VENTELa privatisation des Aéroports de Paris aura du mal à passer au Sénat

La privatisation des Aéroports de Paris aura du mal à passer au Sénat

VENTEUne alliance LR-gauche s’oppose à la cession des actifs aéroportuaires
G. N. avec AFP

G. N. avec AFP

Le gouvernement va devoir affronter un front insolite au Sénat sur le projet de privatisation d’Aéroports de Paris (ADP). Une majorité de sénateurs Les Républicains y est opposée, comme la gauche. Le Sénat entame ce mardi la seconde semaine d’examen en première lecture du projet de loi dit Pacte sur la croissance et la transformation des entreprises, avec au programme, vraisemblablement à partir de la fin d’après-midi, le volet sur les cessions d’actifs concernant trois emblèmes nationaux : ADP, La Française des Jeux (FDJ) et Engie.

En commission, les sénateurs ont déjà supprimé du texte celle de la FDJ et amendé celle d’Engie. Mais sur le cas d’ADP, qui divise la majorité sénatoriale, la commission a préféré laisser le débat se dérouler en séance. Et il promet d’être houleux. L’Etat était jusqu’ici tenu de conserver la majorité des parts du groupe ADP. Le projet de loi Pacte lui permettra, une fois adopté, de procéder à la vente au privé de tout ou partie des actifs qu’il détient dans le groupe aéroportuaire, soit 50,63 % des parts représentant quelque 9,5 milliards d’euros.

On braderait « les bijoux de famille »

Bruno Retailleau, le chef de file du groupe Les Républicains, qui compte le plus grand nombre de sénateurs, a annoncé la couleur : « Nous allons nous opposer à la privatisation d’ADP ». LR défendra ainsi des amendements de suppression de la mesure, à l’unisson des socialistes et du groupe CRCE à majorité communiste.

Echaudés par les précédents des sociétés d’autoroutes ou de l’aéroport de Toulouse, les uns et les autres brandissent différents arguments : on braderait « les bijoux de famille », la sécurité pourrait être menacée, Air France pâtirait de l’opération… Les centristes, alliés de LR dans la majorité sénatoriale, sont eux plutôt partisans d’aménager le texte, de façon à obtenir des garanties supplémentaires pour protéger les intérêts de l'Etat​.

La privatisation doit permettre à ADP de « s’inscrire dans cette transformation et dans cette croissance d’entreprise », a plaidé mardi matin la présidente centriste de la commission spéciale, Catherine Fournier, au micro de Public Sénat. Les cessions d’actifs doivent contribuer à alimenter un fonds de 10 milliards d’euros destiné à financer l’innovation.