DEBATA Saint-Didier, la salle des fêtes accueille un débat national géant

Grand débat national: «On a tous de bonnes idées, non?», 250 personnes se réunissent dans le Vaucluse pour améliorer le quotidien

DEBATAdrien Morenas, député LREM de Carpentras, ancien fief de Marion Maréchal Le Pen, organisait un débat dans la petite commune de Saint-Didier, dans le Vaucluse
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Le député de Carpentras Adrien Morenas organisait un grand débat national à Saint-Didier dans le Vaucluse.
  • Près de 250 personnes se sont réunies pour formuler des propositions par petits groupes pour améliorer la vie quotidienne.
  • Plusieurs « gilets jaunes » étaient présents.

«Il vaut mieux qu’on mette peut-être les tables en rond, non ? » La scène est inédite. La quinzaine de personnes autour de la table, grisonnantes ou non, homme, femme, ne se connaissait pas il y a une dizaine de minutes. Les voilà qui déplacent chaises et tables pour discuter pendant 45 minutes. Comme les 200 autres personnes réunies dans la salle des fêtes de Saint-Didier, dans le Vaucluse, ces citoyens sont invités à formuler des propositions pour améliorer le quotidien des Français en matière de chauffage, logement et transport.

L’initiative est portée par le député de secteur et enfant du pays, Adrien Morenas, dans le cadre du grand débat national. Elu LREM, il est le suppléant de Brune Poirson, actuelle secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire. Le jeune député occupe le siège jadis attribué à Marion Maréchal Le Pen, sur une terre où l’extrême droite a enregistré d’importants scores lors des précédentes élections.

Tirage au sort

Ce vendredi, chaque participant se voit attribuer un numéro de table tiré au sort. Il doit ensuite discuter pendant une heure, avant que le rapporteur désigné par le groupe expose au député la série de propositions. « On a tous de bonnes idées, non ?, s’amuse Anne-Marie. Ça fait cinquante ans que j’attends un débat, donc je suis venue. »

Ici ou là, des participants ont revêtu leurs gilets jaunes. Le mouvement est en effet particulièrement actif depuis le début dans le secteur. Et malgré les divergences de situations, les constats sont vite partagés. « Pour avoir un emploi, ici, il faut une voiture, et pour avoir une voiture, il faut un emploi », se désole celui-ci. Le secteur est en effet rural, à des kilomètres d’Avignon. « Il faut des transports en commun gratuits. Et il faut les développer ici. Pour aller de Carpentras à Avignon, c’est moins cher à deux en voiture qu’en train ! » « Des étudiants ont déjà foiré leurs examens à cause des bus ici qui ne sont pas à l’heure ! »

« Ce qu’il faut, ce sont des emplois »

« Ce qu’il faut, c’est des emplois, et de l’argent », s’agace un sexagénaire. « Il est très difficile de se loger, notamment pour les jeunes, qui ne trouvent pas d’appartements dans le secteur. Il y a les cautions, il y a des aides mais on ne les connaît pas toujours. » Le Vaucluse fait partie des départements les plus pauvres de France. « Qu’est-ce qu’on peut faire ? », demande la modératrice. « Il faut que les politiques se battent pour nos emplois ! », répond l’un. « On pourrait indexer le loyer sur les revenus sous forme par exemple de crédits d’impôt », suggère l’autre.

Alors que le ton était jusqu’ici calme, les échanges se durcissent dès lors que les participants sont invités à interroger le député. « La hausse de la CSG pour les retraités a été votée par 53 députés, lance Alain, un gilet jaune sur le dos. Et vous, où étiez-vous ce jour-là ? » « Je remercie les "gilets jaunes", car sans eux, on n’aurait pas eu cette concertation, tacle un de ses voisins, chaudement applaudi. Nous, à partir du 15 du mois, mon compte est à la quinzaine d’euros près, pendant que là-haut, vous brassez des milliards ! »

Tel Emmanuel Macron devant les maires, Adrien Morenas prend les coups et tente de convaincre. « Je gagne très bien ma vie, concède le député. Mon salaire est public, il est de 5700 euros net par mois. Mais j’ai eu une vie avant d’être député, et ceux ici savent très bien que je n’oublie pas d’où je viens. » Un débat sous cette même forme est prévu au mois de février dans une commune voisine.