le souverainisme de DLF dans la lignée des souverainistes historiques Philippe Séguin et Charles Pasqua.

Pas de ralliés RN

La cinquième place revient finalement à Bruno North, président du CNIP, qui voulait « mieux » que la 9e place en apportant un « réseau d’élus ». Il a admis que « l’union est un long chemin, avec des portes claquées, des questions d’ego » mais veut « la faire ensemble » avec DLF.

Les ralliés du RN de l’automne, comme les eurodéputés Bernard Monot et Sylvie Goddyn, ne seront pas candidats, « d’un commun accord », selon Nicolas Dupont-Aignan, ce qui « ne remet pas en cause la qualité des joueurs ».

Ancien allié de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, M. Dupont-Aignan a choisi de faire cavalier seul au scrutin du 26 mai, malgré l’appel à une liste commune lancée par la présidente du RN. Refusant « d’enfermer » les électeurs « dans un faux duel » entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, il défend « une Europe des Nations et des projets, la seule qui peut marcher ».