REPORTAGEPorté par les «gilets jaunes», le RN lance sa campagne européenne

«Gilets jaunes»: Le Rassemblement national veut «transformer la colère en espérance» lors des européennes

REPORTAGEPorté par le mouvement des « gilets jaunes », le Rassemblement national lançait sa campagne des européennes ce dimanche à Paris…
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Le Rassemblement national est en progression dans les sondages depuis le début de la crise.
  • Le mouvement des « gilets jaunes » était présent chez tous les participants au lancement de campagne des européennes.
  • Les frontistes se défendent de toute récupération politique.

Ce qui frappe, c’est l’absence d’une couleur. Le bleu-blanc-rouge est bien là, sur les drapeaux. Mais le jaune ? Dans les travées de la Mutualité à Paris, aucun militant du Rassemblement national n’arbore le fameux gilet, devenu le symbole du mouvement de contestation, que le parti soutient pourtant depuis l’origine.

Un journaliste nous renseigne : le DPS, service d’ordre du RN, a demandé à l’entrée à une dizaine de sympathisants d’enlever l’habit coloré. « Je ne suis pas au courant », balaie l’entourage de Marine Le Pen. Un membre de la sécurité se montre plus loquace et confirme la consigne : « Les gilets jaunes, c’était hier. Aujourd’hui, c’est le lancement des européennes. Vous avez vu des drapeaux RN dans les manifs ? Non, bah ici, c’est pareil. Chaque chose à sa place. On ne veut pas être accusés de récupération ».

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Du jaune dans toutes les bouches

Au lendemain de l’acte IX des manifestations, le Rassemblement national lance sa campagne européenne avec ce défi : porter la colère des « gilets jaunes » en gardant une certaine distance, et ainsi éviter les critiques. « On ne cherche pas à s’accaparer ce mouvement, qui est d’ailleurs non partisan. Mais nous sommes là pour apporter des solutions à la colère qui s’exprime contre la politique d’Emmanuel Macron, à l’échelle nationale et européenne », glisse l’eurodéputé Nicolas Bay.

Aucun représentant du mouvement sur la liste européenne donc, mais à la tribune, le jaune est dans toutes les bouches. « Quelle belle leçon sont en train de donner les gilets jaunes, héros anonymes de cette France qui ne veut pas disparaître et relève la tête », lance l’ancien ministre sarkozyste Thierry Mariani, récent transfuge. « Nous allons donner un nom à la colère des gilets jaunes qui monte, (…) c’est le vote », abonde l’essayiste Hervé Juvin, également sur la liste conduite par le jeune porte-parole du RN Jordan Bardella, très offensif sur scène : « Les ronds points sont devenus les nouvelles agoras. Cette irruption du peuple fait peur à certains, pas à nous […] Nous avons quatre mois pour transformer la colère en espérance, la révolte populaire en révolution du bon sens ».

Une campagne auprès de la « France des oubliés »

Marine Le Pen va plus loin, en ciblant le président. « Le principal responsable de la situation c’est lui. Il est incapable de ramener l’ordre, mais crée la discorde et peut-être demain le chaos […] Si Emmanuel Macron n’a pas la sagesse de changer de politique [ou] de se tourner à nouveau vers le peuple par une dissolution […] alors l’arbitrage démocratique devra venir des élections européennes ».

La présidente, acclamée par ses soutiens, poursuit : « Dans le contexte de la saine révolte des gilets jaunes », ces élections seront « l’occasion de dénouer la crise politique née de l’aveuglement, de l’intransigeance, du mépris de classe, de la spoliation fiscale et de la déconnexion humaine d’un président, dérangeant dans ses attitudes, inquiétant dans ses comportements, incompétent dans ses fonctions ».

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Pour parler à cette « France des oubliés », Marine Le Pen a prévu « une campagne de proximité », avec plusieurs meetings de taille modeste. Elle sait que son parti progresse dans les sondages depuis le début du mouvement, largement soutenu par ses militants. Marie, 53 ans, confirme. « Ça ne se voit pas aujourd’hui car on voulait éviter les critiques de récupération, mais dans la salle, on est beaucoup à être des gilets jaunes ». Elle nous montre le sien. « Je l’ai toujours sur moi, je me dis que ça peut servir ». Ce dimanche, il reste au fond du sac.