Marseille: L'ombre des PPP contestés des écoles plane sur le conseil municipal
POLITIQUE•A Marseille, le dossier des PPP des écoles sera le grand absent du conseil municipal, alors que la contestation gagne en intensitéMathilde Ceilles
L'essentiel
- A Marseille, la mairie a décidé de financer une trentaine d’écoles primaires via un partenariat public-privé.
- La question, attendue ce lundi au conseil municipal, sera finalement absente de l’ordre du jour.
- Ce projet de PPP se retrouve fragilisé, notamment par une possible annulation par le tribunal administratif.
Le rendez-vous est donné à 7 h 30 ce lundi, devant le conseil municipal qui s’ouvrira quelques minutes plus tard. Le collectif Marseille contre les PPP appelle à un rassemblement contre un projet phare de Jean-Claude Gaudin : celui de rénover une trentaine d’écoles primaires via un partenariat public-privé (PPP). Le principe ? La municipalité confie la totalité du projet, du financement à la construction, à des entreprises privées. La ville versera ensuite des loyers, d’environ 41 millions d’euros par an pendant 25 ans.
Le nom du lauréat de l’appel d’offres aurait dû être donné lors du conseil municipal du 10 décembre. Mais c’était avant l’effondrement de plusieurs immeubles rue d’Aubagne, dans lequel huit personnes ont trouvé la mort. La question était donc reportée à un prochain conseil, et le collectif anti PPP a lancé cette mobilisation ce lundi, devant l’espace Bargemon, là même où les élus vont se retrouver.
« On ne s’attendait pas à ça »
Or, surprise, ce lundi, point de PPP à l’ordre du jour. « Cinq candidats ont présenté une offre pour une première tranche de 14 écoles, confie Yves Moraine, président du groupe de la majorité LR au conseil municipal. D’ici fin 2019, début 2020, le conseil municipal votera l’attribution du marché de cette première phase. Il n’a jamais été question d’un vote ce lundi, et cela était prévu avant le tribunal administratif. »
La semaine dernière, à l’occasion d’un recours déposé devant le tribunal administratif, la rapporteure publique Lison Rigaud a demandé l’annulation de la délibération du conseil municipal qui avait adopté ce plan des PPP en octobre 2017. « Pour tout vous dire, on ne s’attendait pas à ça », confesse Yves Moraine.
« Il faut arrêter les frais »
De quoi fragiliser un peu plus ce plan à un milliard d’euros déjà critiqué, y compris sur les bancs de la majorité de Jean-Claude Gaudin. Lors de ses vœux à la presse, début janvier, Bruno Gilles, seul candidat LR déclaré à la succession du maire de Marseille, a fait part de ses réserves sur ce dossier. De plus, une pétition lancée par deux élus de l’opposition a recueilli à ce jour plus de 11.000 signatures
« Cela fait deux ans qu’on leur dit que la procédure du PPP est la plus fragile, explique Benoît Payan, chef de file des socialistes au conseil municipal et à l’origine de cette pétition. Politiquement, maintenant, il faut arrêter les frais. Ce n’est pas tenable. Les Marseillais se sont emparés de la question. Le spectre du collectif contre le PPP est d’une telle largeur qu’il fait trembler la majorité. »
Décision prévue le 12 février
« Je pense qu’ils sont très embêtés de voir que le collectif n’est pas qu’une bande d’agitateurs, affirme Pierre-Marie Ganozzi, secrétaire départemental de la FSU et membre du collectif anti-PPP. Et puis, il y a désormais le tribunal administratif qui est un deuxième caillou dans la chaussure. Examiner les PPP en 2020, ça veut dire faire prendre beaucoup de retard dans la rénovation des écoles marseillaises. Or, il y a urgence, une urgence mise en avant depuis des années ! »
En fin de semaine, la ville de Marseille a transmis au tribunal administratif, par la voix de son avocat, une note en délibéré afin de répondre à la position exprimée par la rapporteure publique. A défaut d’être examinée sur le plan politique, la question des PPP sera tranchée par la justice le 12 février, bien que la ville prévoie de faire appel si le tribunal suit la rapporteure.